Le ménage de votre portefeuille s'impose d'ici le 24 décembre pour matérialiser les pertes en capital subies sur des titres perdants détenus hors REER et hors CELI. Si certains d'entre eux pourraient vous permettre de réduire votre facture fiscale, d'autres devraient être conservés et même achetés. Tour d'horizon de titres populaires ayant faibli en cours d'année.À vendre, quelques candidats¹...
AGF Management (Tor., AGF.B, 9,96 $) - 24,9 %
Le gestionnaire de fonds communs de placement AGF est victime d'une concurrence sectorielle féroce et de la popularité des fonds négociés en Bourse. Marc L'Écuyer, gestionnaire de portefeuille chez Cote 100, doute d'assister à une éventuelle embellie boursière. «L'entreprise soulignait récemment une amélioration de la décroissance de ses actifs, mais la tendance demeure néanmoins à la baisse», dit-il. La société tente de limiter la fuite de capitaux de ses fonds communs de placement, alors que plus de la moitié des nouvelles ventes de l'industrie proviennent du réseau des six grandes banques canadiennes. D'autres vents contraires soufflent sur le secteur : le débat sur la suppression envisagée des commissions de suivi bat toujours son plein, et une plus grande transparence sur les frais payés par les investisseurs sera désormais de mise. La firme Canaccord Genuity recommande la vente du titre. «AGF est bien gérée, et le rendement de 10,4 % du dividende permet à l'investisseur de patienter», indique cependant de son côté François Têtu, vice-président et conseiller en placement chez Valeurs mobilières Desjardins.
Barrick Gold (Tor., ABX, 13,54 $) - 27,6 %
Bien difficile de justifier les fondamentaux qui soutiennent actuellement les titres du secteur aurifère et le prix du métal jaune. Barrick Gold s'affaire à optimiser l'utilisation de son capital et souhaite abaisser son niveau d'endettement élevé. François Têtu n'est pas impressionné par les radiations comptables de 13 milliards de dollars effectuées par la société depuis 2013. Selon lui, de meilleures occasions d'investissement existent dans d'autres secteurs. La Caisse de dépôt et placement du Québec semble tenir le même raisonnement : au troisième trimestre, elle a éliminé 60 % de sa position dans le titre. Une consolation : les analystes de Valeurs mobilières TD recommandent de conserver le titre, avec une cible de 16 $.
Yamana Gold (Tor., YRI, 4,13 $) - 54,9 %
Yamana Gold a dévoilé une perte de 1,17 $ US par action à son troisième trimestre, par rapport à un bénéfice de 0,06 $ US un an plus tôt. «Le secteur aurifère subit les contrecoups du prix à la baisse des commodités. Certains producteurs pourraient éventuellement avoir de la difficulté à produire l'once d'or avec profit, et des fermetures de mines pourraient alors survenir», souligne François Têtu. D'un sommet de 1 900 $ US enregistré à l'automne 2011, le prix de l'once d'or peine à se maintenir à 1 150 $ US. La vigueur de l'économie américaine et la montée vertigineuse du billet vert pourraient accentuer la chute du cours de l'or. Les analystes de Valeurs mobilières Dundee recommandent la vente du titre, avec une cible à 3,75 $.
1Le pourcentage pour chaque titre représente la variation du titre depuis le début de l’année, au 28 novembre 2014.
À acheter, avec parcimonie...
Aimia (Tor., AIM, 14,51 $) - 25,6 %
La société de cartes de fidélité Aimia exploite le programme de fidélisation Aéroplan au Canada, en plus de détenir des participations dans Air Miles Moyen-Orient, Travel Club en Espagne, Club Premier au Mexique et China Rewards en Chine. François Têtu, vice-président et conseiller en placement chez Valeurs mobilières Desjardins, et Marc L'Écuyer, gestionnaire de portefeuille chez Cote 100, apprécient le modèle de gestion de l'entreprise montréalaise, «qui s'appuie sur des revenus récurrents, des contrats à long terme et peu d'investissements», disent-ils. Si le dividende rassure avec un rendement d'environ 4,95 %, l'exercice d'un plus grand nombre de points accumulés par les détenteurs et des modifications au programme d'Air Canada viendront peser sur les résultats en 2015.
Canam (Tor., CAM, 10,06 $) - 26,1 %
Keith Farrant, gestionnaire de portefeuille chez Claret, souligne que les résultats du fabricant de poutrelles d'acier de Saint-Georges s'amélioreront avec le renforcement de l'économie. «Le titre le plus intéressant de votre liste», ajoute-t-il. La cible moyenne des six analystes qui suivent se situe à 14,80 $ et laisse présager un rendement potentiel de plus de 40 % sur le cours actuel. «Les analystes semblent un peu trop optimistes à l'égard de ce titre», tempère quant à lui Marc l'Écuyer, qui croit qu'un recul supplémentaire n'est pas à exclure, vu le caractère cyclique des activités et l'incertitude entourant la croissance économique. Le carnet de commandes de Canam demeure robuste, à 1,1 milliard de dollars. Il inclut le récent contrat pour la construction du stade des Falcons d'Atlanta de la Ligue nationale de football.
Corus Entertainment (Tor., CJR.B, 21,70 $) - 15,6 %
C'est le titre préféré de la liste de Marc L'Écuyer. «Malgré la concurrence d'un service comme Netflix, il y aura toujours de la place pour la télévision traditionnelle et les chaînes spécialisées», dit-il. Les plus récentes cibles des analystes varient de 23 $ à 26 $ et représentent un rendement potentiel oscillant entre 5 % et 18 %, en sus du dividende qui assure un rendement annuel additionnel de 4,9 %. «L'évaluation actuelle est raisonnable, beaucoup de mauvaises nouvelles semblent être déjà anticipées par le marché au cours actuel», résume-t-il.
Husky Energy (Tor., HSE, 24,18 $) - 28,2 %
François Têtu a profité de la baisse récente de certains titres pétroliers pour faire quelques emplettes. Dans le secteur pétrolier, il accorde sa préférence à Canadian Natural Resources et à Crescent Point Energy. Un dividende de plus de 4,3 %, un ratio cours/bénéfice de 11 pour la prochaine année, un titre qui s'échange tout près de son bas annuel et un consensus des analystes pour l'achat incitent à la prudence avant de larguer Husky Energy. RBC Marchés des Capitaux y appose même une recommandation «surperformance» et une cible à 39 $. Le prix de l'or noir - le Brent du Nord - flirte actuellement avec une valeur d'environ 70 $ US le baril, non sans avoir atteint 150 $ US le baril en juillet 2008.
Transat (Tor., TRZ.B, 9,08 $) - 28,1 %
Malgré la concurrence féroce qui prévaut dans le secteur - Air Canada et WestJet ajoutent de la capacité à leur offre de service -, Keith Farrant souligne que les fondamentaux de l'industrie du transport aérien restent favorables actuellement. «Mon deuxième choix dans cette liste, après Canam», dit-il. Le fort repli du baril de pétrole se traduira en argent sonnant pour les actionnaires de la société montréalaise. «La réduction des coûts se reflètera directement sur l'état des résultats des prochains trimestres», explique-t-il. L'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, considère que le risque à la baisse reste faible au cours actuel. Sa cible de 10,50 $ laisse présager un rendement potentiel de 20 %.
À conserver, au cas où...
Bombardier (Tor., BBD.B, 4,36 $) - 5,4 %
Difficile de savoir si le titre du géant montréalais retrouvera un peu d'altitude. Fait encourageant, l'analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, anticipe l'entrée en service de l'avion CS100 en octobre 2015. François Têtu aimerait voir des changements à la structure d'actionnariat actuelle. Il souhaiterait également voir le titre se négocier sur une Bourse majeure comme le New York Stock Exchange. «Le fait d'attirer des investisseurs américains pourrait stimuler le titre», estime-t-il. Marc L'Écuyer n'ose pas acheter, puisqu'il considère que les risques - endettement important, retard du CSeries et déficit du régime de retraite - dépassent son potentiel haussier. «Par contre, au cours actuel, l'investisseur obtient gratuitement la division aéronautique, puisque la division du transport vaut près de 4 $ à elle seule», dit-il.
Groupe GLV (Tor., GLV.A, 1,93 $ ) - 56,2 %
Le Groupe GLV - prochainement rebaptisé Ovivo - a récemment vendu sa division de pâtes et papiers à la famille Verreault pour se concentrer sur le traitement de l'eau. En perdant les précieux flux de trésorerie de la division en question, et sans nouvel éclairage sur les possibilités d'acquisition à bon prix dans le domaine du traitement de l'eau, mieux vaut conserver ses billes le temps d'y voir plus clair. De l'avis des gestionnaires consultés, le risque additionnel à la baisse serait cependant limité.
TransAlta Corp. (Tor., TA, 11,14 $) - 17,4 %
Le producteur d'énergie de Calgary pourrait pâtir davantage d'une hausse des taux d'intérêt que d'autres producteurs d'électricité plus solides tels que Canadian Utilities et Fortis. François Têtu souligne que l'entreprise émet beaucoup d'actions par l'intermédiaire de son programme avantageux de réinvestissement des dividendes, ce qui entraîne une dilution pour l'ensemble des actionnaires. Valeurs mobilières TD et Marchés mondiaux CIBC ont apposé le 31 octobre une cible de 12 $ et 11 $ sur le titre. Le dividende - malgré la réduction du mois d'avril - procure un rendement annuel de 6,25 %.
Yellow MÉdia (Tor., Y, 20,75 $) + 0,9 %
Au troisième trimestre, le bénéfice net, les revenus, les flux de trésorerie disponibles et le nombre de clients de l'entreprise montréalaise sont en baisse par rapport à 2013. L'analyste Aravinda Galappatthige, de Canaccord Genuity, qualifie néanmoins ces résultats «d'encourageants». Il appose une cible de 30 $ sur le titre et considère que la société est en avance sur ses concurrents en ce qui concerne la transition vers le numérique. Ce vecteur de croissance représente d'ailleurs désormais 52 % des revenus de Yellow Média. «Dans la liste des titres présentés, et après Corus et Aimia, celui-ci vaut la peine d'être étudié davantage. C'est un modèle d'entreprise que j'apprécie», dit Marc L'Écuyer, qui rappelle cependant que des risques opérationnels subsistent.
Investir : quatre conseils fiscaux de fin d'année
1 Vendre un titre perdant pour déclencher une perte fiscale
Si vous êtes d'avis qu'un titre boursier risque d'être dans le rouge encore longtemps, vendez-le ! Il devient alors fiscalement déductible d'un gain en capital réalisé sur d'autres positions de votre portefeuille non enregistré. Cette perte en capital peut être appliquée aux trois années précédentes ou à l'année en cours. La transaction doit cependant être effectuée d'ici le 24 décembre 2014. La perte peut aussi être reportée indéfiniment pour compenser les gains en capital d'années ultérieures. Attention ! Ne rachetez pas le même titre dans les 30 jours qui suivent la vente afin de respecter la réglementation canadienne sur les pertes apparentes.
2 Utiliser le CELI de façon stratégique
Le compte d'épargne libre d'impôt (CELI) propose un espace cumulatif de 31 000 $ actuellement pour faire croître vos épargnes à l'abri de l'impôt. À défaut de pouvoir y injecter de l'argent frais, vous pourriez envisager un transfert en biens d'un compte non enregistré vers celui-ci. Si vous prévoyez y retirer des fonds prochainement, effectuez le retrait avant le 31 décembre 2014. Vous pourrez ainsi verser de nouveau ce même montant au régime à compter du 1er janvier 2015, en sus du montant annuel autorisé pour 2015 et dans le respect du plafond cumulatif en vigueur.
3 Ne pas négliger le REEE, même tardivement !
Si votre enfant a atteint l'âge de 15 ans en 2014 et n'a jamais été bénéficiaire d'un régime enregistré d'épargne-études (REEE), vous ne pourrez demander la subvention canadienne pour l'épargne-études (SCEE) dans les années à venir, à moins d'avoir versé une cotisation de 2 000 $ d'ici la fin de l'année. «Cotisez d'ici le 31 décembre 2014 pour recevoir la SCEE de l'année en cours et devenir admissible à la SCEE pour 2015 et 2016 !» suggérait dans son plus récent rapport Jamie Golombek, expert en planification fiscale et successorale à la Banque CIBC.
4 S'offrir une douce transition vers le FERR !
Vous avez franchi le cap des 71 ans en 2014 ? Vous devez donc faire vos dernières cotisations REER avant le 31 décembre, puisque celui-ci sera ensuite transféré dans un fonds enregistré de revenu de retraite (FERR). Si votre conjoint est plus jeune, utilisez vos droits de cotisation restants pour verser des sommes dans un REER de conjoint jusqu'à la fin de l'année où votre douce moitié atteindra à son tour l'âge de 71 ans.