Peu de secteurs sont aussi porteurs pour l'environnement que les technologies propres. Bonne nouvelle, la grappe québécoise s'organise et certaines technologies sont rendues au marché.
Ecotech Québec, la grappe industrielle des technologies propres constituée il y a moins d'un an, est à pied d'oeuvre pour faire du Québec un pôle d'excellence en Amérique du Nord et dans le monde.
Le secteur des technologies propres (ou vertes), en émergence, a plusieurs défis à relever pour que le Québec réussisse son virage vers une économie verte. Denis Leclerc, ancien vice-président au développement durable chez AbitibiBowater et pdg d'Ecotech Québec, répond à nos questions.
L.A. - Technologies du développement durable Canada (TDDC) a recensé 95 entreprises dans l'industrie québécoise des technologies propres. Selon d'autres sources, il y en aurait plus de 1 000. Qu'en est-il ?
D.L. - TDDC s'est limitée aux entreprises détenant des brevets, mais on peut avoir la propriété d'une innovation ou d'un savoir-faire sans détenir de brevets. Dans d'autres bases de données, on compte aussi des distributeurs, des bureaux d'ingénieurs et divers cabinets conseils. Si on épure toute cette information, on arrive à un nombre qui, pour le moment, nous est inconnu. Nous travaillons actuellement à dresser un portrait le plus fidèle possible du secteur au Québec. Pour nous, une technologie propre provient d'une innovation qui a une incidence sur l'écologie en réduisant l'empreinte écologique d'une activité et sur l'économie, parce qu'elle procure à son utilisateur un avantage concurrentiel.
Une technologie environnementale a pour but de régler un problème de pollution mais elle ne présente pas nécessairement un avantage concurrentiel. Une technologie propre doit permettre à son utilisateur de réduire ses coûts d'exploitation ou de mieux positionner son produit sur le marché. Une technologie environnementale, c'est comme une dépense; une technologie propre, c'est davantage un investissement. Dans Ecotech, il y a éco pour écologie et économie.
L.A. - L'un des constats du rapport de TDDC, en juin 2010, a trait à la petite taille de nos entreprises : la majorité ne réalise pas 5 milllions de chiffre d'affaires. Doit-on s'attendre à une consolidation ?
D.L. - Le rapport nous dit que les entreprises qui réussissent mettent plus d'efforts dans la commercialisation. Il faut trouver des façons de sortir l'innovation des ordinateurs et de la mettre rapidement en application. Des entreprises peuvent rester petites tout en jouant un rôle important sur le marché. On peut atteindre une masse critique par des alliances, des partenariats ou des fusions et acquérir des avantages que l'entreprise n'obtiendrait pas autrement.
L.A. - Est-il pressant d'agir ?
D.L - Oui. Il y a un sentiment d'urgence, parce que nous sentons les autres courir. La crise financière a accéléré le virage vers l'économie verte. La plupart des pays qui ont instauré des programmes de relance ont consacré des sommes importantes à l'économie verte. Nous avons l'occasion de nous démarquer. Le Québec pourrait devenir un acheteur de technologies propres, mais il pourrait aussi être un innovateur.
En effet, il possède des atouts : 2 % des forêts du monde et un sous-sol riche en ressources. Il a aussi de grandes entreprises, en aluminerie par exemple, ou en aérospatiale et en technologies de l'information, des secteurs essentiels au développement des technologies propres. En tenant compte de nos avantages, nous serons en mesure de déterminer les filières environnementales qui ont un potentiel de croissance. Si nous profitons du maillage de tous ces atouts, nous ferons notre niche.