De son bureau, Patrick Mainville à une vue imprenable sur le parc Jean-Duceppe. « Le parc s'est épanoui sous nos yeux. En terme de qualité de vie, pour notre équipe, cela s’améliore sans cesse », dit le coprésident d'Alto Design, une firme de consultants en design industriel et en génie mécanique de 25 employés installée dans le Technopôle Angus depuis 2000. Pour lui, quitter ce lieu ne constitue même pas une option. « On sent que c'est dynamique et vivant. Et on n'a même pas vu l'aboutissement du projet encore ! »
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À un jet de pierre, un nouvel espace viendra bientôt compléter le tableau : une première place publique, qui sera inaugurée le 16 septembre, au coeur de ce parc d'entreprises développé depuis les années 1990 pour revitaliser les friches industrielles du quartier Rosemont.
En juillet dernier, une franchise des pâtisseries Mamie Clafoutis a ouvert ses portes devant cette place publique. La chaîne a été approchée par la Société de développement Angus (SDA), qui cherchait de nouveaux services de proximité pour stimuler la vie du quartier. De nombreuses démarches ont été nécessaires pendant plus d'un an pour obtenir, auprès de l'arrondissement Rosemont-Petite-Patrie, les permis nécessaires à l'implantation du commerce sur les lieux. Comme il était considéré comme une épicerie, on lui refusait de construire une terrasse.
Malgré ce « parcours du combattant », Vincent Chauleur, propriétaire franchisé, a persisté et signé. Ce qui l'attirait tant à cet endroit ? « Le quartier se développe beaucoup, autant en habitations qu'en bureaux, et il n'y avait pas beaucoup de services de proximité. C'est vraiment un bon endroit pour nous, avec la bonne clientèle », dit-il, attablé dans son café. Il remarque déjà la présence de familles le matin et le soir, et elles pourraient être bientôt être plus nombreuses à traverser la porte de son commerce en raison du projet de construction résidentielle qui s’annonce sur le site.
Le Technopôle Angus illustre l’évolution des parcs industriels, qui traversent une période charnière. À l'aune des nouvelles attentes des employeurs et de leurs employés en matière de développement durable et de qualité de vie, les promoteurs revoient leur façon de les aménager et de les animer.
Les parcs existants tentent de se requalifier, tandis que de nouveaux sont créés pour offrir un milieu de vie plus vert et plus convivial afin d'améliorer leur pouvoir d’attraction. La tendance s'est amorcée depuis une dizaine d'années en Europe et elle commence timidement à se matérialiser au Québec, à l’heure où recruter de la main-d’œuvre qualifiée est devenu une préoccupation pour bon nombre d’entreprises.
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Un parc animé après les heures de bureau
La place publique à venir ne constitue que le début de la deuxième phase de développement du Technopôle Angus. Ce projet de 265 millions de dollars de la SDA prévoit la construction de six édifices résidentiels qui comprendront près de 300 unités de logements. Si la construction de bâtiments destinés à accueillir des entreprises demeure sujette au marché et au bassin de locataires intéressés, celui des habitations devrait aller de l'avant dès 2016.
Le but ? Dans un premier temps, apporter au parc d'entreprises la vitalité d'un quartier résidentiel. « Pour qu’un milieu de vie continue à être animé après 17h, il faut garder du monde sur place après les heures de bureau», exprime Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la SDA, qui admet que le site est actuellement déserté dès le début de la soirée.
Les logements construits seront, dans un premier temps, accordés en priorité aux 2300 employés qui travaillent sur le site et souhaiteraient habiter à quelques pas de leur emploi. La SDA, en partenariat avec la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM), mettra en place un programme pour offrir des logements de plus de mille pieds carrés à un coût inférieur au prix courant dans le quartier afin de permettre à la classe moyenne d'accéder plus facilement à la propriété.
Se chauffer avec l’énergie des entreprises
L'arrivée d'un espace résidentiel constitue aussi un moyen pour la SDA de répondre aux objectifs écologiques qu'elle poursuit depuis sa fondation. Une boucle énergétique sera déployée pour favoriser un échange de chaleur entre les bâtiments des entreprises et les logements du site. « Nos bâtiments commerciaux génèrent un surplus d'énergie. En ce moment, il est envoyé dans les cheminées et contribue à générer des gaz à effet de serre », explique M. Yaccarini. Comment récupérer cette énergie ? Les résidences sont apparues comme une solution. « Les deux ne fonctionnent pas sur les mêmes réseaux horaires, souligne-t-il. On captera l'énergie des édifices commerciaux le jour et on le transferera aux édifices résidentiels le soir. »
Un tel projet contribuera à attirer des entreprises sur le site, estime M. Yaccarini «De plus en plus souvent, pour les contrats internationaux, on demande le bilan énergétique des fournisseurs. Ce sera bientôt la même chose pour les contrats plus locaux », croit-il.
Pour ce projet, le développement du Technopôle Angus a temporairement été ralenti pour mener un grand chantier de réflexion. Durant une quinzaine de mois, cette démarche a réuni 17 intervenants issus de divers domaines, dont des architectes-paysagistes, des ingénieurs civils et mécaniques, des entrepreneurs et des architectes en bâtiment. « On s'est payé ce luxe de prendre un temps d'arrêt pour bien planifier le développement », résume M. Yaccarini
Un Plan d'aménagement du Technopôle Angus pour la phase 2 a été ainsi élaboré. « Cette petite bible nous a coûté 1,2 M $», affirme M. Yaccarini en désignant le volumineux document déposé devant lui. Ce plan étudie tous les potentiels réalistes et avantageux d'aménagement : orientation des bâtiments en fonction du soleil, percées visuelles, effets de vents, réutilisation des surplus de neige, inclinaison des rues, jusqu’aux plantes qu'il serait pertinent de faire pousser pour avoir un bassin de rétention... Aucun plan d'aménagement de la sorte n'avait été réalisé pour la phase 1. Dans les projections, une avenue piétonne bordée de services de proximité traversera le quadrilatère en friche cerné des rues Molson, William Tremblay, Augustin Frigon et Mont-Royal. De quoi contribuer à faire du site un milieu débordant de vie à toute heure de la journée.
Superficie de la phase 2 :
- 450 000 pieds carrés pour des bureaux
- 32 000 pieds carrés de commerce de proximité
- Superficie totale du Technopôle Angus : 185 806 mètres carrés (2 millions de pieds carrés)
- Superficie à construire: 93 000 mètres carrés (1 million de pieds carrés)
- Nombre d'entreprises : 56
- Nombre de travailleurs : 2300
- Nombre de bâtiments : 14
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