Un Cégep, un centre de formation professionnelle, un café et des complexes sportifs : lorsqu'on arrive par la route 640, l'entrée du Parc industriel Côté-Est de Terrebonne présente un décor pour le moins inusité. Et ce maillage serré entre le pôle académique et les entreprises donne déjà des résultats.
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Terrebonne récolte aujourd'hui les fruits d'un zonage intrigant. Dans les années 1990, les discussions de la municipalité avec les milieux scolaires ont déterminé un pôle académique sur le Boulevard des Entreprises, à l'entrée du parc industriel Côté Est. Le Centre de formation professionnelle (CFP) des Moulins y a d'abord été inauguré en 1997, puis la nouvelle antenne de Cégep de Lanaudière, le Collège constituant de Terrebonne, a fait son nid sur le terrain adjacent en 1998.
La municipalité a par la suite implanté la Cité du sport, notamment composée d'une piscine, d'une patinoire, ainsi que d'un soccerplex convertible en centre d'exposition. Quelques services de proximité sont apparus dans le voisinage, comme une garderie et un Café Dépôt.
« On voulait créer une synergie économique, dit Marc-André Fullum, chef de service, développement économique, à la Ville de Terrebonne. Le but ? Générer de la vie sur le site le matin, le jour et le soir. Pour ce faire, la municipalité a misé sur une mixité des usages basés sur des activités complémentaires qui « aide à la qualité de la formation et la qualité de vie de la main-d'oeuvre ».
Des écoles et des travailleurs
Un parc industriel, dans sa définition classique du terme, constitue un lieu inhabituel pour un établissement collégial. « Initialement, quand le Cégep est arrivé ici, c'était vu comme un handicap. On occupait des espaces qui auraient pu être consacrés à l’industrie. Maintenant c'est vu comme un avantage, en tout cas de notre point de vue », dit d'entrée de jeu Michel Rouleau, directeur du Collège constituant de Terrebonne depuis environ six ans.
Les trois formations techniques offertes par l'établissement - design industriel, technologie électronique industrielle et comptabilité de gestion – bénéficient directement de la proximité géographique des entreprises, notamment quand vient le temps de réviser les programmes pour les adapter au marché du travail.
Le fait d’être sur le même site « réduit la distance physique, mais aussi virtuelle avec les manufacturiers », juge Sylvain Poirier, directeur d'Inédi, le centre d'expertise et de formation en design industriel du Collège de Terrebonne. « On fait partie de la gang , ajoute-t-il. Cela teinte toutes nos relations. On croise des entreprises, c'est facile de les approcher et elles viennent peut-être plus aisément nous voir parce qu'elles passent devant nous tous les jours. »
Les entreprises empruntent régulièrement des équipements et des locaux dans le CFP des Moulins et dans le Collège de Terrebonne, comme des ateliers de teintures ou des imprimantes 3D. Inversement, certaines formations plus pointues de ces établissements peuvent se déplacer en milieu de travail.
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Un bassin de futurs employés
Cette proximité favorise aussi la rétention de la main-d'oeuvre dans une région en pleine croissance démographique. Les stages dans les entreprises environnantes sont aisément accessibles aux jeunes de moins de 20 ans qui n'ont pas de voiture, note Christine Poirier, directrice du CFP des Moulins. Et le placement suit : Sylvain Poirier affirme que, tout juste avant l'entrevue avec Les Affaires, l'un de ses anciens étudiants était venu lui annoncer qu'il avait été embauché par le Centre de l'escalier, aussi situé sur le boulevard des Entreprises. Cette contiguïté encourage aussi les employés à suivre sans trop de contraintes des cours de formations continues, souvent dispensés les soirs et les week-ends.
« C'est juste à côté ! » lance Charles-Antoine Gauvreau, directeur général de Vanico-Maronyx, une entreprise spécialisée dans les composantes et le mobilier pour la salle de bain, installée dans le parc industriel Lachenaie à moins d'une dizaine de minutes en voiture du Collège de Terrebonne. En plus d'accueillir de nombreux stagiaires matériaux composites, en ébénisterie et en finition de meuble, cette PME de 90 employés a fait appel aux services aux entreprises du CFP des Moulins pour des formations sur mesure dispensées à son personnel. L'un de leurs employés suit aussi des cours de perfectionnement en dessin industriel au Cégep de Lanaudière.
Mais il ne suffit pas de planter des établissements de formation au milieu d'un parc de 238 entreprises pour que ces acteurs se parlent naturellement. Le Centre local de développement économique des Moulins (CLDEM), voisin du collège sur le boulevard des Entreprises, s'emploie à mettre en relations toutes ces organisations.
Le commissaire industriel, quant à lui, aiguillonne les établissements académiques sur les besoins de formations et les réalités de l'industrie. « Il faut les animer, dit Claude Robichaud, directeur général du CLDEM. Il faut donner un sens à tous ces éléments. Au cas par cas, on fait du référencement sur une base régulière. Si les centres de formation font des activités particulières pour les entreprises, on relaye l’information ».
Des résultats concrets
La collection Origine de Vanico-Maronyx constitue une innovation concrète découlant directement du maillage tissé serré entre le Collège de Terrebonne et les entreprises avoisinantes. Le Centre d'expertise et de formation en design industriel (CEFDI) a mis en oeuvre un projet de recherche pour trouver une empreinte et une personnalité québécoises dans le design des meubles d'ici. Vanico-Maronyx a sauté dans cette démarche, qui l'a incité à revoir son design et son positionnement. « On a appris énormément à l'intérieur de ça », affirme Robert Gauvreau, président et directeur des opérations de l'entreprise. Vanico-Maronyx s'est joint à une deuxième phase de ce projet en cours, alors que le CEFDI vient d'être reconnu par le gouvernement du Québec comme un Centre collégial de transfert technologique (CCTT) en design industriel en novembre dernier.
Au-delà du travail et de la formation, les employés du site profitent-ils du complexe sportif ? « Mes enfants y sont présentement en camp de hockey», confie Charles-Antoine Gauvreau dans un éclat de rire. « Je vais être capable d'aller les voir une quinzaine de minutes avant de revenir au travail. »
- Superficie : 2 millions de mètres carrés
- Nombre d'entreprises déjà installé : 238
- Espace disponible : aucun, sauf en location.
- Prix dans les parcs industriels de Terrebonne : Environ 3$ le pied carré
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