À la suite de l'abolition de son poste en 2008, François Fouquet, alors directeur général de La Nouvelle de Sherbrooke, ne bénéficiait plus d'un régime à prestations déterminées pour accumuler de l'épargne-retraite. " Le montant accumulé a été transféré dans un compte de retraite autogéré ", dit l'homme de 49 ans.
Signe des temps, son nouvel employeur, la Coopérative funéraire de l'Estrie, a aussi retenu le REER autogéré comme régime de retraite pour ses cadres salariés.
Ces changements ont eu pour effet de plonger M. Fouquet dans le vague relativement à ses revenus de retraite. " Avant, avec le régime de retraite à prestations déterminées, je savais que je pouvais prendre ma retraite à 60 ans en recevant 60 % du salaire le plus élevé que j'avais gagné au cours de mes trois dernières années de travail, dit-il. Mais maintenant, avec le REER autogéré, il y a beaucoup d'incertitude. Quel rendement obtiendrai-je sur mes placements ? Combien aurai-je accumulé à 65 ans ? Aurai-je assez d'argent pour bien vivre jusqu'à 90 ans ?"
Depuis le début des années 2000, beaucoup d'employeurs ont mis en place des dispositifs de retraite plus souples pour leurs cadres salariés, tels le Régime de participation différée aux bénéfices, le REER collectif, le régime à cotisations déterminées et le régime de retraite simplifié.
" Le hic, c'est que de plus en plus, ce sont les cadres salariés qui doivent composer avec l'incertitude quant à l'évolution des marchés financiers, et non plus l'entreprise ", précise Daniel Villeneuve, conseiller principal en fiscalité au Mouvement Desjardins.
Doser risque et rendement
Par conséquent, un grand nombre de cadres salariés sont maintenant chargés de piloter leur épargne retraite, du choix du conseiller financier jusqu'à la constitution du portefeuille. Et le contexte actuel de bas taux d'intérêt et de forte volatilité boursière représente un défi colossal pour eux.
Le secret, c'est de déterminer leur degré de tolérance au risque, en tenant compte que plus le potentiel de rendement est élevé, plus le risque est élevé, dit M. Villeneuve. " Le portefeuille optimal dépendra donc à la fois de votre tolérance au risque et de vos besoins de rendement ", souligne-t-il.En diversifiant bien leurs placements, les épargnants pourront mieux équilibrer le rapport entre le risque et le rendement. " D'autant plus que beaucoup de cadres, en particulier ceux d'entreprises ouvertes, détiennent des actions de l'entreprise pour laquelle ils travaillent, souligne Martin Blais, spécialiste en gestion de patrimoine chez InVisio Patrimoine conseil. Ils doivent donc s'assurer de pallier cette concentration de leur capital. "
Tirer parti des avantages fiscaux
Une autre astuce pour maximiser le rendement consiste à mordre à pleines dents dans les carottes fiscales. Par exemple, en tant que haut salarié, le cadre devrait contribuer au REER selon le maximum permis et ensuite, autant que possible, au compte d'épargne libre d'impôt (CELI). " Si le taux marginal d'imposition auquel vous êtes soumis quand vous contribuez est plus élevé que ceux qui s'appliquera quand vous retirerez votre capital, le REER est plus avantageux que le CELI ", explique M. Villeneuve.
Une fois qu'il aura contribué au maximum autorisé au REER et au CELI, le cadre devrait envisager des stratégies de fractionnement de revenu, en contribuant par exemple au CELI du conjoint et des enfants majeurs. Les sommes placées fructifieront à l'abri de l'impôt et les retraits ne seront pas imposés.
La contribution au REER du conjoint est une solution moins utilisée depuis l'entrée en vigueur des règles sur le fractionnement du revenu, en 2007. " Cependant, la contribution au REER du conjoint est une voie encore valable lorsqu'une part importante des revenus de retraite ne peut pas être fractionnée. C'est le cas notamment des revenus tirés de l'immobilier ", précise M. Villeneuve.
Une autre voie intéressante est le prêt à taux prescrit. Il permet de prêter de l'argent au taux prescrit (1 % actuellement) au conjoint dont les revenus sont plus bas. " Le prêt sera alors investi et les revenus de placement seront déclarés par la personne la moins imposée, note Daniel Villeneuve. Tant que les placements procurent un rendement de plus de 1 %, le couple s'enrichit. "
Le secret tient donc à une bonne combinaison d'épargne et d'économies fiscales. Les outils les plus adéquats sont fonction de l'état civil de l'épargnant, du régime de retraite de son employeur, de son salaire, du nombre d'années qui le séparent de la retraite, etc.