" Richard Drouin a une longue et quasi impeccable feuille de route. " Ce commentaire de Denis Desautels, président du jury du concours Korn/Ferry Les Affaires, montre bien à quel point le choix de Richard Drouin a été naturel lorsqu'est venu le moment de choisir l'administrateur émérite de 2010.
M. Drouin a siégé à plusieurs conseils d'administration, souvent pendant plusieurs années. Non seulement cet avocat a-t-il été administrateur de divers types d'entreprises et organisations, mais il l'a fait de façon pertinente et diligente.
Devant les embûches, jamais il ne s'est dérobé. Que ce soit chez Stelco, qu'il a présidé lors de la restructuration, ou dans l'aventure des grands voiliers au milieu des années 1980, M. Drouin a assumé ses responsabilité jusqu'au bout. Avant même que la gouvernance ne soit un sujet à la mode, il s'y intéressait. " Il n'a pas hésité à sortir de ses responsabilités immédiates pour jouer un rôle de leadership en gouvernance d'entreprise ", dit M. Desautels. Encore aujourd'hui, M. Drouin réitère son engagement au sein du Collège des administrateurs et de l'Institut des administrateurs de sociétés.
" Nous avons choisi de l'honorer pour l'ensemble de son rôle d'administrateur et pour la diversité des conseils où il siège ou a siégé ", résume John LeBoutillier, membre du jury.
Le principal intéressé reçoit avec fierté et émotion cet hommage. " C'est un grand honneur. On ne court pas après ce genre de choses, mais on est bien fier quand ça arrive. "
Même à 78 ans, Richard Drouin n'a pas l'intention de tirer sa révérence. " Être administrateur, c'est une maudite belle job ! On étudie ses dossiers et on dit ce qu'on pense. On n'est pas obligé de se rallier, d'avoir la même opinion que son voisin. En plus, on apprend continuellement dans des secteurs d'activités différents. "
Celui qui consacre l'équivalent de deux jours par semaine à ses CA assure qu'il poursuivra sa carrière d'administrateur tant qu'il en retirera du plaisir. " Et c'est encore le cas ! "
Savoir faire des choix
Interrogé sur sa définition d'un bon administrateur, Richard Drouin parle de " celui qui approfondit des dossiers sans approfondir tous les dossiers ". Plus précisément, c'est celui qui sait faire la part des choses et choisir parmi les dossiers qui lui sont soumis ceux dans lesquels il a une expertise et un intérêt, dit-il. " C'est pour ça qu'un conseil recherche des administrateurs aux profils diversifiés, par exemple en finances, en gestion des risques et en ressources humaines. "
De façon générale, M. Drouin prône une certaine flexibilité dans la gestion des conseils d'administration. " Il n'y a pas de règle absolue en gouvernance et il ne faut pas essayer d'appliquer les mêmes principes à toutes les entreprises. Il vaut mieux développer une expertise qui permet de s'adapter à chaque conseil et à chaque entreprise. "
Après ce qu'il considère une période de zèle en gouvernance, M. Drouin constate avec joie le retour du balancier. Dans certains cas, déplore-t-il, l'entreprise était gérée en fonction de la gouvernance, en oubliant tout le reste. Le conseil n'avait pas de temps à consacrer à l'analyse du risque, à l'analyse des profits, au développement de l'entreprise et au plan stratégique. " Je pense qu'on a trouvé un certain équilibre aujourd'hui, même s'il n'y a pas encore eu de retour du balancier dans certaines entreprises. "
Au chapitre des améliorations, M. Drouin aimerait également voir plus de diversité dans les conseils. " Que ce soit sur le plan ethnique ou du ratio hommes-femmes, on est énormément en retard. Même pour la diversité d'expertises, il y a encore du travail à faire. "
Lui qui a siégé à des conseils présidés par le pdg et à d'autres dirigés par une personne indépendante prône la division des rôles de pdg et de président du CA. " Ça sépare les fonctions reliées à la gouvernance du conseil et celles liées à la gestion de l'entreprise. Les gestionnaires s'impliquent moins dans le conseil et ses comités, et vice versa. "
Stelco, un mandat marquant
De toutes ses expériences, Richard Drouin qualifie sans hésiter la présidence de Stelco comme celle qui l'a le plus marqué. Déjà administrateur du fabricant d'acier canadien, M. Drouin a été nommé président du conseil de l'entreprise spécifiquement pour mener à bien la restructuration, un processus qui a duré deux ans.
Le plus difficile dans ce dossier a été la diversité des expertises requises. Pour neuf membres du conseil, il pouvait y avoir 25 consultants dans la salle. " Il faut écouter tout ce monde et prendre des décisions en fonction des avis reçus, parce que ce n'est pas nous qui avons l'expertise. "
Pour coordonner tous ces intervenants, il fallait être minutieux et strict, faire respecter les droits de parole et bien planifier les ordres du jour. Résultat, le processus a été convivial et la restructuration s'est déroulée dans les règles, dit M. Drouin.
" Nous n'avons eu aucune réclamation de qui que ce soit contre le conseil ou contre un membre du conseil. Ça, c'est exceptionnel ! " rappelle l'ancien président du CA.