On ne peut pas accuser Canam de manquer de clarté. " Le but du régime de rémunération est d'amener tout le monde à travailler dans le même sens, soit faire des profits ", résume Marcel Dutil, président du conseil d'administration de ce fabricant d'acier de structures complexes.
Cette transparence a fait pencher la balance en faveur de l'entreprise originaire de la Beauce. " Le programme de rémunération de Canam est simple, direct et logique ", résume Denis Desautels, président du jury.
Une formule simple et bien structurée. Les membres de la direction se partagent 12,5 % des profits excédant la barre des 10 % de rendement sur le capital. Les employés syndiqués, eux, reçoivent 6,25 % des profits avant impôts, sans seuil minimal de rendement.
" Le mot bonus n'existe pas sans profits ", dit Marcel Dutil. L'homme d'affaires parle avec fierté de la transparence, de l'équité et de la clarté du régime de rémunération. " Tout le monde comprend comment le régime fonctionne. "
La transparence va encore plus loin chez Canam : " On leur dit [aux employés] qu'on est en affaires pour faire de l'argent. C'est clair et ils comprennent ça. " Ne rien dissimuler évite bien des malentendus et favorise la communication, estime celui qui a fondé et dirigé l'entreprise de 3 200 employés jusqu'à ce que son fils Marc prenne la relève, en 2003.
Atteindre un rendement minimal
" Oui, le ''pas de profits, pas de bonis'' peut sembler radical, mais ça a le mérite d'être clair ", commente Michel Magnan, professeur à l'École de gestion John-Molson. Exiger un rendement minimal équivalant au coût du capital est, selon lui, justifié dans la mesure où la règle est appliquée à tous les membres de la direction, ce qui semble être le cas chez Canam.
M. Magnan apprécie également la conversion en actions d'une partie des bonis accordés aux dirigeants. " C'est bon pour l'esprit d'équipe. " De façon générale, la gouvernance s'est renforcée au moment de la transition du père au fils à la tête de l'entreprise, observe l'expert.
Comme dans la plupart des organisations, les politiques de rémunération ont évolué au cours des années chez Canam. " Le régime actuel est le fruit de plusieurs années d'expérience à des comités de ressources humaines ; le nôtre, mais aussi celui d'autres entreprises ", dit M. Dutil.
Ces expériences ont mené le conseil d'administration à éliminer complètement les options au milieu des années 2000. Vue la nature cyclique de l'industrie de la construction, les options n'offraient pas la motivation voulue. " Un cadre qui arrivait dans le haut du cycle voyait la valeur de ses options réduite à néant dans le bas du cycle ", explique M. Dutil. À entendre son ton, les investisseurs n'ont pas à s'inquiéter : les options ne sont pas sur le point de réapparaître chez Canam !
Ce n'est pas Yvan Allaire, président du conseil d'administration de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques, qui s'en plaindra, au contraire : " La rémunération chez Canam est assez raisonnable, et j'aime ça. "
LES MEMBRES DU CA DU GROUPE CANAM
Marcel Dutil
Président du conseil et chef de la direction, Groupe Canam
Marc Dutil
Président et chef de l'exploitation, Groupe Canam
Élaine Beaudoin
Administratrice de sociétés
Anne-Marie Dutil Blatchford
Administratrice de sociétés
Sean Finn
Vice-président exécutif, services corporatifs et chef de la direction des affaires juridiques
Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada
Pierre Lortie
Conseiller principal, affaires,
Frasner Milner Casgrain
Pierre Marcouiller
Président du conseil et chef de la direction, Camoplast
Normand Morin
Administrateur de sociétés
Robert Parizeau
Administrateur de sociétés
Pierre Thabet
Président, Boa-Franc
Jean-Marie Toulouse
Professeur titulaire, HEC Montréal
Jean Turmel
Président, Perseus Capital