En créant Bénévoles d'affaires, Marie-Pierre Dufort a suscité des centaines de jumelages entre des organismes à la recherche d'une expertise et des gens d'affaires désireux de s'engager.
Bénévole d'affaires a vu le jour en décembre 2005, quelques mois à peine avant la naissance de Synetik Conseil, l'entreprise de Marie-Pierre Dufort. " C'était beaucoup en même temps... " souffle la jeune mère de famille. Il lui a fallu une bonne dose de motivation - mais aussi une certaine naïveté - pour se lancer dans le projet, avoue-t-elle.
En effet, pourquoi se donner la peine de dépenser son énergie pour créer un organisme à but non lucratif, alors qu'on est déjà en pleine création de sa propre entreprise ? Dans les deux cas, elle a vu un besoin à combler. " Ce qui me motive, c'est d'être allumée par des projets. J'ai fondé mon entreprise pour me façonner un emploi qui répondrait à mes aspirations. Je voulais offrir des services de consultation en ergonomie dans les PME. Cela n'existait pas, je l'ai créé. J'ai mis sur pied Bénévoles d'affaires pour les mêmes raisons. "
Du talent pour l'organisation
OEuvrant depuis plusieurs années au sein des Magasins-Partage, par l'intermédiaire de la Jeune Chambre de commerce de Montréal, l'ergothérapeute croisait chaque jour des professionnels qui souhaitaient s'investir socialement, mais qui ne savaient pas à quelle porte frapper.
Sa rencontre avec Ugo Dionne, ex-président de la JCCM et fondateur de Synesis-Versalys, une firme de formation, sera déterminante. " Nos chemins se sont croisés un peu par hasard. Il m'a présenté son idée. Cela correspondait tout à fait à ce que j'entendais sur le terrain. Nous avons décidé de conjuguer nos efforts pour arrimer l'expertise d'affaires au développement des organismes sans but lucratif ", raconte l'entrepreneure.
Marie-Pierre Dufort a mis son sens de l'organisation dans la corbeille. " C'est une organisatrice hors pair. Elle a la capacité de segmenter les problèmes et de trouver une solution pour chacun. Cela lui permet de mettre le cap sur l'objectif et de faire en sorte que la bonne idée réussisse ", dit Ugo Dionne.
Avant de se lancer, les deux entrepreneurs ont pris le temps de rencontrer tous les partenaires que leur idée pouvait intéresser. " Nous avons fait le tour des grands acteurs du domaine, comme Centraide et le Centre d'action bénévole du Grand Montréal, afin de nous assurer de bien répondre aux besoins et de ne pas marcher sur leurs platebandes. "
Car le besoin est grand. Depuis un an, une dizaine de nouveaux bénévoles adhèrent chaque semaine. Des professionnels dans tous les domaines et à tous les niveaux hiérarchiques, des ressources humaines à l'informatique en passant par la comptabilité et le droit, font bénéficier de leur expertise des organismes qui ne seraient pas en mesure de se l'offrir.
Marie-Pierre Dufort ne regrette pas un instant le temps consacré à son implication bénévole même si, entre-temps, elle a dû jongler avec la naissance de deux bébés... et le déménagement de son entreprise dans de nouveaux locaux, à Joliette. " Mon engagement social crée un équilibre dans ma vie. C'est important pour moi de ne pas seulement m'accomplir dans mes réalisations professionnelles. J'en tire avant tout une satisfaction personnelle. "
Les jumelages réussis contribuent à alimenter chez elle le feu sacré. Au tout début, une professionnelle en communication qui aidait Bénévoles d'affaires a décidé de se joindre à une association de sensibilisation aux troubles alimentaires, une cause qui touchait personnellement un membre de sa famille. Quelques mois plus tard, elle organisait un défilé de mode au profit de cette association. Un autre bénévole jumelé avec une entreprise d'économie sociale de la région est devenu président de son conseil d'administration et a amené plusieurs de ses relations à s'y investir, illustre-t-elle avec enthousiasme.
" L'implication sociale, il faut le faire pour soi, poursuit-elle. Toutes les raisons sont bonnes pour s'engager. Les rares réfractaires peuvent dire que les gens d'affaires y trouvent leur compte et s'en servent pour entrer en contact avec d'autres. Mais justement, c'est le but ! Que se soit des relations personnelles, d'affaires ou amicales : on élargit son réseau, c'est la beauté de la chose. Et tout le monde en bénéficie ! "
700 Nombre de jumelages réussis par Bénévoles d'affaires. Aujourd'hui, l'organisme compte sur une liste de 1 500 bénévoles et deux employés à temps plein.