Bien des formules existent, du simple espace de bureaux loués à des PME manufacturières à des communautés virtuelles spécialisées dans les nouvelles technologies. Voici trois modèles qui illustrent cette diversité.
Cliquez ici pour consulter le dossier : Accélérateurs et incubateurs
Chambres en ville pour jeunes technos
La Maison Notman n’est pas un incubateur traditionnel. « Nous offrons plutôt des espaces pour accueillir des entreprises technologiques en démarrage dans le but d’apprendre, de réseauter et d’être inspirées », dit d’emblée le directeur de son campus, Noah Redler. Son rôle est surtout de « mettre en connexion ces entreprises avec des banques, des comptables, du capital de risque, etc. ». Founderfuel et Real Venture en sont des acteurs importants.
La Maison Notman loue trois bureaux meublés, chauffés, avec l’accès au Wi-Fi ainsi que des locaux dans un lieu commun à partager. Le café au rez-de-chaussée est ouvert à tous ceux qui veulent venir y travailler quelques heures. L’objectif : susciter des rencontres pour accroître la créativité.
Autre particularité : la Maison n’offre des baux que de trois mois renouvelables une fois au maximum. « Nous voulons donner la possibilité à de nombreuses entreprises de passer par là. Cela permet de conserver une forte dynamique avec des idées nouvelles en permanence », précise Noah Redler.
Pour être accueilli, le candidat doit être une entreprise en démarrage spécialisée dans une technologie émergente (mobile, robotique, mégadonnées, etc.). « On ne regarde pas les plans d’affaires, mais plutôt l’humain. On veut donner une chance à tout le monde, car on ne sait jamais quel projet réussira », affirme Noah Redler.
À savoir
Depuis 2011, 80 entreprises ont été incubées à la Maison Notman, et 70 % d’entre elles existent toujours.
Témoignage: Laurent Maisonnave, Seevibes
Soutenue par Fonderfuel, Seevibes, la compagnie de Laurent Maisonnave, a fait deux séjours au sein de la Maison Notman en 2011 et 2013. Le chef de cette entreprise spécialisée dans l’analyse de données de fréquentation des médias sociaux a apprécié, c’est «l’esprit d’entrepreneuriat », ainsi que l’ambiance «très dynamique et inspirante» qui y régnaient, sans compter l’ébullition constante qui lui manque parfois aujourd’hui. « La Maison Notman a réussi à fédérer le milieu des starts-up», souligne le chef d’entreprise.
Sortie depuis un an de la Maison, Seevibes compte maintenant 11 employés. Elle a ouvert un bureau de quatre personnes à Paris et prépare son entrée sur le marché américain pour 2015.
Laurent Maisonnave «lie» le succès de son entreprise au soutien de Fonderfuel mais aussi à la Maison Notman. «Le plus difficile, quand on crée une entreprise, c’est d’être seul, coupé du monde. Outre la visibilité et la crédibilité qu’offrent la Maison Notman, le fait de pouvoir y rencontrer d’autres entrepreneurs et des investisseurs, cela ouvre l’esprit et de se confronter à la réalité mais aussi de se rassurer car on voit qu’on n’est pas seul à faire des erreurs », témoigne Laurent Maisonnave.
Sur place, il a aussi pu rencontrer ses investisseurs tous les jours et recevoir leurs conseils sur divers aspects, notamment le recrutement de personnes stratégiques. Des ressources qu’une entreprise en démarrage n’a pas les moyens de s’offrir.
Cliquez ici pour consulter le dossier : Accélérateurs et incubateurs
Lopins de terre pour entreprises agricoles bios
Les locataires de l’incubateur d’entreprises maraîchères biologiques de Coaticook peuvent louer une acre de terrain certifié biologique par l’organisme Québec Vrai à un prix accessible. Tous ont accès à une chambre froide, une salle de lavage, un bureau, des espaces de serre et de la machinerie en location. Les candidats doivent avoir une formation reconnue en agriculture. D’ailleurs, les élèves du Centre régional d’initiatives et de formation en agriculture (CRIFA), partenaire principal de l’incubateur, ont la priorité.
« Cet incubateur a été créé en 2008 pour aider à occuper le territoire agricole de la MRC de Coaticook, avoir des producteurs maraîchers d’élite et aider au démarrage des entreprises afin de s’assurer d’avoir une relève et qu’elle soit bien formée », énumère Dominique Arès, la directrice du Centre d’initiatives en agriculture de la région de Coaticook, qui gère l’incubateur.
L’aide de l’incubateur ne s’arrête pas à l’accès au terrain et au matériel. L’organisme met les jeunes en contact avec les sources de financement public, mais aussi les fonds d’investissement spécialisés. Il met aussi en place des débouchés. C’est ainsi que les entreprises incubées vendent des paniers biologiques à des particuliers et participent à des marchés locaux.
Enfin, le passage dans l’incubateur offre une crédibilité appréciable aux jeunes entreprises pour demander du financement car, dit Dominique Arès, « avoir les moyens pour démarrer reste le plus difficile ».
À savoir
L’incubateur accueille cinq entreprises cette année et, faute de place, elle a dû en refuser une sixième.
Témoignage: James Sheldon, Jardins de l’Arpenteuse
L’entreprise maraîchère biologique Jardins de l’Arpenteuse, fondée par James Sheldon et Myriam Fortier près de Magog, est en pleine expansion. Mais les débuts, en 2007, ont été laborieux. « L’accès aux terres était difficile, car leur prix était très élevé », se souvient James Sheldon. Sans compter les infrastructures à mettre en place. « L’incubateur, où nous sommes restés trois ans, nous a donné une place où commencer sans trop nous engager. Si ça n’avait pas marché, on n’aurait pas fait faillite. C’était un gros stress de moins », explique le chef de l’entreprise qui compte quatre employés pendant la saison, soit de mai à novembre. Le passage à l’incubateur a également permis aux Jardins de l’Arpenteuse de « se bâtir une clientèle et de commencer à avoir des revenus », poursuit-il. Cette situation a tout changé au moment de demander un prêt et surtout une caution. « La Financière agricole a vu notre historique et a accepté de se porter garante, ce qui n’aurait peut-être pas été le cas si nous n’avions eu aucune expérience », pense le dirigeant. Aujourd’hui et après plusieurs années de fort investissement, les Jardins de l’Arpenteuse se portent bien et vendent 200 paniers par semaine en saison (soit 24 semaines). Avec ses 8 acres de terre et ses 50 variétés de légumes biologiques, l’entreprise, plutôt tournée vers les particuliers, diversifiera ses marchés en 2015 en commençant à vendre par l’intermédiaire d’une coopérative à certaines chaînes de magasins spécialisés américains.
Cliquez ici pour consulter le dossier : Accélérateurs et incubateurs
Creuser des vocations dans les mines
Mine d’avenir fait partie des nouveaux modèles d’incubateurs : elle n’offre pas de locaux, mais insiste sur l’accompagnement. L’accent est mis sur deux priorités : l’octroi d’un terrain pour faire de l’exploration et des conseils d’experts.
L’initiative créée en 2012 part d’un constat : « Les Québécois sont sous-représentés chez les entrepreneurs du secteur minier », note Nochane Rousseau, associé et leader pour le secteur minier chez PwC. Pour susciter des vocations et stimuler la relève, un comité a été créé, comprenant des entrepreneurs à succès ainsi que des représentants de fonds d’investissement dans le secteur minier, de la Chaire en entrepreneuriat minier UQAT-UQAM et de PwC. Ce comité a pour rôle « de repérer des entrepreneurs potentiels et d’offrir du mentorat et un encadrement, explique Nochane Rousseau. Chaque plan d’affaires est revu avec des spécialistes, et les points faibles sont corrigés. »
Atout non négligeable pour les candidats : l’octroi d’un territoire d’exploration. Le comité tente de mettre en contact des compagnies minières avec des entrepreneurs intéressés par l’exploration. Les premières cèdent une partie de leurs terres contre des actions de la nouvelle entreprise d’exploration ainsi que des royautés. « Ces compagnies n’ont pas toujours les ressources nécessaires pour développer leurs propriétés. Souvent, elles soutiennent la nouvelle entreprise pendant les premières années d’activité », dit M. Rousseau.
À savoir
Mine d’avenir a eu des contacts avec une dizaine de candidats, mais beaucoup attendent un regain d’activité dans le secteur minier pour se lancer.
Témoignage: Jonathan Lafontaine, Exploration SeqUr
Cette entreprise issue de l’essaimage (spin-off) de Ressources Strateco, créée en 2014, est spécialisée dans l’exploration uranifère. Le jeune géologue, qui a été salarié chez Ressources Strateco, voulait se lancer dans l’entrepreneuriat. Pour combler ses lacunes en gestion d’entreprise, il s’est tourné vers Mine d’avenir, qui l’a orienté vers les bonnes ressources. L’incubateur lui a aussi fait rencontrer des représentants de fonds d’investissement. « Ça a été un apport majeur. Pouvoir leur présenter le projet et recueillir leurs critiques constructives, ça a une valeur incroyable. » La petite entreprise a reçu des terres en Saskatchewan sur une propriété initialement obtenue par Ressources Strateco. Actuellement, elle recherche des financements et devrait démarrer réellement l’exploration cette année. Au total, 200 000 $ ont déjà été investis en 2014 et 800 000 $ pourraient l’être en 2015.
Cliquez ici pour consulter le dossier : Accélérateurs et incubateurs