Le Congrès américain avait quelques heures mercredi pour négocier un compromis budgétaire et le faire adopter d'urgence par la Chambre et le Sénat afin d'écarter le risque d'un défaut de paiement et éviter une dégradation de la note des Etats-Unis.
Un accord politique était, selon les états-majors des chefs de file du Sénat, de fait prêt à être officialisé mercredi matin, les détails techniques restant à affiner.
L'annonce d'un compromis portant à la fois sur le budget et le relèvement du plafond de la dette relâcherait immédiatement la tension, mais les deux chambres du Congrès devront alors précipiter des votes avant la fin de journée, un défi de procédure qui requerra la coopération entière du président de la Chambre des représentants, John Boehner, et de 100% des sénateurs, y compris les champions du Tea Party Ted Cruz et Mike Lee.
Sans adoption définitive d'ici mercredi soir, la première économie mondiale va entrer dans une zone aussi inédite que dangereuse : le Trésor ne sera plus autorisé à emprunter et ne pourra plus compter que sur des réserves déclinantes.
A une date difficile à prédire, mais qui pourrait se situer entre les 22 et 31 octobre, selon le Bureau du Budget du Congrès, les Etats-Unis ne pourraient alors plus assurer tous leurs paiements pour la première fois de leur histoire.
Un tel choc de confiance risquerait de mettre en jeu le sort du dollar, monnaie de réserve mondiale, et celui des bons du Trésor, placements réputés les plus sûrs de la planète.
Toutefois, à l'approche de la date-butoir, les marchés financiers refusaient encore de croire à ce scénario catastrophe et pariaient toujours sur un accord de dernière minute.
La Bourse de New York a ouvert en hausse mercredi, tandis que celle de Tokyo a terminé quasi stable. Les places européennes étaient en légère baisse en milieu de journée, en dépit de l'avertissement lancé mardi par l'agence Fitch qui a annoncé qu'elle envisageait d'abaisser la note de la dette souveraine des Etats-Unis, actuellement la meilleure possible à AAA.
Fitch a souligné que «les autorités américaines n'ont pas relevé le plafond de la dette en temps voulu».
John Boehner prêt à céder
La question reste de savoir si le résultat de ces discussions, entamées pendant le week-end et suspendues un temps mardi, sera entériné mercredi par le président de la Chambre, John Boehner, et ses troupes.
Selon le représentant Charlie Dent, John Boehner ne devrait pas opposer de résistance et acceptera de soumettre au vote de la Chambre tout compromis sénatorial, malgré l'opposition d'une partie de sa majorité. Il devra alors s'appuyer partiellement sur des voix démocrates.
«Je pense que John Boehner se retrouvera dans une position où il devra faire adopter le texte négocié» au Sénat, a dit Charlie Dent sur CNN. «Je pense que la Chambre votera en premier, et l'enverra au Sénat». Pour des raisons de procédure, il est plus rapide que la Chambre vote en premier, et M. Boehner pourrait simplement décider de faire voter le projet élaboré par les négociateurs du Sénat.
Selon cette procédure, qui n'a pas été confirmée officiellement, le Sénat devrait ensuite adopter le texte, avant promulgation par M. Obama.
«Je suis absolument certain que le président de la Chambre fera tout ce qu'il faut pour préserver la note de crédit des Etats-Unis d'Amérique», a déclaré mercredi le républicain Scott Rigell.
M. Boehner, pris en tenaille entre sa volonté affichée de ne pas laisser un défaut de paiement se produire et la pression du Tea Party hostile au compromis, a jusqu'ici refusé d'organiser une consultation sans le soutien de sa majorité. Le dénouement envisagé marque une lourde défaite pour la stratégie qu'il a jusqu'ici poursuivie.
Le plan de MM. Reid et McConnell comprendrait, selon plusieurs médias américains, une mesure permettant au Trésor de continuer à emprunter jusqu'au 7 février, et à l'Etat fédéral de rouvrir entièrement jusqu'au 15 janvier. En échange, les démocrates offriraient des concessions sur certains aspects de la réforme du système de santé, élément déclencheur de la crise actuelle, notamment en renonçant à une taxe sur les sociétés d'assurance.
Faute d'accord sur le budget fédéral pour le nouvel exercice, les agences gouvernementales américaines tournent au ralenti depuis le 1er octobre. Des centaines de milliers de fonctionnaires ont été mis en congés forcés sans solde, paralysant progressivement des pans entiers de l'activité.
En août 2011, un accord politique avait été scellé deux jours avant la date-butoir, et adopté définitivement par le Congrès à quelques heures seulement de l'heure limite.