«Il n'y a pas de repas gratuit», écrivait le prix Nobel d'économie, Milton Friedman. Cela est d'autant plus vrai pour le petit épargnant qui fait appel à un conseiller financier pour faire fructifier ses avoirs. Savez-vous réellement comment est rémunéré le vôtre ?
Les conseillers peuvent être salariés ou payés grâce aux commissions, à des honoraires ou à une combinaison de ces modes de rémunération, indiquent les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) dans le guide «Investir avec l'aide d'un conseiller financier».
Le mode de rémunération d'un conseiller financier varie en fonction du type de conseils prodigués, ainsi que le genre d'institution avec qui vous faites affaire.
Les représentants des banques se trouvent dans une relation employé-employeur et touchent un salaire et des commissions, auxquels peut s'ajouter une prime, explique Flavio Vani, président du Regroupement indépendant des conseillers de l'industrie financière du Québec (RICIFQ).
Dans le cas des conseillers salariés, le coût de leurs services est compris dans le prix des produits que vous achetez, soulignent les ACVM.
De leur côté, les conseillers indépendants sont soit rémunérés à commission, soit au moyen d'honoraires, dit Flavio Vani. Les honoraires soulèvent certaines interrogations. S'ils sont calculés en fonction du nombre d'heures travaillées par le conseiller, ils sont difficiles à expliquer aux clients, jugent les observateurs consultés.
«Comment savoir quel nombre d'heures un conseiller a travaillé pour un client ? Personne ne le sait», dit Robert Pouliot, administrateur à la Fondation canadienne pour l'avancement des droits des investisseurs (FAIR Canada).
En résumé, le montant payé par un client se compose de deux éléments : une partie conseil (salaire, commissions de suivi ou honoraires) et une partie purement liée à la vente de fonds communs de placement (FCP), de fonds négociés en Bourse (FNB), de fonds distincts et d'autres produits (commissions uniquement).
Les frais des fonds communs de placement
Les principaux coûts liés à un FCP sont les frais d'achat, de rachat et de gestion, précise l'Autorité des marchés financiers (AMF).
Les frais d'achat d'un fonds sont déduits du montant total investi au moment où vous vous procurez les parts d'un fonds. Ces frais peuvent atteindre jusqu'à 5 % de l'investissement, selon l'AMF. Ils sont payés à la société de gestion qui a mis le fonds sur le marché. Cette dernière en reverse une partie au courtier qui, à son tour, en attribue une partie au conseiller.
De la même manière, des frais de rachat, calculés selon un pourcentage du montant investi, peuvent être exigés au moment de la vente des parts de certains fonds. Comme pour les frais d'achat, votre conseiller touchera une partie des montants facturés.
Contrairement aux frais d'achat et de rachat qui ne sont pas exigibles pour tous les fonds, les frais de gestion sont facturés dans tous les cas. Ces frais sont prélevés à même les actifs du fonds et ne figurent pas sur votre état de compte.
En général les frais de gestion oscillent entre 1 % et 2 %, parfois plus, dont environ la moitié sert à payer des commissions de suivi aux courtiers. «Ces commissions [de suivi] sont payées en retour des services que vous recevez, surtout des conseils, après avoir acheté des parts de fonds», dit l'AMF. À son tour, le courtier en versera une partie à votre conseiller financier.
Les épineuses commissions de suivi
Depuis une consultation lancée en décembre 2012 par les autorités canadiennes, les commissions de suivi ont fait couler beaucoup d'encre. Certains intervenants financiers, réfractaires à ces commissions, demandent leur interdiction, comme au Royaume-Uni et en Australie, où elles sont abolies depuis 2013.
Selon les opposants, la partie des frais de suivi ne devrait plus être intégrée au produit, c'est-à-dire invisible pour le client, mais devrait faire l'objet de négociations avec celui-ci. Ces frais seraient donc facturés sous forme d'honoraires, sur une feuille séparée, dit Larry Bathurst, associé chez Planex Solutions financières.
Néanmoins, ce sont les petits épargnants, dont le patrimoine est inférieur à 100 000 $, qui pâtiront de l'abolition des commissions de suivi, soutient Flavio Vani, du RICIFQ. «Dès que le client investit, il faudra le rencontrer et le facturer. Ces clients finiront par aller vers les banques.»
M. Vani cite l'exemple d'un client qui veut investir 5 000 $ dans son REER. «Si je compte le temps de préparation, de transport et la rencontre, je devrais facturer 7 h. Si mon taux horaire est de 100 $, je devrai facturer 700 $ à mon client pour un investissement de 5 000 $...»
Quoi qu'il en soit, c'est toujours le client qui paiera la facture, dit Flavio Vani. Tout compte fait, il est crucial de comparer les frais, car chaque dollar payé en frais gruge votre rendement, prévient l'AMF. Par exemple, un investissement de 5 000 $ sur une période de 10 ans procurant un rendement annuel de 6 % générera un gain de 3 954 $. Si les frais sont de 2 % par an, la plus-value baissera à 2 316 $.