La France a sauvé vendredi son dernier « triple A », attribué par Fitch, mais elle reste en sursis, l'agence répétant qu'elle pourrait à son tour dégrader la note française si les réformes engagées s'avéraient décevantes.
Après avoir perdu coup sur coup son « AAA » auprès des deux autres grandes agences d'évaluation financière cette année, la France a réussi à conserver ce sésame attribué aux meilleurs élèves chez Fitch. Mais cette note est assortie d'une perspective négative, ce qui signifie que la troisième grande agence de notation pourrait l'abaisser à moyen terme.
Fitch compte en effet étudier une éventuelle dégradation en 2013 en fonction du « rythme » et « l'ampleur des réformes économiques », du respect des objectifs de réduction des déficits et de l'évolution de la crise de l'euro.
Elle souligne en particulier que les mesures en préparation sur le marché du travail seront pour le gouvernement « une nouvelle occasion importante de prouver sa détermination à mener des réformes structurelles ».
Le ministre de l'Économie Pierre Moscovici a immédiatement salué « un encouragement pour le présent parce que cette agence dit bien que la France va dans la bonne direction, que nous sommes en train de faire les réformes structurelles ».
C'est aussi « un aiguillon pour l'avenir parce que ce que nous dit cette agence, c'est qu'il faut continuer », a-t-il ajouté sur la radio Europe 1, évoquant « l'impérieuse nécessité de poursuivre dans le sillon que nous avons tracé: construction européenne, sérieux budgétaire et compétitivité ».
Satisfecit au gouvernement
L'annonce de Fitch n'est pas une surprise. L'agence détenue par le français Marc Ladreit de Lacharrière avait expliqué qu'elle laisserait un peu de temps au gouvernement pour faire ses preuves et n'entendait pas lui retirer le « triple A » en 2012.
Pour l'essentiel, Fitch répète son analyse de la situation française, partagée par les deux autres agences: le pays reste l'un des grands émetteurs de dette « de référence », mais la crise de la zone euro et le déclin de sa compétitivité, par rapport à l'Allemagne notamment, le pénalisent.
Elle adresse un satisfecit au gouvernement, saluant « son engagement à mener les réformes économiques » et les mesures déjà mises en oeuvre comme le crédit d'impôt censé doper la compétitivité des entreprises, mais enjoint l'exécutif d'aller plus loin.
« D'autres mesures de consolidation seront probablement nécessaires » pour rétablir les comptes publics, et davantage de « réformes structurelles » doivent être mises en oeuvre, juge Fitch.
Pour autant, l'agence considère que « les enjeux de compétitivité (sont) peut-être exagérés dans le cas de la France », alors que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a fait de la lutte contre le décrochage des entreprises françaises l'une de ses priorités.
Fitch note que les « performances macroéconomiques sont comparables à celles des autres grands pays +AAA+ » et « le déficit courant actuel de 2% du PIB n'est pas excessif ».
L'agence table sur une croissance de 0,3% en France en 2013, contre une prévision gouvernementale de 0,8%, et de 1,1% en 2014, contre 2% pour l'exécutif.
Enfin, Fitch adresse une mise en garde au gouvernement, après ses menaces de nationaliser le site sidérurgique d'ArcelorMittal à Florange dans l'est.
« Des décisions qui auraient pour effet d'augmenter de façon importante la dette publique ou les dettes contingentes du fait d'une intervention de l'État dans l'économie et l'industrie nationales » pourraient menacer le « triple A », selon elle.
Standard and Poor's a, elle, dégradé la dette publique française à « AA+ » en janvier, suivie par Moody's qui a abaissé sa note à « Aa1 » le mois dernier. Ces deux agences ont maintenu leur perspective négative.