Au moment même où l'or continue son ascension vertigineuse et que le prix de plusieurs métaux et denrées s'envole, un métal dense, faiblement radioactif et dont la concentration moyenne dans la croûte terrestre se situe entre deux et trois parties par million pourrait bien être la prochaine carte cachée de votre portefeuille boursier.
La demande courante pour l'uranium se limite presque exclusivement aux besoins des réacteurs nucléaires qui produisent de l'électricité dans plusieurs pays, dont les réacteurs CANDU (CANada Deuterium Uranium) qui fournissent actuellement 15 % de l'électricité produite au Canada.
En raison de la durée minimale de sept ans de la mise sur pied d'une minière uranifère et du fait que l'uranium nécessite des capitaux importants, celui-ci restera une commodité importante à long terme. Le tout, dans un contexte où la consommation d'énergie augmentera avec le temps. Selon un rapport de la Banque TD, les importations d'uranium de la Chine étaient trois fois supérieures en août 2010 à celles de la même période en 2009.
Edward Sterck, analyste du secteur minier chez BMO Marchés des capitaux, souligne que la Chine souhaite améliorer d'ici 2020 sa capacité nucléaire et la faire passer de 70 à 112 gigawatts (GW), une augmentation de 60 %.
Augmentation potentielle de la demande
Les premiers signes de la renaissance du nucléaire ont fait passer le prix de 8 $ US à 140 $ US la livre de 2004 à 2007. Actuellement, l'uranium se transige à environ 62,50 $ US la livre. Considérant que l'uranium est tributaire de l'état de l'économie mondiale, c'est sans surprise que son prix est demeuré coincé dans une fourchette variant de 40 à 50 $ US la livre au cours de la dernière année, celle-ci ayant été marquée par l'incertitude économique.
" Cependant, l'évolution du portrait économique laisse entrevoir une augmentation potentielle de la demande pour l'uranium dans un futur proche en raison de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires par la Chine, l'Inde et les autres économies émergentes " explique Éric Lemieux, analyste minier chez Valeurs Mobilières Banque Laurentienne. Il se dit convaincu que l'uranium est promis à un avenir florissant, confirmant sa projection de prix pour 2011 à 65 $ US la livre.
Optimistes, les analystes de la Banque TD augmentent aussi leur prix cible de 25 % à 62,50 $ US la livre pour 2011, tandis que leur prévision passe à 75 $ la livre en 2012.
Quels titres choisir ?
Avant de plonger dans le secteur de l'uranium, l'investisseur doit considérer deux éléments, estime M. Lemieux. " La qualité de la direction et la feuille de route de celle-ci, ainsi que la localisation du projet. Certaines juridictions imposent des moratoires ou tiennent des agendas cachés concernant l'uranium ", mentionne l'analyste.
L'analyste confirme que la valeur sûre du secteur est Cameco (Tor., CCO). Le 24 novembre, cette dernière annonçait d'ailleurs une entente en vigueur jusqu'en 2025 avec l'entreprise China Guangdong Nuclear Power Holding pour lui fournir 13 millions de kilogrammes d'une forme d'uranium.
" Les autres acteurs majeurs sont Paladin Energy (Tor., PDN) et Uranium Energy Corp (Tor., UEC). Des entreprises québécoises répondent également aux deux critères fondamentaux, soit Strateco (Tor., RSC) et Abitex (Tor., ABE-X) ", dit M. Lemieux.
La société québécoise Strateco souhaite développer le projet Matoush, qui pourrait devenir la première mine d'uranium du Québec. La propriété est située à 275 km au nord de Chibougamau, au coeur des monts Otish.
Edward Sterck, analyste du secteur minier, BMO Marchés des capitaux, cible trois sociétés du secteur. Ainsi, Uranium One (Tor., UUU) offre les meilleures possibilités de croissance; Paladin Energy (Tor., PDN) est une cible pour une acquisition potentielle par un prédateur tel que China National Nuclear Corp; l'exposition internationale d'Extract Resources (Tor., EXT) place la société parmi les titres attrayants du secteur.