La Banque Nationale ne cherche pas à effectuer « une prise de contrôle rampante » de Fiera Sceptre même si elle a pris une participation de 35 % dans le gestionnaire de fonds communs dans le cadre de la vente de Natcan, affirme Louis Vachon, président et chef de la direction de la Banque Nationale.
« Le plan n'est pas de mettre en place une prise de contrôle rampante à long terme de la société. On est assez satisfaits d'avoir une portion de 35 % de la société, a-t-il indiqué dans une téléconférence, lundi. On préfère avoir une participation minoritaire importante dans un véhicule qui devrait être une réussite grâce à la croissance organique et la consolidation plutôt qu'avoir une participation majoritaire dans quelque chose qui est moins différencié sur le marché. »
Selon Louis Vachon, les activités de gestion d'actif de la Banque Nationale étaient prêtes pour une consolidation. « Nous pensions que Natcan était trop petit et n'avait pas la taille suffisante, a-t-il ajouté. En regroupant Natcan et Fiera, nous avions un meilleur véhicule sur le plan de la consolidation. »
Lundi, Fiera Sceptre annonçait qu'elle faisait l'acquisition Gestion de portefeuille Natcan pour la somme de 309,5 M$, créant ainsi un gestionnaire détenant environ 54 G$ en actif sous gestion. Cette entente donne ainsi à Fiera un accès au réseau de distribution de la Banque Nationale et permet une création de nouveaux produits tant sur le plan institutionnel qu'au détail, comme des produits alternatifs, d'immobilier et d'infrastructure.
Cette transaction entraînera des compressions de coût de 10 M$ par année, les économies étant un mélange de suppression de postes, de frais de bureaux et de systèmes d'exploitation. La moitié des gestionnaires d'actif de Natcan conserveront leur poste, la majorité des autres étant réaffectés dans d'autres parties de la Banque Nationale.
« Avec cette transaction, l'intégration de l'équipe de gestion sera assez facile. Par exemple, notre produit de petite capitalisation [chez Fiera] avait atteint son plafond. On ne prenait plus de nouveaux clients. Chez Natcan, leur groupe de titres à petite capitalisation est de grande taille et est très performant. Avoir deux produits de titres à petite capitalisation qui sont concurrentiels sur le marché et qui sont chacun rentables, ce n'est pas un problème », soulignait Jean-Guy Desjardins, président du conseil et chef de la direction de l'entité regroupée dont le nouveau nom sera Fiera Capital.
Le Mouvement Desjardins dilué
Cette transaction assoit à la même table du conseil d'administration deux féroces concurrents : la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins. Ils auront chacun deux sièges. La participation indirecte de la coopérative sera toutefois diluée, passant de 17,12 à 11,2 %.
Pour conserver cette position au conseil, le Mouvement Desjardins, qui approuve l'acquisition, devra conserver les actions qu'il a actuellement et maintenir au moins 5 % de l'actif sous gestion que Fiera aura fait croître de manière organique.
Même s'il gère les actifs de deux concurrents, Fiera pourra éviter que les produits de l'un ressemblent à ceux de l'autre, selon Jean-Guy Desjardins : « Un produit d'actions canadiennes n'a pas nécessairement à être géré par la même équipe d'actions canadiennes. Nous avons quatre différentes stratégies d'actions canadiennes dans l'organisation. Cela ne crée pas de situation conflictuelle. D'ailleurs, il y a déjà des produits du Mouvement Desjardins gérés par Natcan. Cette situation a été gérée par le passé avec succès. »
De plus, Fiera entend mettre en place une équipe dédiée à servir les réseaux de distribution de la Banque Nationale et du Mouvement Desjardins et d'autres tiers.
Toujours en chasse
Jean-Guy Desjardins ne le cache pas : il continue de chercher à acquérir d'autres gestionnaires afin de croître : « Il y a quatre autres banques dans le marché, a-t-il dit à la blague, pouffant de rire. Lorsqu'une occasion d'affaires se présentera, nous serions enclin à [faire d'autres acquisitions]. Nous sommes un consolidateur de choix sur le marché. »
Jean-Guy Desjardins affirme regarder davantage du côté américain que du côté canadien, d'autant que Fiera a ouvert l'an dernier des bureaux au sud de la frontière. « Par exemple, nous n'avons pas de stratégie de marchés émergents. Si nous avons une occasion d'acquérir une équipe de gestionnaire de marchés émergents, nous serions très enthousiastes à l'idée de le faire », a-t-il noté.