Le dernier bulletin SPIVA (Standard & Poor's Indices Versus Active) pour 2014 confirme encore une fois la même réalité : une majorité de fonds d'actions gérés activement obtiennent des résultats inférieurs à leurs indices de référence, et ce, dans toutes les catégories.
En général, plus la période est longue, moins la proportion de fonds affichant une performance supérieure à leur indice est élevé. Ainsi, 26,47 % des fonds d'actions canadiennes battent l'indice composé S&P/TSX sur la période d'un an, mais seulement 20 % le font sur cinq ans.
Les résultats sont meilleurs pour les fonds d'actions canadiennes de petite et moyenne capitalisation, alors qu'un peu moins de 40 % d'entre eux ont battu leur indice sur un an et 30 % l'on fait sur cinq ans.
Pourquoi une si faible performance ?
Selon une étude récente de Morningstar Canada1, la plupart des fonds d'actions canadiennes gérés activement ont des frais trop élevés pour surclasser les fonds à gestion passive. L'étude couvre une période de 10 ans se terminant le 28 février 2015.
Les chercheurs ont constaté que 43 des 59 fonds d'actions canadiennes examinés, soit 71,7 %, ont généré un rendement ajusté pour la volatilité (fluctuations) supérieur à celui d'un fonds indiciel, en ignorant les frais. Mais seulement huit d'entre eux y sont parvenus en les prenant en compte, soit 13,6 %. Les chercheurs concluent que la gestion active peut être attrayante, à condition qu'elle soit nettement moins coûteuse.
C'est le Fonds Fidelity Discipline Actions Canada qui a affiché la meilleure performance, en excluant les frais. Toutefois, en tenant compte de ceux-ci, la palme revient au Fonds d'actions canadiennes Mawer. Soulignons que le ratio des frais de gestion (RFG) du fonds Fidelity est de 2,57 %, par rapport à 1,24 % pour le fonds Mawer. C'est le double.
Les résultats sont nettement meilleurs en ce qui concerne les fonds d'actions canadiennes de petite et moyenne capitalisation. En effet, 44 des 46 fonds étudiés sont arrivés à dégager un rendement ajusté pour la volatilité (fluctuations) supérieur à celui d'un fonds indiciel, avant les frais, soit 96 %. Et 43 fonds ont réussi à le faire après les frais.
Pour expliquer cette bonne performance, les chercheurs avancent que les gestionnaires de ces fonds ont plus de chances de repérer des titres incorrectement évalués parmi ces titres moins suivis. Mais les auteurs préviennent qu'il ne faut pas nécessairement interpréter leur réussite comme une preuve de leur habileté. D'autres facteurs sont peut-être en cause.
Le Fonds d'actions de croissance Fiera Capital, catégorie B, a dégagé le meilleur rendement excédentaire ajusté pour la volatilité dans cette catégorie, en tenant compte des frais. Il affiche un RFG de 1,57 %.
Les fonds de petite et moyenne capitalisations qui se sont classés dans le premier quintile ont un RFG moyen de 2,19 % alors qu'il est de 2,98 % pour ceux qui se sont classés dans le dernier quintile. Plus vous payez cher, moins il vous en reste. Le raisonnement : «Je paye plus cher, mais j'en obtiens plus» ne tient pas lorsqu'il s'agit de fonds communs.
Des catégories problématiques
Le thème des dividendes demeure très populaire auprès des investisseurs approchant la retraite ou qui sont déjà retraités. Pourtant, le bulletin SPIVA montre que seulement 6,7 % de ces fonds obtiennent de meilleurs résultats que l'indice sur un an, et qu'aucun d'entre eux n'y parvient sur cinq ans. Il faut dire que, dans ce cas précis, l'indice Aristocrates de dividendes canadiens S&P/TSX sert d'étalon. Cet indice cible des titres dont le dividende est en croissance ou, du moins, reste identique pour au plus deux années.
Or, tous les fonds dans cette catégorie ne sont pas construits autour de cette stratégie, certains privilégiant plutôt un rendement de dividende élevé comme critère déterminant. Cela fausse donc ce résultat plutôt décevant.
Néanmoins, les investisseurs devraient être prudents avec ces fonds axés sur le revenu de dividende, du moins ceux détenant des actions canadiennes. Ces fonds surpondèrent souvent les titres du secteur financier.
Du côté des fonds d'actions étrangères, les résultats sont désastreux. Seulement 13,16 % des fonds d'actions internationales gérés activement obtiennent de meilleurs résultats que leurs indices au cours des cinq années terminées le 31 décembre dernier. Ces fonds détiennent la majorité de leurs actifs dans d'autres pays développés que le Canada et les États-Unis. Pour la plupart, ces fonds ne couvrent pas le risque associé aux devises étrangères.
Pis encore, seulement 2,9 % des fonds d'actions américaines gérés activement ont réussi à battre l'indice S&P 500 durant la même période, et seulement 2,83 % des fonds d'actions mondiales ont réussi à battre leur indice de référence. Y a-t-il un meilleur argument en faveur de la gestion passive ?
1 «Have Active Canadian Equity Fund Managers Earned Their Keep ?» Christopher Davis et Michael Keaveney, Morningstar Manager Research, 23 avril 2015
Biographie
Fellow CSI, Yves Bourget a fait carrière dans l’industrie des valeurs mobilières pendant une vingtaine d’années, en particulier à titre de vice-président pour le Québec de Placements Altamira, de 1990 à 1997. Il collabore depuis 2001 à la publication Finance et Investissement, notamment en matière de fonds communs.