Plusieurs investisseurs associent gestion indicielle et fonds négociés en Bourse (FNB). Il est vrai que la plupart des FNB miment la performance d'un indice boursier et que cette approche est devenue véritablement populaire avec la mise en marché des FNB.
Mais on pouvait déjà accéder à cette stratégie «passive» avec des fonds communs de placement (FCP) depuis 1985, alors que le fonds indiciel canadien TD avait été lancé. La très grande majorité de ces fonds a d'ailleurs été lancée par des filiales des banques.
Les FCP indiciels ont été éclipsés par l'arrivée des FNB. Le fait que les ratios de frais de gestion des FNB sont souvent de beaucoup inférieurs à ceux des FCP de la même catégorie d'actifs y est sûrement pour beaucoup.
Par exemple, l'iShares Core S&P/TSX Capped Composite Index ETF, un FNB dont le mandat est de reproduire le rendement de l'indice composé plafonné S&P/TSX, affiche un ratio de frais de gestion de 0,05 %, par rapport à 0,33 % pour le moins cher des FCP ayant le même mandat, soit la Série e du Fonds indiciel canadien TD. Le FNB est presque sept fois moins cher à détenir que le FCP.
Toutefois, la comparaison doit tenir compte des coûts de transaction. Les FCP indiciels, du moins ceux des banques, ne comportent pas de frais d'achat ou de vente. Par contre, les FNB se négocient comme des actions. Cela sous-entend des commissions à l'achat et à la vente, ce qui peut les rendre onéreux pour un petit investisseur voulant faire des achats périodiques.
En effet, comment justifier de payer une commission standard de 9,95 $ chez la plupart des courtiers à escompte pour effectuer une transaction mensuelle de 100 $ ? Même pour 1 000 $ par mois, vous payez encore 1 % sur chaque transaction, et il faudra compter 120 $ de commission sur un an. Or, même si vous placiez 1 000 $ par mois dans le fonds TD, vos frais de gestion seraient d'à peine 21 $, si la valeur du fonds restait inchangée toute l'année.
Conscientes de cette situation, les sociétés de FNB Blackrock (iShares), Horizons et Purpose ont réagi en instaurant des programmes de prélèvement automatique des cotisations en espèces (PACE), programmes qui sont depuis longtemps une façon populaire d'investir dans des FCP au Canada. Par contre, contrairement aux PACE pour les FCP, ceux des FNB ne permettent que d'acheter des unités entières et non des fractions. De plus, les investisseurs doivent déjà détenir des unités du FNB pour lequel ils veulent mettre en place un PACE.
Certaines maisons de courtage à escompte ont voulu rendre plus accessibles les opérations sur FNB avec différents rabais sur les commissions. La plus importante d'entre elles est Scotia iTrade : elle offre des opérations en ligne gratuites sur 50 FNB, principalement ceux de la gamme iShares. Qtrade, située à Vancouver, en offre sur 60. Questrade permet l'achat de n'importe quel FNB coté au Canada ou aux États-Unis sans commission. Par contre, des frais de réseaux de communication électroniques s'appliquent, de même que les commissions normales à la revente.
Un examen des fonds disponibles pour ces achats, de même qu'une lecture attentive des conditions qui s'y rattachent, sont nécessaires avant d'envisager d'ouvrir un compte de courtage ou en transférer un simplement pour obtenir des opérations au rabais sur FNB.
Être à l'aise avec la négociation en ligne
Il ne faudrait d'ailleurs pas se limiter aux FNB sur ces listes, car plusieurs d'entre eux sont trop étroitement ciblés, selon James Gabriel, stratège responsable des FNB canadiens chez Morningstar à Chicago : «Il y a plusieurs fonds de secteurs, des fonds thématiques et des fonds couvrant un pays, et d'autres produits de niche qui ne sont pas les pierres d'assises d'un portefeuille», dit-il.
Il note aussi qu'on trouve peu de FNB du groupe Vanguard sur ces listes. Or, leurs frais de gestion sont parmi les plus bas. «Un investisseur à long terme payant une commission pour acheter ou vendre un FNB Vanguard devrait encourir des coûts totaux moindres que bien d'autres fonds concurrents qu'on peut acquérir au rabais», estime John Gabriel.
Tout cela suppose que l'investisseur est à l'aise avec la négociation de titres en ligne. Négocier un FNB avec un actif substantiel et dont le volume de transactions est élevé ne devrait pas poser trop de problèmes. Mais plusieurs FNB dont l'actif inférieur à 25 millions de dollars sont peu négociés. De plus, l'écart entre le prix demandé et le prix offert (bid-ask spread) peut être élevé, ce qui constitue un coût de transaction qu'il ne faut pas négliger, selon lui.
Fervent défenseur des FNB indiciels, John Gabriel affirme qu'ils ne sont pas nécessairement la meilleure option dans toutes les situations : «Mais pour des portefeuilles importants au départ, rééquilibrés périodiquement, les FNB sont durs à battre en raison de leurs frais très bas. Au fil du temps, l'effet de ces coûts inférieurs peut être très considérable.»
Complémentaires, les FCP indiciels sont à ses yeux le meilleur outil pour accumuler graduellement du capital par l'intermédiaire d'achats périodiques réguliers. «Malheureusement, la sélection d'options à bas coût est actuellement très limitée. Les fonds de Série e TD sont probablement la meilleure option», juge-t-il.
Les clients de Courtage à escompte TD Waterhouse peuvent investir dans ces fonds au moyen de leurs comptes existants. Les fonds de Série e TD ne sont pas offerts chez les autres courtiers. Ces derniers vendent la série I. Le ratio des frais de gestion de la série I du Fonds indiciel canadien TD est de 0,88 %, par rapport à 0,33 % pour la Série e. On peut aussi ouvrir un compte de Fonds Série e TD au moyen des Services bancaires par Internet BanqueNet de TD Canada Trust.
Yves Bourget a fait carrière dans l'industrie des valeurs mobilières pendant une vingtaine d'années, notamment à titre de vice-président pour le Québec de Placements Altamira, de 1990 à 1997. Il collabore depuis 2001 à la publication Finance et Investissement, notamment en matière de fonds communs.