Avec une première acquisition des droits sur les produits pharmaceutiques Atryn et Photofrin, le président et chef de la direction de Thérapeutique Knight, Jonathan Ross Goodman, jette les bases d'une stratégie qui a connu un grand succès lorsqu'il était à la barre des Laboratoires Paladin.
La pharmaceutique montréalaise Thérapeutique Knight (Tor., GUD, 6,49 $) a conclu récemment une convention d'achat d'actifs avec Orphan Canada, une firme privée de Toronto spécialisée dans les traitements de maladies rares et les médicaments destinés au marché canadien.
«Je sais faire une chose très bien, celle de bâtir une entreprise canadienne pharmaceutique spécialisée et innovante», dit M. Goodman, lors d'un entretien avec Les Affaires.
Le pdg souligne que l'action de la pharmaceutique spécialisée qu'il a vendue plus tôt cette année est passée de 1,50 $ à 142 $ en 19 ans. «J'ai l'intention de faire la même chose avec Knight, d'exécuter la même stratégie. Cela va prendre du temps, mais j'ai confiance d'obtenir de bons résultats.»
L'homme de 45 ans a été l'un des fondateurs des Laboratoires Paladin, où il a occupé presque sans interruption la fonction de président et chef de la direction. Il a dû s'absenter en 2011 après avoir subi un grave accident de vélo. L'entreprise a été vendue en novembre 2013 à Endo Health Solutions pour 3,2 milliards de dollars.
Knight a vu le jour dans la foulée de cette transaction, qui lui conférait notamment les droits de l'Impavido, un médicament qui traite la maladie tropicale leishmaniose transmise par le phlébotome, un insecte à l'allure d'un petit moucheron. Le produit est en vente dans 16 pays, dont les États-Unis, où il a été officiellement approuvé en mars dernier par la Food Drug Administration (FDA). Cette approbation s'accompagnait d'un rare statut d'évaluation prioritaire, qui peut être vendu à fort prix. Celui-ci réduit le temps d'approbation d'un traitement et sert d'incitatif afin que les sociétés investissent dans de nouveaux médicaments.
Explosion des revenus ?
Knight concentre ses efforts sur l'acquisition ou l'obtention sous licence de droits de distribution de produits pharmaceutiques destinés aux marchés canadien et mondial.
Principal actionnaire de la société avec environ 27 % des actions en circulation, M. Goodman a investi personnellement dans la société plus de 65 millions de dollars. L'achat des droits de deux produits pharmaceutiques d'Orphan Canada marque un bon départ, selon le pdg. «C'est notre objectif numéro un : acquérir des droits pour des produits pharmaceutiques innovants et les distribuer ici pour améliorer la vie et la santé des Canadiens», explique-t-il.
«Nous sommes une entreprise où tout est à bâtir à l'image de ce qu'était Laboratoires Paladin. Knight est une société pour mes petits-enfants. Nous cherchons donc des investisseurs patients intéressés par une croissance qui sera durable.»
Depuis le 3 mars 2014, les actions de Thérapeutique Knight sont négociées à la Bourse de croissance TSX et, depuis le 29 avril 2014, à la Bourse de Toronto sous le symbole GUD.
La Financière Banque Nationale, qui suit le titre depuis peu, a émis une recommandation de «surperformance».
«Knight est bien positionnée pour croître en raison d'un bilan financier bien capitalisé. À la fin du deuxième trimestre, Knight était libre de dette et disposait de 235 M$ en liquidités», dit l'analyste Leon Aghazarian.
À ce stade-ci de son développement, les revenus de Knight sont néanmoins modestes, souligne l'analyste. Il s'attend cependant à ce qu'ils augmentent à mesure que les liquidités seront déployées et que sa stratégie éprouvée sera mise en oeuvre. Il estime que les revenus pourraient passer de 1,5 M$ en 2014 à 29,7 M$ l'année suivante et à 59,1 M$ en 2016.
L'analyste reconnaît par ailleurs le fort potentiel du statut d'évaluation prioritaire. «Nous évaluons la valeur du statut de Knight à 75 M $, soit 1 $ l'action.»
«Le Voucher [le statut prioritaire] c'est un peu l'inconnu», dit Alain Chung, gestionnaire de portefeuilles chez Claret. «On sait qu'il a une valeur, mais on ne sait pas laquelle. Il peut être vendu 75 M$ ou 200M$, tout dépend du produit. M. Chung juge aussi que le contexte actuel du marché pourrait rendre plus difficile la répétition du succès passé de M. Goodman. «En tout cas, il ne se répétera pas à la même vitesse», précise celui qui a su profiter de la réussite de Paladin. «Techniquement [avec Knight], vous avez une société qui a un Voucher, de l'argent et trois petits produits. Vous achetez en quelque sorte le futur.» À ses yeux, c'est une action à accumuler dans un portefeuille à long terme.
Matthew Beckerleg, portefeuilliste chez Gestion Pembroke, confie que la réussite de Jonathan Goodman avec Paladin l'a mené à Knight. «Il est un répartiteur de capital hors pair. Il a aussi démontré sa patience et son flair pour réaliser les bonnes acquisitions. Nous croyons qu'il pourra répéter la réussite de Paladin.»
Leon Aghazarian recommande l'achat du titre et fixe sa cible à 6,50 $, soit environ le cours actuel du titre.