L'attention que porte la Banque Laurentienne (Tor., LB, 47,99 $) à la croissance de son portefeuille de prêts commerciaux porte ses fruits. Mais malgré des résultats meilleurs que prévu, les analystes continuent de bouder la banque régionale québécoise.
Au troisième trimestre clos le 31 juillet, la Laurentienne est parvenue à accroître son portefeuille de prêts hypothécaires commerciaux de 16 % et celui des prêts aux entreprises de 18 %. Ces gains lui ont permis d'afficher un bénéfice par action de 1,48 $, tandis que les analystes sondés par Bloomberg s'attendaient à 1,43 $.
Pourtant, les résultats n'ont pas suscité d'optimisme chez les analystes. Aucun n'émet de recommandation d'achat. Ils sont huit à suggérer de conserver le titre, tandis que deux recommandent de le vendre.
Une croissance insuffisante ?
La totalité du portefeuille de prêts de la Laurentienne a gonflé de 5 % au troisième trimestre par rapport à la période correspondante l'année dernière. Néanmoins, il faudrait qu'elle puisse enregistrer «constamment» une progression supérieure à 5 % pour mériter une recommandation d'achat, avance Shubha Khan, de la Financière Banque Nationale. L'analyste ne voit pas d'avenues pour maintenir un tel rythme. Il émet une recommandation «performance de secteur» et bonifie son cours cible de 51 $ à 52 $.
Tout n'est pas sombre pour autant, nuance John Aiken, de Barclays, qui formule tout de même une recommandation «sous-performance» et abaisse son cours cible de 49 $ à 48 $. La Laurentienne n'est pas exposée aux aléas du pétrole. Moins chère que le titre des six grandes banques canadiennes, l'action s'échange à un prix similaire à sa valeur comptable de 47,45 $. Le rendement du dividende est de 4,6 %.
«En raison de la morosité économique au Canada et de l'absence de catalyseurs à moyen terme, l'évaluation du titre risque très probablement de stagner», dit M. Aiken.
Dépenses et provisions
Le consensus quant au manque de carburant pour alimenter la croissance se dissout lorsque vient le moment d'interpréter le recul des provisions pour pertes. La diminution des sommes mises de côté pour pallier les défauts de paiement des emprunteurs démontre la qualité du portefeuille de prêts, affirme la direction, selon qui ce seuil sera soutenable.
Robert Sedran, de Marchés mondiaux CIBC, partage cet avis et en tient compte dans ses prévisions. Il établit sa recommandation à «performance de marché» et sa cible à 51 $.
Quant à Sumit Malhotra, de Banque Scotia, il anticipe qu'une augmentation des provisions pour pertes sera inévitable à mesure que croîtra le poids des prêts aux entreprises. Il émet une recommandation «performance de secteur» et une cible de 52 $.
Les dépenses de l'institution financière sont également dans la ligne de mire. L'implantation de la nouvelle réglementation sur les informations transmises aux clients détenteurs de placement (MRCC 2) augmente les dépenses salariales et technologiques. «Étant donné la plus petite taille de la Banque Laurentienne, ces coûts auront un plus grand impact sur elle que sur les grandes banques», affirme Doug Young, de Desjardins Marché des capitaux. Il annonce une recommandation «performance de secteur» et une cible de 50 $.
« Depuis deux ans, le titre de la Laurentienne a augmenté de 8 %. Source : Bloomberg »
La Banque Laurentienne, en chiffres
Capitalisation boursière : 1,4 G$
Creux des 52 dernières semaines : 43,75 $
Sommet des 52 dernières semaines : 51,84 $
Rendement du dividende : 4,6 %
Revenus
2013 865,3 M$
2014 874,1 M$
2015¹ 895,3 M$
2016¹ 943,1 M$
Bénéfice par action
2013 5,26 $
2014 5,31 $
2015¹ 5,60 $
2016¹ 5,87 $
¹ Prévisions
Source : Bloomberg