GLV (Tor., GLV.A) veut revendre sa division de pâtes et papiers à son cofondateur pour 65 M$. Critiquée par un important actionnaire, la transaction a été faite en toute indépendance, défend la direction de l’entreprise montréalaise.
Si la privatisation est approuvée lors de l’assemblée prévue en novembre, GLV changera de mission et d’identité. L’entreprise, qui restera cotée en Bourse, se concentrera uniquement sur le traitement d’eau et deviendra Ovivo, le nom que porte la division de GLV en ce moment.
La famille Verreault rachète ainsi les activités de pâtes et papiers pour un montant de 65 M$. Laurent Verreault est cofondateur et président exécutif du conseil. Il détient près de 77% des actions à droits de votes multiples. Cette catégorie d’actions représente 65,8% des votes au total. Son fils, Richard Verreault, est le chef de la direction.
Un actionnaire mécontent
La transaction a été mal accueillie par l’un des importants actionnaires de GLV. « Ça n’a pas d’allure », dénonce Alain Chung, gestionnaire de portefeuille chez Claret. La firme montréalaise, qui gère plus d’un milliard d’actifs, possède 2,3 millions d’actions de GLV, soit une participation de près de 5%. « Si la division de pâtes et papiers représente une bonne affaire pour la famille Verreault, ça l’aurait été pour tous les actionnaires, ajoute-t-il. Ce n’est pas correct qu’on nous enlève une division rentable.»
Selon M. Chung, l’attrait de l’action de GLV se trouve dans la division de pâtes et papiers. « C’est ce qui nous intéressait, c’est ce qui générait de bons flux de trésorerie. L’horizon est plus incertain pour le traitement d’eau. Le papier nous a convaincus de rester. »
M. Chung ne sait pas si Claret se départira de ses titres ou si elle gardera Ovivo dans son portefeuille. « Il faudra analyser ça, mais c’est sûr qu’on a perdu confiance en la direction. »
GLV se défend
GLV se défend d’avoir favorisé la famille Verreault. En fait, leur proposition a été faite à défaut d’avoir trouvé un autre acheteur, répond Marc Barbeau, en entrevue en marge de l’assemblée des actionnaires tenue jeudi. « On a déjà essayé de trouver un acquéreur au cours des quatre dernières années », raconte le président de la division Ovivo et celui qui dirigera la nouvelle entité si la transaction est approuvée « Il y a eu des gens intéressés. Certaines démarches ont même été assez loin. L’offre de la famille Verreault est supérieure à tout ce qu’on a eu par le passé. C’est rassurant pour les actionnaires. »
Marc Barbeau défend l’indépendance du conseil qui a pris la décision de vendre. La transaction a été analysée par un comité formé d’administrateurs indépendants. L’entreprise a aussi demandé l’expertise externe de KPMG et de la Banque Nationale, qui ont déterminé que l’offre était juste. De plus, l’industrie dispose de 45 jours pour faire une contre-offre afin de trouver un acheteur disposé à payer davantage.
Malgré le poids de Laurent Verreault dans l’actionnariat, les actionnaires ordinaires auront leur mot à dire, assure M. Barbeau. Pour que l’achat aille de l’avant, la majorité des actionnaires, excluant les membres de la famille Verreault, devront l’approuver.
Le vote de la Caisse de dépôt et placement du Québec (18,68% des actions subalternes), et celui du Fonds de solidarité FTQ (11,08% des actions subalternes) pèseront fortement dans la balance.
Alain Chung n’est pas rassuré par les explications de la direction. Il croit que le délai de 45 jours est trop court pour trouver une contre-offre. « Il n’y en aura certainement pas avec ce délai. »
Un bon prix?
Le gestionnaire de portefeuille critique également le prix de vente. La division a été vendue à 65 M$. Cela représente 6,1 fois le bénéfice annuel avant impôts, intérêts et amortissements (BAIIA) en moyenne depuis cinq ans. M. Chung croit que la période choisie, qui inclut un moment difficile pour l’industrie, fait paraître le prix d’achat plus intéressant qu’il ne l’est vraiment. « On le voit bien qu’il inclut de mauvaises années en reculant de cinq ans, s’indigne-t-il. On n’est pas cave. »
M. Barbeau, au contraire, affirme que la transaction est attrayante pour les actionnaires. La direction sera en mesure de se concentrer sur une seule activité. Les liquidités obtenues permettront d’améliorer le bilan d’Ovivo et d’adopter une stratégie de croissance par acquisition. Des trois secteurs d'Ovivo, les services aux municipalités et l’énergie ont le plus fort potentiel de croissance, selon lui.
M. Barbeau estime qu’Ovivo pourra procéder à une acquisition dans les 12 à 18 mois suivant l’approbation. La cible sera une entreprise générant un revenu d’entre 25 M$ et 100 M$. « Oui, nous avons identifié des cibles. On pense contacter leurs dirigeants au cours des prochains trimestres. Heureusement, pour nous, c’est un marché qui est très fragmenté, il y a donc beaucoup d’occasions. »
Les arguments de M. Barbeau ont bien résonné dans le marché. Son action a gagné 4,48% à 3,03$ jeudi.