En mal de contrats pour regarnir son carnet, Groupe CGI (Tor., GIB.A, 40,85 $) repart à la chasse aux acquisitions.
«Une transaction est probablement imminente», suggère dans une note Kris Thomson, analyste chez Financière Banque Nationale.
La hausse de 15 % de son action cette année, à un sommet de 41,47 $, comprend déjà en partie ces attentes.
Une nouvelle acquisition serait bienvenue, parce que les revenus de la société montréalaise stagnent et que son carnet de commandes décline.
Sans l'effet des devises, ses revenus ont diminué de 3,4 % au quatrième trimestre.
Une partie de ce recul est attribuable à la stratégie de CGI de ne pas renouveler les contrats les moins rentables.
L'ancien moteur de la croissance de CGI, les États-Unis, est devenu un boulet.
La valeur des nouveaux contrats américains a chuté de 18 % au quatrième trimestre, dit Michael Urlocker, analyste chez Valeurs mobilières GMP.
Le ratio qui compare les nouveaux contrats aux revenus déjà facturés indiquait 82 % à la fin du trimestre. Un ratio inférieur à 100 % signifie que la société ne remplace pas ses revenus.
Le renouvellement d'un contrat avec BCE annoncé après le trimestre - d'une valeur de 2 milliards de dollars d'ici 2026 - porte toutefois ce ratio à 116 %.
«La société dégage de bonnes marges et de bons flux de trésorerie. Mais, sans acquisition, le potentiel de son titre paraît limité», indique Maher Yaghi, analyste chez Desjardins Marché des capitaux.
Les moyens de ses ambitions
Le moment serait propice à une transaction, puisque CGI termine d'intégrer la britannique Logica, acquise en août 2012. En éliminant 6 à 7 % des revenus de Logica jugés non rentables et en lui transmettant ses meilleures pratiques, CGI a gonflé sa marge d'exploitation de 10,9 à 12 %, depuis un an.
«Après avoir concentré ses efforts sur la réduction de ses coûts, la société est prête à stimuler ses revenus», dit Stephanie Price, de Marchés mondiaux CIBC. CGI a généré des fonds record de 412 millions de dollars de son exploitation au quatrième trimestre, soit 150 % de plus qu'un an plus tôt.
«L'entreprise prospecte activement des acquisitions et bénéficie d'une grande capacité financière», ajoute M. Urlocker.
La société a accès à des capitaux de 2 G$, soit un financement inutilisé de 1,5 G$ et une encaisse de 500 M$, indique Justin Kew, de Cantor Fitzgerald.
Avec des intérêts moyens de 2 % sur ses emprunts, la dette est une source de capital très rentable pour CGI.
«La société serait à l'aise avec une acquisition de l'ordre de 2 à 3 G$, sans avoir à émettre de nouvelles actions», indique Thanos Moschopoulos, de BMO Marchés des capitaux.
Paul Steep, de Banque Scotia, s'attend plutôt à de petits achats ciblés.
«CGI sera aussi disciplinée et patiente qu'elle l'a été dans le passé. Les dirigeants pourraient attendre que les prix demandés reculent avant de bouger dans certaines régions», évoque pour sa part Mme Price.
La société de Montréal pourrait acheter aux États-Unis, où elle veut faire croître ses activités commerciales pour contrer le déclin des contrats du gouvernement fédéral.
CGI pourrait tout autant faire son prochain achat en Europe afin de donner une meilleure force de frappe à Logica, tout en profitant d'un euro faible.
L'entreprise croît peu, mais les analystes concentrent toute leur attention sur ses flux de trésorerie excédentaires.
«Ses flux de trésorerie excédentaires surpassent ses bénéfices depuis trois trimestres», fait valoir Robert Peters, de Credit Suisse.
Sans les frais de restructuration, ses flux de trésorerie ont atteint 1,3 G$ au cours des 12 derniers mois.
«Ces résultats devraient rassurer ceux qui craignaient que des ajustements comptables aient embelli les fonds générés par Logica», note M. Yaghi.
Stephanie Price, de Marchés mondiaux CIBC, juge que CGI a réussi la plus importante intégration de son histoire. La digestion de Logica lui a coûté 575 M$. Les synergies de 400 M$ dépassent à ce jour les objectifs de 25 M$, dit-elle.
De meilleures perspectives pour 2015
Le géant montréalais dirigé par Michael Roach mise également sur une reprise des contrats aux États-Unis et une amélioration des revenus en Europe, plus tard en 2015.
De meilleurs revenus et surtout des contrats plus rentables devraient stimuler la croissance des bénéfices l'an prochain, prévoit M. Peters.
D'autant que l'impartiteur de services informatiques continue de réduire ses coûts en Europe. «Au cours actuel, son titre est attrayant pour une entreprise qui peut faire croître ses bénéfices de 10 % par année, en plus du potentiel d'acquisitions», soutient M. Moschopoulos. L'analyste maintient son cours cible de 45 $.
CGI en quelques chiffres...
> L’action de CGI se négocie à un multiple de 12,8 fois les bénéfices prévus dans 12 mois.
> Gain de l’action depuis le début de l’année : + 15 %
> Croissance prévue des bénéfices sur 5 ans : + 10 %
> Des 24 analystes qui suivent le titre, 19 en recommandent l’achat, 4 de le conserver et 1 de le vendre.
> Cours cible moyen : 46,69 $
Source : Bloomberg