Que faire avec les titres de Stingray, Corus et Open Text? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Stingray (RAY.A, 8,68$): l’achat transformationnel en radio doit faire ses preuves
Adam Shine de la Financière Banque Nationale se penche sur l’achat inattendu du deuxième groupe de radio au pays Newfoundland Capital, après plusieurs semaines de silence imposées par le fait que le courtier finance Stingray.
Surpris par la transaction transformationnelle de 506 millions de dollars, M. Shine y voit un bon coup si Stingray l’intègre bien et exploite ses nouvelles ressources financières pour poursuivre sa diversification internationale.
M. Shine rappelle qu’après la transaction, la très rentable Newfoundland Capital procurera à Stingray 59% de son bénéfice d’exploitation, dans une industrie dont les revenus de publicité sont en déclin.
De plus, 77% de ses revenus seront réalisés au Canada.
L’analyste abaisse son cours-cible de 12 à 11$ après avoir évalué les activités de Stingray séparément. Cet objectif équivaut à un multiple de 15 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2019.
L’évaluation de la société reste très sensible aux taux d’intérêt en raison de la dette qui représente 3,6 fois le bénéfice d’exploitation.
Étant donné la chute du titre de Stingray en réaction à l’achat surprise de NCC le 2 mai, son nouveau cours-cible entrevoit un potentiel de récupération de 29%.
Outre les synergies attendues de 15 millions de dollars sur 24 mois et la vente d’actifs superflus de NCC (dont un hôtel), M. Shine veut voir Stingray rétablir un meilleur équilibre dans ses sources de revenus à l’aide d’achats étrangers dans la distribution de musique.
Corus (CJR.B, 5,10$): le diffuseur crève l’abcès, mais son avenir reste incertain
Corus (CJR.B, 5,10$): le diffuseur crève l’abcès, mais son avenir reste incertain
Habituellement lorsqu’une entreprise coupe son dividende pour rembourser ses dettes, l’abcès est crevé et la société peut repartir sur de nouvelles bases.
Dans le cas de Corus, qui a charcuté son dividende annuel de 79% à 0,24$ par action , les analystes, incluant Maher Yaghi de Desjardins Marchés des capitaux, doutent que le télédiffuseur puisse renverser la vapeur.
À son avis, la décision de dévaluer ses médias d’un milliard de dollars, deux ans seulement après l’achat de Shaw Media, révèle que le déclin de la télévision s’accélère.
Autre pierre d’achoppement: la réduction du dividende libère seulement 180 millions de dollars, si bien que la dette restera élevée à 3,9 fois le bénéfice d’exploitation à la fin de 2019.
«Corus distribuera dorénavant 15 à 20% de ses flux de trésorerie en dividendes, ce qui est un niveau approprié pour une entreprise endettée dont la croissance des revenus est incertaine», écrit M. Yaghi.
Malgré un bon contrôle des coûts, l’analyste prévoit un déclin de 2,5% du bénéfice d’exploitation en 2018 et de 4,9% l’année suivante.
À moyen terme, les perspectives restent mitigées. Bien que Corus cherche à mieux monétiser ses actifs media, le fait qu’elle ne contrôle ni son contenu ni sa distribution, à l’ère de Netflix, risque d’éroder ses revenus à moyen terme.
«Le titre de Corus reste risqué même si le diffuseur dégage de bons flux de trésorerie libres. Il faudrait que la publicité se stabilise pour que les investisseurs regagnent confiance», conclut M. Yaghi.
Il abaisse son cours cible de 8,50 à 6,50$ et recommande de conserver le titre.
M. Yaghi ne glisse pas un mot sur la spéculation entourant la vente par Shaw Communications(SJR.B) de son bloc de 38% de Corus ni la possibilité que l’assureur Fairfax(FFH) soit un investisseur intéressé.
Open Text (OTC, 46,48$): un leader techno canadien incompris
Open Text (OTC, 46,48$): un leader techno canadien incompris
Richard Tse de la Financière Banque Nationale profite de l’approche de la conférence annuelle des clients d’Open Text pour faire valoir que le fournisseur de logiciels de gestion mérite un nouveau regard.
«Open Text est un titre de technologie qui fait débat. Nous croyons que son passage à vide en Bourse offre une nouvelle occasion de cueillir son titre», note l’analyste.
M. Tse attribue le recul de 2% du titre au Nasdaq à ce jour en 2018 au fossé qui sépare les investisseurs à court et à long terme. L’engouement pour les titres FAANG américains dirige les investisseurs vers leurs émules canadiennes Shopify et Kinaxis.
Open Text n’a pas procuré de croissance interne entre 2015 et 2016, reconnaît l’analyste. Toutefois, le portrait a basculé depuis quatre trimestres grâce à un nouvel effort des dirigeants.
«Ceux qui suivent nos écrits savent que nous croyons que le titre d’Open Text est sous-évalué puisqu’il accorde peu de valeur à la masse critique de la société qui dégagera des flux d’un milliard de dollars de son exploitation d’ici 2020», renchérit M. Tse.
Ses détracteurs n’aiment pas la volatilité des résultats trimestriels, mais ses bénéfices annuels ont dépassé les attentes de façon régulière, ajoute-t-il.
Un investisseur qui aurait profité des reculs trimestriels du titre depuis 10 ans aurait ajouté 139% à son rendement par rapport à un autre qui aurait bonnement conservé le titre pendant toutes ces années.
Open Text offre une bonne base de revenus récurrents et un bon levier de rentabilité, au fil des acquisitions. L’éventuelle reconnaissance du retour de la croissance interne ajoute à ce potentiel.
Son cours-cible de 50$US équivaut à un multiple de 15,5 fois le bénéfice attendu en 2018. Cet objectif offre un généreux rendement potentiel de 45%.