Que faire avec les titres de SNC-Lavalin, La Baie et Aecon? Voici quelques recommandations qui pourraient influencer les cours prochainement. Note: l'auteur peut avoir une opinion différente de celle des analystes.
SNC-Lavalin (Tor., SNC, 53,01$) : le pire anticipé
Le marché semble croire que toutes les tuiles vont s’abattre sur la firme de génie-conseil montréalaise, constate Maxim Sytchev, de Financière Banque Nationale. Si des embûches sont à prévoir, l’analyste pense qu’un scénario où tout irait mal est très peu probable.
M. Sytchev identifie trois évènements négatifs qui sont pris en compte dans l’évaluation du titre. La première serait des charges équivalentes à 105 M$ liées entre autres au projet du pont Champlain et à des projets de l’acquisition Kentz. Le deuxième serait une perte du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 200 M$ en raison du dépassement de certaines échéances. Le troisième est une compression d’une longue durée de la valeur de l’entreprise sur le BAIIA. Ce ratio passerait d’une moyenne historique de 7,5 fois à 6 fois pour rejoindre les entreprises de construction.
L’analyste constate également que l’annonce de nouveaux projets à travers l’industrie déçoit. Le ratio commande/facturation est inférieur à 1 dans la majorité des compagnies de l’industrie. En bas de 1, ce chiffre indique que la valeur des projets à venir est inférieure à celle des projets facturés, ce qui met à risque d’une diminution des revenus. Le ratio est de 0,7 fois pour SNC. Le rythme des annonces s’est toutefois accéléré, note l’analyste avec des projets dans le minier à Oman et le White Rose Project dans le pétrole et gaz. Pour l’instant, le marché attend l’annonce d’un grand projet au cours de la deuxième moitié de l’année, estime l’analyste.
Pour le moment, le titre s’échange à un ratio de 5,1 fois la valeur de l’entreprise sur le BAIIA. C’est plus bas que les 6 fois du scénario «pessimiste » évoqué plus haut. À ce seuil, la société s’échange comme une compagnie de construction, sans prendre en compte la valeur des lucratives concessions d’infrastructure comme l’autoroute 407 en Ontario.
Financière Banque Nationale émet une recommandation « surperformance » et une cible de 69$, ce qui représenterait un rendement de 32% d’ici un an.
La Baie (Tor., HBC, 11,45$) : la privatisation de la compagnie?
La Baie réviserait ses options stratégiques, ce qui pourrait aboutir sur la vente d’actifs immobiliers ou la privatisation de la compagnie, rapporte Reuters.
Vishal Shreedhar, de Financière Banque Nationale, croit que la privatisation représente certains avantages. La plus ancienne compagnie d’Amérique du Nord pourrait se restructurer avec plus de liberté. Pour ce qui est de la vente d’actifs immobiliers, M. Shreedhar croit que cela ne résoudrait pas tous les problèmes de La Baie.
L’analyste maintient sa thèse. «La compagnie possède un parc immobilier attrayant, une plateforme internationale, des marques maison populaires, une direction innovante et une présence forte dans certains marchés, écrit-il dans une note. Toutefois, ces atouts sont éclipsés par une lourde dette, un faible rendement du capital, des flux de trésorerie négatifs et un déclin du bénéfice avant impôts, intérêt et amortissement (BAIIA). Si la direction parvenait à augmenter sa rentabilité en réduisant sa dette, le marché accorderait une plus grande valeur à la société.»
Il renouvelle une recommandation «performance de marché» et une cible de 10$.
Aecon (Tor., Are, 17,24 $) : une autre possibilité de privatisation?
Aecon aurait embauché deux conseillers afin d’analyser si la privatisation de la compagnie est une avenue qu’elle souhaite poursuivre. Les attraits de la société permettent d’espérer un prix généreux, croit Ben Jekic, GMP Securities.
L’analyste estime que l’offre pourrait valoir 7 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA). Cela représenterait une valeur de 23$ par action. Même après la hausse du titre lié à l’ébruitement de la nouvelle par Bloomberg, le titre s’échange à 5,6 fois la valeur de l’entreprise sur le BAIIA 2018, ce qui représente une modeste aubaine sur les comparables.
M. Jekic pense qu’il est peu probable qu’un acheteur canadien se manifeste. Il pense qu’une offre est plus probable de la part d’une firme européenne ou chinoise.
Comme la vente (et même le temps pour la réaliser) demeure incertaine, l’analyste réitère sa cible de 20$. Il maintient sa recommandation d’achat.