Que faire avec les titres de Saputo, Banque Scotia et Alphabet? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Saputo (SAP, 41,25$): le transformateur laitier rate la cible et les défis se multiplient
Le marché américain, où Saputo réalise plus de la moitié de son bénéfice d’exploitation, a donné du fil à retordre à la société pour un deuxième trimestre consécutif.
Résultat: le bénéfice de 0,47$ a baissé de 4% et a raté la cible de 0,49$ de la Financière Banque Nationale et le consensus de 0,50$, malgré le coup de pouce de 0,03$ de la baisse d’impôts américaine, au troisième trimestre.
La baisse du prix du fromage en meule est un important facteur dans le recul de 23% du bénéfice d’exploitation américain, qui a notamment obligé la société à dévaluer des stocks.
À l’international, les ventes et le bénéfice d’exploitation ont augmenté de 19% et de 22% respectivement grâce à de meilleurs volumes et prix de vente, en Argentine et en Australie notamment.
«Sans certains éléments temporaires, le bénéfice d’exploitation a légèrement diminué», indique Vishal Shreedhar.
Bien que certains des remous de marché s’avéreront passagers, l’analyste s’attend tout de même à ce que les marges restent sous pression.
Saputo doit aussi composer avec l’impact de l’Accord commercial Trans-Pacifique et la renégociation de l’Aléna qui faciliteront à terme l’entrée de nouveaux concurrents dans ses principaux marchés.
Saputo réitère qu’elle dispose toujours d’une capacité d’acquisitions d’au moins 3 milliards de dollars et laisse entendre que le pipeline d’achat s’accroît étant donné que les autres acteurs du marché souffrent encore plus des maux de l’industrie laitière.
M. Shreedhar estime que l’achat prochain de Murray Goulburn en Australie a le potentiel d’ajouter 0,21$ à ses bénéfices annuels.
Dans l’intervalle, l’analyste reste neutre envers la société et réduit son multiple d’évaluation et son cours cible de 49 à 46$ à cause de la conjoncture volatile du lait et de la compression des évaluations du secteur mondial de la consommation de base.
Banque Scotia (BNS, 80,75$): bien positionnée à l’international, mais l’Aléna reste un nuage à court terme
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La plus internationale des banques canadiennes est assez confiante dans ses perspectives à moyen terme pour relever le bas de sa fourchette de croissance des bénéfices de 5 à 7%, lors de la journée des investisseurs.
Le potentiel à l’international, ainsi que ses multiples efforts internes pour réduire ses coûts, lui donnent une bonne visibilité, fait valoir Doug Young, de Desjardins Marché des capitaux.
La banque croit pouvoir réduire ses frais autres que ceux d’intérêts de 200 millions de dollars de plus que ce qu’elle avait prévu pour 2018 et 2019.
Cela lui donne un bon coussin pour réduire son ratio de dépenses à 52% en 2019 et à 50% en 2021, dans l’éventualité où ses revenus augmenteraient moins vite que prévu, explique M. Young.
L’achat de la banque BBVA Chili est aussi prometteur puisque Scotia prévoit réduire ses dépenses d’exploitation de 53 à 45% en proportion des revenus, d’ici trois ans.
D’ici 5 ans, le marché chilien devrait lui procurer des bénéfices d’un milliard de dollars, trois fois plus qu’en 2017.
La croissance internationale et la réduction des coûts sont deux bons moteurs pour la banque, mais à court terme la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain, sur lequel la banque a bâti toute sa structure d'affaires , portent ombrage à ces perspectives.
L’analyste réitère sa recommandation d’achat et son cours cible de 89$.
Alphabet-Google (GOOGL, 1181,59$US): même ce titan du Web n’échappe pas au test des marges
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Aux yeux de Daniel Salmon de BMO Marchés des capitaux, les résultats du quatrième trimestre rappellent encore une fois qu’Alphabet est une entreprise comme les autres qui voit ses marges fléchir malgré sa forte croissance, à mesure qu’elle mûrit.
«L’infonuagique, YouTube et les divers appareils Google –des technologies excitantes pour des milliards d’utilisateurs - assureront sa deuxième phase de croissance, mais les marges élevées dont bénéficiait l’engin de recherche sont révolues», écrit-il.
Ainsi malgré une hausse de 24% des revenus à 32,3 milliards $US, le bénéfice d’exploitation de 11,5G$US et le bénéfice net de 9,70$US ont été inférieurs aux attentes de l’analyste, au quatrième trimestre à cause d’un bond important des coûts, notamment pour le partage des revenus des vidéos et le coût d’acquisition de clients.
La marge brute a en effet décliné de 400 points, par rapport au troisième trimestre, la plus forte contraction de l’histoire de la société.
«Les investisseurs sont bien au fait du bond des coûts d’acquisition de clients, mais ils doivent aussi porter attention à la hausse des autres coûts, notamment ceux des assistants vocaux et des cellulaires», note l’analyste.
Alphabet demeure un titre de technologie de qualité à conserver, mais M. Salmon préfère le potentiel supérieur de croissance de sa rivale Amazon(AMZN).
Alphabet est tout de même préférable à Facebook(FB), étant donné à la force de son fureteur pour la recherche mobile, le potentiel de publicité encore inexploité de ses plateformes YouTube et Google Maps, ainsi que la croissance rapide de potentiel de Google Cloud.
La croissance des revenus encore supérieure à 20% l’incite à relever son cours cible 1080 à 1100$US, ce qui laisse tout de même entrevoir un recul de 7% du titre, d’ici un an.