Que faire avec les titres de Metro, BRP et Canopy? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Metro (MRU, 41,88$): l’épicier suit son plan de match et gagne des parts de marché
Keith Howlett, de Desjardins Marché des capitaux, avait déjà des attentes modestes si bien que la hausse de 7% du bénéfice à 0,75$ par action et de 14% du bénéfice d’exploitation, rencontre ses attentes.
L’augmentation de 2% des ventes des épiceries comparables, par rapport à l’inflation interne de 0,5% des aliments, indique que Metro gagne des parts de marché, dit-il. M. Howlett avait prévu une hausse d’un pourcent.
De plus, la hausse des prix des produits alimentaires - tels que les cannages, le jus d’orange, le yogourt entre autres -seront bientôt refilés aux consommateurs, ce qui gonfle habituellement les revenus et le levier opérationnel des épiciers.
Par contre, comme prévu, la hausse du salaire minimum en Ontario et des frais de transport, ainsi que le recul des prix des médicaments génériques, nuisent aux marges à court terme.
Les synergies promises de 75 millions de dollars de l’acquisition de l’intégration du Groupe Jean Coutu (soit 25% du bénéfice d’exploitation de Jean Coutu) débuteront au prochain trimestre, et s’étaleront sur trois ans.
Ces synergies n’incluent pas le potentiel à venir de la vente accrue d’aliments chez Jean Coutu et de produits de santé-beauté chez Metro ou encore l’élargissement de l’offre de marques privées dans les deux réseaux.
L’épicier devrait recommencer à racheter des actions dès 2019, car sa dette diminue rapidement. M. Howlett prévoit aussi Metro vende ses 1,5 million d’actions résiduelles d’Alimentation Couche-Tard(ATD.B, 61,37 $), d’ici 12 mois.
Ces actions ont une valeur de 300 M$.
M. Howlett ne touche pas à ses prévisions de bénéfice de 2,67$ par action pour 2018 et augmente légèrement celles de 2019 de 2,92 à 2,95$ par action.
Son cours-cible reste à 50$, offrant un gain potentiel de 21%.
BRP (DOO, 65,40$): bon trimestre en vue, mais l’évaluation élevée dérange
BRP (DOO, 65,40$): bon trimestre en vue, mais l’évaluation élevée dérange
Cameron Doersken, de la Financière Banque Nationale, s’attend à un bon deuxième trimestre, le 30 août de la part du fabricant des produits récréatifs.
Le bénéfice d’exploitation, le repère de l’industrie, devrait bondir de 36%, tandis que le bénéfice net explosera de 94% à 0,35$US par action.
Cette prévision est de 0,05$US supérieure au consensus.
La bonne conjoncture en Amérique du Nord, le faible taux de chômage surtout, stimule l’humeur dépensière des consommateurs dont BRP a besoin pour vendre plus de motomarines, de motoneiges, de bateaux et de véhicules hors route.
En septembre, BRP lancera son nouveau modèle de véhicule à trois roues Spyder d’entrée de gamme pour attirer des clients plus attentifs aux prix. Son prix inférieur à 10000$US se compare au modèle actuel qui se détaille 16000$US, précise l’analyste.
BRP devrait aussi hausser ses orientations puisque ses deux dernières acquisitions marines ajouteront 200 millions de dollars américains à ses revenus annuels.
Si M. Cameron est confiant que BRP exécutera son plan de match, l’évaluation de son action l’empêche de recommander l’achat du titre.
Son titre s’échange à 21,1 fois le bénéfice prévu par rapport à sa propre moyenne historique de 16,3 fois et au multiple de 16,3 fois de son rival américain Polaris Industries (PII, 106,54$US).
M. Cameron augmente légèrement son cours cible de 66 à 67$, soit 10 fois le bénéfice d’exploitation attendu en 2020, un objectif qui correspond au cours actuel.
Canopy Growth (WEED, 42,20$): la doyenne du cannabis obtient 5 G$ pour prendre les devants de l’industrie mondiale
Canopy Growth (WEED, 42,20$): la doyenne du cannabis obtient 5 G$ pour prendre les devants de l’industrie mondiale
La doyenne du cannabis prend encore plus de galon après l’injection de capital de 5 milliards de dollars de la part de Constellation Brands (STZ, 208,27$).
C’est 12 fois plus que les liquidités de ses plus proches rivaux et dépasse tout ce que l’industrie a récolté en capital en Bourse à ce jour.
Le producteur des vins Mondavi et de la bière Modelo aura 38% de Canopy et l’option de devenir l’actionnaire de contrôle, d’ici trois ans, précise Matt Bottomley, de Canaccord Genuity.
Outre son apport en mise en marché et en branding, Constellation occupera aussi quatre des sept sièges au conseil de Canopy.
Alors que l’investissement original de Constellation de 245M$ pour 9,9% des actions était perçu comme une mesure défensive en prévision du fait que la marijuana cannibalisera les ventes de vins et de bière, il semble que Constellation veut désormais donner naissance à un leader mondial du cannabis, explique Matt Bottomley, de Canaccord Genuity.
«Par cette transaction transformationnelle pour la société et pour l’industrie, nous croyons que Canopy devient substantiellement mieux positionnée qu’avant pour exploiter l’avantage de pionnière que lui procurent le capital et le levier stratégique de Constellation», écrit l’analyste enthousiasmé.
D’ailleurs, Canopy compte utiliser une bonne part des 5G$ de dollars de capital pour étendre de 11 à 30 pays les marchés de cannabis médical où elle compte opérer.
L’Ontarienne n’a pas besoin ajouter à sa culture canadienne de plants, mais veut étendre son savoir-faire pharmaceutique et technologique afin de mettre au point de nouveaux produits à valeur ajoutée et de rester aux devants de son industrie, explique l’analyste.
L’entreprise de Smith Falls aurait déjà des achats d’un milliard de dollars dans sa mire.
Canopy a fort à faire pour devenir «l’empire du cannabis» auquel aspire Constellation comme en témoigne le déficit d’exploitation de 22M$ du premier trimestre, cinq fois plus important qu’un an plus tôt. Sa perte nette a décuplé à 90M$ ou 0,40$ par action, malgré le bond de 63% de ses revenus.
L’action de Constellation a perdu 6% en Bourse après l’annonce de la transaction.
La prise de contrôle graduelle de Constellation doublera le nombre d’actions en circulation de Canopy d’ici trois ans, ce qui diluera d’autant les futurs profits par action.
Par contre, Constellation paiera de 51 à 56% de plus que le cours actuel pour ses actions et apportera un total de 9,5G$ dans ses coffres.
M. Bottomley gonfle donc son cours-cible de 34 à 50$ et recommande de nouveau l’achat du titre en lui accolant une étiquette spéculative.
«Le titre reste le plus chèrement évalué de l’industrie (29 fois le bénéfice d’exploitation projeté en 2020), mais la capacité de Canopy de mener son industrie et de sauter sur les meilleures occasions à l’international justifient la plus-value », écrit l’analyste.
Les contrats d’approvisionnement en mains représentent des revenus d’environ 300 millions de dollars. M. Bottomley prévoit que ces revenus tripleront à 919 M$, d’ici 2020.
À ce moment-là, son bénéfice d’exploitation devrait atteindre 333M$ et son bénéfice 0,68$ par action.