Que faire avec les titres de Banque Royale, Magna International et McDonald Dettwiler. Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Banque Royale (RY, 98,26$): de meilleurs résultats sur toute la ligne, mais les attentes étaient élevées
La plus grande banque au pays a dévoilé de meilleurs résultats que prévu, à l’exception de l’assurance, mais son titre a peu réagi, car il avait déjà grimpé sur des attentes élevées, explique Doug Young, de Desjardins Marché des capitaux.
Le récupération de provisions dans son portefeuille de prêts à l'industrie pétrolière a donné un bon coup de pouce aux résultats.
Le bénéfice récurrent de 1,87$ par action a dépassé ses prévisions de RBC de 7%, tandis que la hausse du dividende annuel de 0,83 à 0,87$ a été le double de ce qu’il avait prévu.
La banque verse 47% de ses bénéfices en dividendes, dans le haut de sa fourchette de 45 à 50%.
La banque bénéficie clairement de ses économies d’échelle, dit l’analyste, ce qui lui permet d’investir d’importantes sommes en technologie et dans ses efforts de ventes, sans trop nuire à ses marges.
M. Young note aussi que la Banque Royale est la seule parmi les grandes banques à ne pas avoir comptabilisé de charge de restructuration, une pratique qui embellit le levier de rentabilité de ses rivales.
La banque présente trois atouts, fait valoir l’analyste.
Sa filiale américaine City National est en bonne position pour continuer d’améliorer ses résultats.
La force de frappe de la banque lui donne aussi les moyens de moduler ses dépenses dans un environnement de croissance plus lente.
Enfin, ses ratios de capital réglementaire lui procurent la flexibilité de racheter des actions, d’investir dans sa croissance interne et d’envisager des acquisitions.
D’ailleurs, le rachat de ses actions a fait passer son rendement de l’avoir des actionnaires à 18% au premier trimestre. Par ricochet, sa valeur comptable augmente à 43,97$.
M. Young hausse aussi de 2% ses prévisions de bénéfices pour 2017 (à 7,27$ par action) et pour 2018 (à 7,65$ par action).
La banque mérite donc un multiple supérieur de 2,1 à 2,2 fois sa valeur comptable, au lieu de 1,9 à 2 fois. Son cours cible passe de 97 à 104$.
M. Young continue de recommander l’achat de la banque.
Magna International (MGA, 43,05$US): sa valeur d’aubaine compense pour les résultats mitigés
Magna International (MGA, 43,05$US): sa valeur d’aubaine compense pour les résultats mitigés
Steve Arthur, de RBC Marchés des capitaux, juge que le repli de 5% de l’action du fabricant d’autos, au dévoilement de ses résultats annuels le 24 février, est exagéré.
«Le recul du titre fournit une occasion d’achat aux investisseurs étant donné que la faiblesse des marges en Europe en temporaire», dit-il.
En Europe, Magna assemble des véhicules entiers pour BMW et ce contrat est encore en démarrage. Les revenus de sa filiale Steyr vont d'ailleurs tripler à 7 milliards de dollars américains.
Avec sa portée internationale, son bilan sain, ses flux de trésorerie solides, son dividende et ses investissements en technologie, Magna ne mérite pas de s’échanger au rabais (18%) par rapport à son industrie, dit-il.
Les flux de trésorerie générés par son exploitation ont bondi de 69% à 1,7 milliard de dollars américains, en 2016. Ses flux de trésorerie excédentaires lui procurent un rendement de 9,5%.
Sa dette équivaut à seulement 0,6 fois son bénéfice d’exploitation, malgré des dépenses en capital annuelles de 2 G$US et le rachat annuel de 5% de ses actions.
Bien que la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain et l’imposition potentielle d’une taxe à l’importation risquent de perturber sa chaîne d’approvisionnement, Magna sera moins frappée que d’autres, dit-il. Sa division américaine importe autant qu’elle exporte, a révélé la société.
De plus, les pièces qu’elle fabrique au Canada et au Mexique, et qu’elle expédie aux manufacturiers automobiles américains, sont des importations pour ses clients, et non pour elle-même.
Magna estime que la moitié des revenus de sa production canadienne et 40% de ses revenus mexicains sont expédiés aux États-Unis.
M. Arthur réitière sa recommandation d’achat et maintient son cours cible de 57$US.
MacDonald Dettwiler (MDA, 63,96$): un achat stratégique, mais risqué en imagerie satellitaire
MacDonald Dettwiler (MDA, 63,96$): un achat stratégique, mais risqué en imagerie satellitaire
Le spécialiste des composantes et des communications par satellite acquiert DigitalGloble dans une transaction aussi audacieuse que stratégique.
Même si la transaction majeure double la taille de l’entreprise (valeur boursière plus la dette), Doug Taylor, de Canaccord Genuity, y voit surtout des risques, à court terme.
L’analyste qui réduit son cours cible de 75 à 73$ fait valoir que la transaction de 4,7 milliards de dollars fera grimper la dette de MacDonald Dettwiler à plus de 4 fois son bénéfice d’exploitation.
De plus, l’entreprise de Colombie-Britannique paie le prix fort pour DigitalGlobe ce qui diminue la rentabilité qu’elle peut en tirer, étant donné les synergies modestes de 75 à 150 millions de dollars identifiées.
Stratégiquement, MacDonald Dettwiler atteint tout de même deux objectifs clés. Premièrement, elle devient un fournisseur encore plus attrayant pour le gouvernement américain.
Deuxièmement, la prestation de services contribuera davantage à ses revenus que les composantes satellitaires moins rentables.
Ensemble, les deux entreprises deviennent un fournisseur plus diversifié de solutions bout-en-bout, reconnaît aussi M. Taylor.
«Nous aimerions toutefois que les affaires de sa division de communications géo-spatiales se stabilisent et que la société démontre plus clairement qu’elle perce le marché des données secrètes (classified) du gouvernement américain avant de redevenir favorable au titre», explique M. Taylor.
L’analyste reste neutre envers le titre. Il lui accorde un multiple de 9 fois son bénéfice d’exploitation, inférieur à sa moyenne historique de 10 fois, en raison des commandes affaiblies de sa principale division géo-spatiale.