BLOGUE. Ou la Caisse de dépôt vient de bénéficier d’une opération du Saint-Esprit, ou bien on nous raconte des fadaises sur la valeur réelle de la transaction qu’elle vient de conclure avec Quebecor pour vendre près de la moitié de ses parts dans Québecor Média.
PLUS : La Caisse vend une partie de sa participation dans Québécor Média
Je pencherais pour la deuxième explication. Et si c’est le cas, les deux parties essaient simplement de sauver la face.
Rappel des faits. En l’an 2000, pour éviter que Vidéotron (et le Groupe TVA) ne passe entre les mains de Rogers, la Caisse s’allie à Québecor. Elle va payer très cher sa participation qui se monte environ à 45 % : 3,2 milliards $. Vidéotron ne valait pas autant. Mais c’était une question d’honneur national… Jean-Claude Scraire, le président de la Caisse à l’époque, avait-il senti dans son cou le souffle chaud du premier ministre Bernard Landry ? Les politiciens, théoriquement, ne peuvent intervenir dans la gestion de la caisse, mais…
Ce patriotisme mal placé s’est révélé coûteux. La valeur du placement de la Caisse n’a fait que décliner avec le temps. L’an dernier, dans ses livres, elle ne l’évaluait plus qu’à 2,3 milliards $, soit 900 millions de moins qu’à l’origine. Si vous aviez perdu 28 % de la valeur de votre investissement sur 11 ans, vous seriez ou gêné, ou mal pris.
On apprend donc que la Caisse va laisser partir 20 % de ses parts, pour n’en conserver (pour l’instant) qu’un peu plus de 24 %. Et les deux parties signalent qu’on évalue la participation de la Caisse dans Québecor Média à 2,75 milliards $.
Pardon ? On serait passé en moins d’un an de 2,3 à 2,75 milliards $ Autrement dit, un gain de 450 millions ? Je vous dis, à moins d’une intervention divine…
Si c’est le cas, si vraiment c’est sur cette base que la transaction a été finalisée, la Caisse vient d’en passer une p’tite vite à Québecor. Ou bien, Pierre-Karl Péladeau tenait à ce point à récupérer la moitié de parts de la Caisse qu’il a accepté de lui verser une bonne prime. Quoi qu’il en soit, la Caisse est en train de se sortir d’une impasse dans laquelle elle n’aurait jamais dû s’aventurer, en tout cas, pas au prix qu’elle a payé.
Autre morale, en terminant : elle peut bien tenir un rôle plus actif dans l’économie québécoise. Mais il faut être prudent quand on gère l’argent des retraites. La Caisse devrait éviter de se prendre pour la cavalerie qui arrive pour transformer le champ de bataille. C’est excitant mais hautement risqué. À l’heure où le nouveau gouvernement lui suggère d’intervenir plus intensivement dans l’économie québécoise, il serait bon de le lui rappeler.