Ça y est, le grand avion solaire Solar Impulse 2 a fini par décoller de Nanjing, en Chine, et vole maintenant vers Hawaï, qu’il devrait atteindre vendredi le 5 juin si tout se passe bien. Un trajet de 8 500 kilomètres sans utiliser une seule goutte de carburant.
Grand ? Son envergure de 72 mètres est plus imposante que celle d’un Boeing 747. Il lui faut de grandes ailes pour obtenir le maximum de portance et pour loger les 17 000 cellules photovoltaïques qui captent l’énergie du soleil. C’est elle qui alimente ses hélices qui fonctionnent jour et nuit puisqu’on est capable de l’emmagasiner. Et c’est ce qui permet au suisse André Borschberg, actuellement aux commandes, de croire qu’il peut se rendre à destination.
Son complice et copilote, Bertrand Piccard, a offert aux participants de C2 Mtl un de leurs plus beaux moments, jeudi le 29 mai. Par vidéo, il nous a parlé en direct du centre de contrôle de Monaco, où il se trouve actuellement, avant de partir lui-même pour Hawaï où il prendra plus tard la relève de son collègue pour guider le Solar Impulse 2 jusqu’en Phoenix en Arizona, la prochaine étape. Le but ultime : compléter le tour du monde, entrepris le 9 mars dernier à Dubaï.
Imaginez le défi !
L’avion était cloué au sol depuis trois semaine en Chine du fait du mauvais temps. Évidemment, il faut réunir les meilleures conditions pour se donner plus de chances de réussite. Mais maintenant qu’il est reparti, on se croise les doigts pour qu’il n’ait pas à affronter de tempêtes.
Il ne vole pas très vite, cet avion : en moyenne, 100 kilomètres/heure. Et par moments, lorsque le vent est fort, il lui arrive même de reculer, confiait Bertrand Piccard. Mais qu’importe : les deux aventuriers sont convaincus d’écrire une page d’histoire puisqu’ils entendent démontrer qu’on pourra éventuellement miser bien plus largement sur les énergies dites alternatives.
« Nous allons montrer que ce genre de technologies est maintenant éprouvé et qu’on diviser par deux l’énergie fossile utilisée dans le monde », nous a-t-il dit. À l’image des pionniers de l’aviation, il entrevoit la suite : de petits avions mus à l’énergie solaire, rechargeables au sol et capables de transporter quelques passagers. Mais d’ici 10 ans, pense-t-il, on pourrait voir se développer des appareils plus gros, pour 30 ou 40 passagers, et qui s’en remettront uniquement à l’énergie solaire.
En attendant, il faut qu’André Borschberg réussisse sa traversée, lui qui demeurera seul aux commandes pendant six jours et six nuits, en ne s’accordant que de brefs moments de repos. « Mais si c’était facile, d’autre l’auraient déjà accompli », disait Bertrand Piccard, qui a déjà à son actif le premier tour du monde en ballon sans escale, réussi en 1999. Cette fois, c’est le soleil et non pas le vent qui devient son allié. Pourvu que tout se passe bien !