Apparemment, les chiffres sont réconfortants. Mais il suffit de creuser un tout petit peu pour réaliser que, dans les faits, la débâcle se poursuit.
Les données compilées par Statistique Canada font état d’un gain de quelque 13 000 emplois pour le Québec en janvier. Décembre s’était plutôt soldé par un recul de 10 000 emplois. On aurait donc tout récupéré, même un peu plus.
Mais là s’arrêtent les réjouissances.
Ces 13 000 emplois sont à temps partiel. Question temps plein, le Québec piétine. Le rattrapage est donc très relatif.
Pire, le secteur privé en a perdu 6 000, après une perte encore plus cuisante de 13 000 en décembre. Or, c’est sur lui que repose la création de richesse. Les emplois associés au gouvernement et aux agences gouvernementales sont légitimes, mais il faut bien les financer à quelque part…
Sur 12 mois, de février 2013 à janvier 2014, l’effectif du secteur privé québécois a fondu de 33 000 emplois alors qu’il grossissait de 152 000 au Canada ! Et toujours sur un an, nous avons gagné ici 77 000 emplois à temps partiel, mais nous avons perdu 67 000 à temps plein. Pas de quoi applaudir.
Ce qui fait dire à Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Banque Nationale, « ce n’est pas très bon pour la croissance du revenu disponible et des revenus fiscaux. » Et encore, il est poli.
On comprend mieux pourquoi le ministre Nicolas Marceau éprouve toutes sortes de difficultés à atteindre ses cibles budgétaires. Une société qui ne réussit à créer des emplois que dans sa fonction publique fait penser à un serpent qui se mord la queue.
Cette faiblesse de l’emploi privé explique aussi l’empressement récent du gouvernement à financer tous azimuths les projets de grandes entreprises qui signalent leur intérêt à s’implanter ici, telle la Cimenterie McInnis, à Port-Daniel ou l’espagnole FerroAtlantica, probablement à Shawinigan.
Mais il ne faudrait pas oublier que 51 % des emplois, au Québec, relèvent des PME, et que leur nombre réel stagne depuis 2007, selon une autre analyse de Stéfane Marion. Nous avons des porteurs de ballon mais ils font du surplace.
On devrait songer à leur fournir des vitamines à eux aussi. Le gouvernement s’est engagé à le faire dans sa politique industrielle dévoilée l’automne dernier. Tant mieux si c’est vrai, mais on aura perdu entretemps beaucoup de temps.
Ah oui, toujours en regard de ce bilan du marché québécois du travail pour janvier, le groupe des 15 – 25 ans, déjà éprouvé, a encaissé une diminution de 1 500 emplois. Ça ne s’arrange pas pour les jeunes, et ce, un peu partout au pays. Il faudra bien s’organiser pour leur donner une chance, un jour…