Métro de Montréal, fin septembre, heure de pointe en après-midi.
Deux ados, une fille et un garçon, discutent en français, l’une asiatique, l’autre probablement nord-africain. Ils se parlent de leur cours de chimie et ne sont manifestement pas des derniers de classe.
Comme nous sommes tassés comme des sardines, j’entends leur conversation. Et je m’en réjouis.
Pas tant de leurs récriminations contre la sévérité de leur examen, mais parce qu’ils sont la preuve de l’importance de la loi 101, et de l’importance de l’ouverture du Québec aux gens venus d’ailleurs.
Journaliste, donc chroniquement curieux, je finis par leur demander de quelle origine ils sont. Lui du Maroc, c’était plausible, elle de Chine, et c’était moins évident. Quand même, ces jeunes clairement allumés se rejoignent par le français.
Eux et leurs amis nous présentent l’avenir du Québec, en autant qu’on reconnaisse le fait et qu’on l’encourage.
Début septembre, une nouvelle note des Études économiques de Desjardins revenait sur le défi démographique qui confronte le Québec. En résumé, la croissance de la population québécoise va ralentir, elle qui vieillit inexorablement. Et dans certaines régions, l’âge moyen va bientôt basculer au-delà du seuil de 50 ans.
Ce n’est pas une catastrophe en soi, les gens vivent plus vieux et plus en santé qu’autrefois. Les centenaires ne sont plus exceptionnels.
Mais pour une société qui doit maintenir son entrepreneuriat et sa force de travail, c’est préoccupant.
Selon les économistes de Desjardins, qui s’appuient sur des analyses de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), « selon tout vraisemblance, l’âge moyen sera à la hausse partout au Québec […] Il passerait de 40,9 ans en 2011 à 45,2 ans en 2036 ». Dans les régions de la Gaspésie/Iles de la Madeleine et du Bas Saint-Laurent, il sera supérieur à 50 ans. Et en Mauricie, en plein centre du Québec, il frôlera ce seuil.
Pire, « On estime par ailleurs que le nombre de personnes de 65 ans et plus surpassera celui des jeunes de 20 ans et moins à compter de 2023 au Québec ». Dans 8 ans.
Un vieux Québec
Un vieux Québec
Incapable de remplir ses engagements sociaux envers sa population.
À moins qu’il ne se régénère.
De là l’intérêt de ma conversation captée dans le métro, qu’on souhaiterait voir se répéter d’un bout à l’autre du Québec. Il nous faut des forces fraîches.
Oui, se pose la question de nos valeurs, tout comme celle de l’aide à l’intégration. Pour le Québec, l’immigration devient stratégique.
Mais le jour où nos dirigeants vont en reconnaître le caractère essentiel, ils cesseront de picosser alors que des gens se démènent sur le terrain avec des moyens de fortune.
La même question surgit partout ailleurs, en éducation, en santé, en services sociaux, mais ce gouvernement est devenu obsédé par le chapitre dit des dépenses alors qu’il rate plein d’occasions d’augmenter ses revenus (et je n’évoque pas ici de hausses de taxes ou d’impôts).
En attendant, de jeunes Québécois d’origines diverses vont continuer de parler avec leurs amis de leurs ambitions. En français.
Ils ne le savent pas, c’est tant mieux comme ça, mais nous avons tellement besoin d’eux !
Pourrions-nous au moins le réaliser, ouvrir tout grand nos portes et bien accueillir ceux et celles qui rêvent d’un avenir meilleur ?