Au congrès du Parti libéral du Québec, samedi le 13, le premier ministre Couillard est revenu sur l’importance d’en arriver le plus tôt possible à l’équilibre budgétaire, quitte à prolonger aussi longtemps qu’il le faudra la compression des dépenses publiques.
Autrement dit, les mesures d’austérité sont là pour rester, au moins pendant un bon moment.
Fort bien. On comprend qu’il faut revenir à une meilleure gestion des fonds de l’État parce que la dette publique a atteint un seuil critique et pose de graves risques aux générations à venir.
Mais au lieu de toujours revenir sur la question des dépenses, pourquoi ce gouvernement n’insiste pas davantage sur ce qu’il pourrait faire pour augmenter ses revenus ?
Ah oui, il y songe parfois. Dans le budget Leitao de mars dernier, on a décidé d’augmenter de près de 50 % le taux d’imposition des toutes petites entreprises à compter de 2016. Celles qui ne comptent pas plus de 3 employés verront ce taux passer de 8 % à 11,8 %.
Pas brillant. On voudrait décourager l’entrepreneurship qu’on ne s’y prendrait pas autrement. C’est probablement une des pires mesures budgétaires édictées par les derniers gouvernements, tous partis confondus. Mais celui-ci donne l’impression d’être dépourvu et dépassé lorsque vient le temps d’imaginer des stratégies pour relancer l’économie du Québec. Il y va à la petite semaine sans plan précis. Et ses interventions qui se voudraient plus structurantes, comme le programme PerforME (vaguement inspiré des Gazelles), ne font pas beaucoup de vagues.
Pendant ce temps, des investissements privés importants, potentiellement créateurs de milliers d’emplois, attendent sur les lignes de côté parce que Québec ne finit plus de bretter. Les autorisations nécessaires tardent à venir. On chipote alors même que sortent en rafale les grands discours sur l’état précaire des finances publiques.
Prenez le cas de l’éventuelle mine Dumont, de Royal Nickel. On a identifié à quelques dizaines de kilomètres au nord d’Amos un des plus grands gisements de nickel au monde. Le prix des métaux industriels demeure déprimé, mais celui du nickel montre des signes de reprise. Il a progressé de 11 % en 2014.
L’investissement requis pour mettre en valeur ces réserves se monterait à 1,3 milliard de dollars, selon les dernières évaluations. Un millier de travailleurs seraient mis à contribution pendant la mise en place de la mine, qui en emploierait ensuite plusieurs centaines en pleine exploitation.
Mais il faut attendre. Tout est suspendu. Même si le BAPE a donné son accord, les ultimes autorisations se font attendre. Aux dernières nouvelles, on espérait les recevoir dans six mois, comme un cadeau de Noël.
Six mois, c’est plus que long, c’est une éternité. Comment pensez-vous entretenir l’intérêt des investisseurs pressentis pour avancer des sommes aussi importantes lorsque vous n’avez pas d’échéancier précis à leur proposer ?
Imaginez en même temps la cagnotte à laquelle renonce Québec en tergiversant de la sorte. Des centaines de millions de dollars en impôt sur le revenu, en TVQ et autres prélèvements qui viendraient par bonheur renflouer la caisse.
Et ce n’est qu’un exemple. D’autres projets d’envergure attendent eux aussi que Québec se réveille.
Mais bon, on dirait qu’il est plus facile de discourir et de jouer la carte des compressions que d’alimenter l’autre plateau de la balance, celui qui concerne les revenus.
Taux que ce gouvernement ne se prononcera pas haut et fort pour le raffermissement de l’économie québécoise, et qu’il n’agira pas concrètement pour accélérer les investissements actuellement remisés sur la voie d’évitement, il sera difficile de le prendre au sérieux.