Un nouveau sondage le confirme : au Québec, la plupart des parents répugnent à évoquer des questions liées à l’argent avec leurs enfants.
Pire, cette enquête réalisée pour le compte de la BMO montre que nous sommes bien plus réfractaires à ces discussions qu’ailleurs au pays.
Quand on leur demande s’ils préféreraient discuter des aléas de la vie plutôt que de la situation financière de la famille, 66 % des Canadiens disent oui ; mais au Québec, la proportion grimpe à 88 % ! Autrement dit, on peut s’attarder aux problèmes scolaires, aux maladies des proches ou aux peines d’amour, mais expliquer que les vacances seront courtes parce que les finances familiales sont serrées, par exemple, est proscrit.
Comme si le seul fait d’en parler est mesquin, ou comme si on pensait que les enfants n’ont pas la maturité pour y comprendre quelque chose…
Ces révélations surviennent la journée même du programme « Parlons argent avec nos enfants », une initiative maintenant pan canadienne qui a débuté il y a deux ans dans des écoles de Montréal et de Toronto (et soutenue par la BMO). Il s’agit là d’une initiative de la Fondation canadienne d’éducation économique, un organisme sans but lucratif et non partisan dont je suis – transparence totale – un des quatre administrateurs bénévoles pour le Québec. Le conseil d’administration compte en tout une vingtaine de membres.
Mais nous avons du travail devant nous ! Le Québec n’a toujours pas réinstauré un seul cours d’éducation à l’économie au secondaire, en supposant, j’imagine, que ce devrait être l’affaire des parents qui, eux, doivent se dire que l’école va s’en charger. En attendant, les jeunes sont confrontés tous les jours aux tentations de la société de consommation en étant plus ou moins bien outillés pour y faire face.
De là le travail de la Fondation, qui propose toute une série de conseils et de mesures pour démystifier ces questions, en proposant des échanges ouverts et en prenant pour acquis que ces jeunes sont beaucoup plus éveillés qu’on le pense trop souvent. On ne détruira pas leur belle innocence en les sensibilisant tôt aux notions de base en finances personnelles…
Pour cette journée, de véritables trousses virtuelles sont proposés aux enseignant(e)s comme aux parents et aux médias. On peut y avoir accès par le site de la Fondation, à www.cfee.org, puis en cliquant sur l’onglet Talk with our kids about money… pour ensuite avoir la possibilité d’accéder à la version française, bien fournie ; ou directement, http://talkwithourkidsaboutmoney.com/?lang=fr.
Ah oui, quand on demande aux parents québécois dans le sondage s’ils se sentent assez compétents pour aborder ces questions, à peine 21 % répondent « oui ». À part pour les provinces de l’Atlantique, c’est encore le plus faible pourcentage au pays.
Il va quand même falloir que quelqu’un s’en charge ! Allez, laissons faire les préjugés et parlons argent avec nos enfants, et pas seulement une journée par année.