BLOGUE. J'ai tenté d'énumérer dix grandes erreurs ou pièges pour l'investisseur et de les placer en ordre d'importance. Entre-temps, je vous souhaite de passer un bel été et d'éviter tous ces pièges.
1. Ne pas faire ses devoirs. Investir à la bourse exige beaucoup de discipline – on ne le dira jamais assez. On investit sur un tuyau, sur une impulsion sans trop savoir ce que l'on fait, sans trop connaître l'entreprise dans laquelle on investit. Pourtant, toute l’information pertinente est aisément accessible…
2. Essayer de prédire le marché. Nul ne peut prédire le haut ou le bas du marché ou d'un titre, sauf un menteur. Pourtant, on devrait être capable de voir ou de sentir lorsque les marchés deviennent hystériques comme lors de la dernière bulle technologique ou qu'ils deviennent extrêmement pessimistes comme en 2009. La bourse est probablement le seul endroit ou la seule activité où les gens achètent lorsque les prix montent et vendent lorsque les prix baissent, tout le contraire de ce que l'on fait dans la vie de tous les jours.
3. Ne pas prendre de perte. Combien d'investisseurs disent « je vendrai ce titre aussitôt qu'il reviendra à mon coût d'achat ». Ils ne peuvent tout simplement pas prendre de pertes car, pour eux, ce serait admettre une erreur. La vraie décision serait de dire : est-ce que je pourrais remplacer ce titre par un meilleur? Si oui, la décision de vendre est naturelle.
4. Tomber en amour. Aimer un titre à la folie, sans voir la réalité parce que le titre nous a procuré des gains importants est un peu le contraire de l'erreur précédente. Il est facile de tomber en amour et on n'a qu'à penser à tous ceux qui sont tombés en amour avec Bombardier ou avec Nortel durant les années 90.
5. Trop c'est comme pas assez. En examinant les portefeuilles d'investisseurs qui nous consultent, nous voyons deux types d'erreurs courantes. D'une part, certains ont trop peu de titres ou sont trop concentrés dans certaines industries. Par contre, d'autres ont des portefeuilles avec près de 100 positions et sont trop diversifiés. Les premiers sont à risque si une de leurs positions subit une correction, les seconds n'ont aucun levier sur leur portefeuille – une bonne nouvelle est complètement diluée – sans compter tous les efforts pour gérer un tel portefeuille.
6. Trop transiger. La plupart des investisseurs vendent leurs belles entreprises trop tôt. Ce n'est pas parce qu'un titre a monté de 20 % ou même 50 % qu'il faut prendre son profit. On devrait garder un titre indéfiniment tant que les raisons qui nous l'ont fait acheter en premier lieu sont valables. De plus, transiger trop souvent coûte très cher en commissions sans compter l'impact fiscal.
7. Courir après les titres. Vous avez identifié une entreprise qui vous intéresse, dont les fondamentaux sont intéressants et vous avez fixé un prix d'achat. Vous avez bien fait vos devoirs. Ce n'est pas parce que le cours monte subitement que vous avez manqué une occasion et que vous devrez courir après le titre à n'importe quel prix. De toute façon, les titres subissent souvent une correction et si ce n'est pas le cas, vous trouverez un autre titre aussi intéressant.
8. Acheter les titres populaires. Les grandes fortunes ont été bâties en achetant des titres inconnus ou à un moment où ils subissaient de fortes corrections et où personne n'en voulait. Est-ce que Warren Buffet achète des titres populaires? Non, à l'exception sans doute de Coca-Cola qu'il a acheté alors que le titre subissait une forte correction. À la Bourse, popularité rime souvent avec surévaluation.
9. Suivre les manchettes. Le prix du pétrole dépasse les 100 $ et les journaux en font leurs manchettes. Ce n'est pas nécessairement parce que tous les journaux et tous les médias en ont fait leurs gros titres qu'un titre pétrolier est nécessairement un bon achat. C'était peut-être le cas il y a deux ans avant la hausse alors que personne n'en parlait.
10. Vérifier son portefeuille trop souvent. Un de mes amis vérifie la valeur de son portefeuille d'heure en heure. Cette habitude lui apporte énormément de stress et je crois que ça l'incite à faire beaucoup d'erreurs. Mieux vaut profiter de l'été et laisser dormir vos titres. C'est ce que je souhaite à tous.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 (www.cote100.com) et éditeur de la Lettre financière COTE 100 (www.lettrecote100.com).