Parler de rémunération est toujours chose délicate. A fortiori lorsqu'on aborde le sujet de la négociation de salaire ou de prime, par les temps difficiles qui courent. Et pourtant, quand vous regardez autour de vous, je suis sûr et certain que vous avez conscience que certains de vos collègues, eux, s'en sortent mieux que vous sur ce plan-là. Pas vrai?
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D'où ce sentiment de frustration qui vous gagne, jour après jour, à mesure, en fait, que vous vous répétez au plus profond de vous-même : «Je vaux plus que lui et plus qu'elle, alors comment se fait-il qu'ils gagnent plus que moi?!» Avec cette autre question sous-jacente, de surcroît lancinante : «Comment se fait-il qu'eux sachent faire valoir leurs talents, et pas moi?» Est-ce que je me trompe?
Maintenant que vous osez regarder cette vérité en face, allons plus loin ensemble. Et ce, grâce à un billet que j'ai trouvé passionnant, signé par la coach et psychanaliste française Sophie Péters et paru dans un vieux numéro du magazine Psychologies. Un billet que traite justement de ce point si sensible en chacun de nous. Voici ce que Mme Péters préconise pour mieux vivre cette situation pénible de la vie professionnelle :
«Questionner son salaire revient, en creux, à s'interroger sur sa valeur personnelle, explique-t-elle. S'agit-il d'un décalage entre ce que vous accomplissez réellement et ce que vous croyez pouvoir effectuer? Si vous pensez effectivement avoir d'importantes capacités et pas assez de responsabilités, vous risquer d'en arriver à vous mépriser, et d'ainsi entrer dans le cercle vicieux de l'insatisfaction permanente, voire de la démotivation.
«Un conseil, en ce cas : partez à la recherche d'éléments factuels susceptibles de vous amener à penser que vous valez bel et bien davantage que ce qu'on vous accorde. Et ce, en répondant sincèrement aux questions suvantes :
> Avez-vous contribué directement à l'augmentation du chiffre d'affaires de votre activité?
> Avez-vous fait progresser les membres de votre équipe?
> Avez-vous décroché et mené à bien un projet délicat et ambitieux?
> Quels talents avez-vous mis en oeuvre lors du derbnier bon coup effectué par votre équipe ou votre entreprise?
«Les faits et chiffres seront vos meilleurs points d'ancrage pour éviter tout sentiment diffus d'injustice à votre égard, et seront là pour prouver votre contribution réelle aux derniers succès connus par votre équipe ou votre entreprise. Car si vous allez voir demain votre boss pour lui demander une augmentation sans 'raison réelle', il vous rappellera gentiment que vous avez livré ce pour quoi il vous paye, en sous-entendant que vous n'avez rien fait de particulier, à ses yeux, pour dépasser ses attentes. D'où l'importance fondamentale de 'prouver' votre hyperefficacité.
«On le voit bien, l'obstacle à surmonter à partir du moment où vous êtes vous-même convaincu de valoir plus que ce que vous gagnez, c'est de convaincre votre supérieur hiérarchique, et à travers lui les ressources humaines. Or, il arrive souvent que l'on rechigne à parler de ses succès, de peur de paraître arrogant ou prétentieux. Et l'on rumine dans son coin sur le fait qu'untel ou unetelle «se débrouille mieux que [soi]».
«Fort heureusement, il est tout à fait possible d'avoir des prétentions sans pour autant passer pour quelqu'un de prétentieux! Comment? En vous interrogeant sur votre légitimité, comme suit :
> Abritez-vous un sentiment d'imposture qui vous bride dans l'expression de vos talents?
> Si oui, à quoi cela vous sert-il? À éviter de vous prendre en considération? À ne surtout pas ressembler à une personne qui réclame?
«Si vous négligez vous-même votre propre valeur et que vous l'estimez inférieure à celle des autres, c'est bien simple, vous ne vous considérez pas. Pis, vous vous méprisez. Impossible alors d'attirer sur vous la considération d'autrui.
«La question de ce qu'est votre vraie valeur vous invite, en vérité, à vous regarder comme sujet actif - et non passif -, puis à connaître, vérifier et vous approprier vos compétences. Car si vous avez des preuves irréfutables du brio avec lequel vous travaillez, alors il vous sera possible de leur accorder la valeur qu'elles méritent. Vous vous respecterez enfin, et les autres vous respecteront à leur tour comme il se doit. Tout bonnement.»
Voilà. Vous valez plus que ce que vous gagnez. C'est clair et limpide. Il n'y a aucun doute là-dessus. Mais pour que cela saute aux yeux de tout le monde, il faut avant tout que ce soit une évidence à vos propres yeux. Ce qu'il est possible de fait en suivant les conseils de Sophie Péters.
Que retenir de tout ça? Ceci, à mon avis :
> Qui entend gagner enfin ce qu'il vaut véritablement se doit de gagner avant tout en estime de soi. Il lui faut apporter des preuves vérifiées et vérifiables de sa propre valeur au travail. Et ce, en ayant le cran de se poser une série de 'questions qui tuent'. Puis, prendre bien conscience de sa vraie valeur, avant d'oser le faire valoir auprès de son boss.
En passant, l'écrivain italien Luigi Settembrini a dit dans Le Ricordanze : «Le monde estime peu celui qui paie peu».
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