BLOGUE. Dès que la chaleur se met à nous caresser la peau, nous nous sentons bien. Mais à partir du moment où elle se fait insistante, nous commençons à sentir une gêne. Et si cela se poursuit, on se sent carrément mal. Au point de ne plus être capable de faire grand-chose : «Il fait trop chaud…», devient alors la rengaine.
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La question est la suivante : «Est-ce si vrai que ça?». Oui, sommes-nous vraiment si peu efficaces dès que la chaleur nous enveloppe? Et inversement, sommes-nous encore plus efficaces quand nous avons froid? C'est justement là les interrogations d'Amar Cheema, professeur de commerce à l'École de commerce McIntire (États-Unis), et de Vanessa Patrick, professeure de marketing et d'entrepreneurship à l'École de commerce Bauer (États-Unis). Et leurs trouvailles figurant dans l'étude intitulée Influence of warm versus cool temperatures on consumer choices: A resource depletion account sont on ne peut plus intéressantes…
Ainsi, les deux chercheurs ont procédé à cinq expériences visant à évaluer l'impact de la température sur nos prises de décision, et en particulier si la chaleur «ramollissait» notre cerveau. Des cinq je vais vous décrire les deux principales (les autres avaient surtout pour but d'affiner les résultats de celles-ci).
1ère expérience – L'impact de la température sur notre propension à jouer
Il a été demandé à 46 étudiants séparés en deux groupes de remplir un questionnaire sur un ordinateur, un questionnaire totalement inutile. Pendant ce temps, l'un des groupes voyait, l'air de rien, la température de la salle grimper à 25 degrés Celsius, et l'autre, descendre à 19,4 degrés Celsius.
Puis, il leur a été proposé de jouer à des jeux de paris de plus en plus complexes. Résultat? Les participants qui avaient le plus chaud ont été ceux qui avaient le moins envie de jouer à ces jeux, surtout à mesure qu'ils se complexifiaient.
2e expérience – L'impact de la température sur l'estimation d'un effort et sur l'adoption d'un produit
Cette fois-ci, 117 étudiants répartis en deux groupes, l'un à 25 degrés et l'autre à 19,4 degrés, ont dû se plonger dans un article du magazine Cosumer Reports qui comparaissait différents postes de télévision, puis ont dû évaluer et classer les caractéristiques les plus importantes à leurs yeux.
Ensuite, ils ont effectué deux tâches distinctes, l'une nécessitant une intense réflexion, l'autre faisant appel à leur culture générale. Pour finir, ils ont évalué dans le détail un tout nouvel enregistreur vocal, en tenant compte d'une multitude d'informations à son sujet, et indiqué s'ils trouvaient que c'était là un bon achat, ou pas.
Cette expérience a permis d'apprendre deux choses. D'une part, la chaleur diminue la capacité cognitive permettant de faire une estimation, sans pour autant affecter notre culture générale. D'autre part, la chaleur réduit l'envie de se procurer un tout nouveau produit.
En résumé, les cinq expériences menées par M. Cheema et Mme Patrick leur ont permis de découvrir que ceux qui ont chaud :
> Ont peu envie de jouer à des jeux de paris, surtout lorsqu'ils sont complexes;
> Sont peu intéressés par les tout nouveaux produits;
> Rechignent à effectuer une réflexion poussée;
> Préfèrent s'appuyer sur leurs connaissances pour faire un choix.
Autrement dit, «la chaleur est néfaste à la réflexion, et donc à notre capacité d'apprendre et d'innover», notent les deux chercheurs dans leur étude.
D'où ce conseil pratique très simple : au bureau, n'hésitez pas à baisser la température. La productivité de chacun n'en sera que meilleure. Et veillez surtout à diminuer la température dans les salles de réunion, qui – l'avez-vous déjà remarqué vous aussi? – sont si souvent surchauffées, au point d'être parfois étouffantes. En effet, rien de mieux pour tuer dans l'œuf une réunion de brainstorming…
En passant, l'historien Jules Michelet a dit dans La Femme : «L'aiguillon de la chaleur, comme un trait de guêpe, irrite»…
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