HELSINKI – C'est aujourd'hui que débute le 76e Championnat du monde de hockey, organisé conjointement – c'est une première – à Stockholm et à Helsinki. La Finlande est la tenante du titre ; elle avait défait la Suède en finale par le score écrasant de 6 à 1. Vous imaginez donc à quel point l'événement est omniprésent ici...
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Le centre-ville de la capitale finlandaise est couvert d'affiches gigantesques de joueurs de l'équipe finlandaise aux couleurs de Nike, avec pour slogan «Break the spell» (depuis 1986, aucun pays organisateur n'a réussi à remporter le championnat du monde à domicile, y compris les équipes favorites). La Poste a émis un timbre mettant en vedette l'un des Angry Birds habillé d'un chandail de l'équipe nationale (l'application Angry Birds, la plus téléchargée dans le monde entier, est le fruit d'une start-up finlandaise, Rovio Entertainment). Ou encore, les partisans déambulent dans les rues sans relâche, ici et là, en beuglant leurs chansons. C'est bien simple, il est impossible d'y échapper.
Vais-je pour autant vous parler aujourd'hui de hockey? Eh bien non. Plutôt d'une association d'idées : l'animal qui symbolise la Finlande, c'est le lion (comme nombre de pays européens, d'ailleurs), et ce symbole, il est bien entendu associé aussi à l'équipe nationale de hockey : il figure, entre autres, sur les chandails des joueurs. Or, il se trouve que j'ai rencontré hier Liisa Välikangas, professeure, management de l'innovation, de l'Aalto University. Une femme passionnante qui m'a beaucoup appris sur la manière dont les Finlandais innovent, notamment en recourant au design thinking (ça fera l'objet d'articles dans l'édition du 17 mai du journal Les affaires...). Sur son bureau traînait une étude dont le titre a attiré mon attention, Lead like a lion. Elle a eu la générosité de m'en donner un exemplaire.
De quoi s'agit-il? De leçons de leadership tirées de fables africaines dont le héros principal est à chaque fois un lion, leçons concoctées en 2011 par elle-même avec Abdi Jama, le PDG de l'Institute for Strategic Initiatives (Isi), et Jaak Treiman, consul général de l'organisme Innovation Democracy. Je ne résiste pas au plaisir d'en partager une avec vous, la leçon numéro 12...
Celui qui ne connaissait pas le lion
«Un jour, un lion parvint à dérober une chèvre du troupeau. Voyant cela, le berger se mit à réfléchir sur ce qu'il devait faire. Il est dangereux de courir après un lion, c'est sûr. Mais bon, personne ne l'a jamais fait, si bien que l'on ne sait pas ce que ça donnerait. Et puis, le berger n'avait encore jamais rencontré de lion, et ne savait donc pas à quel point cet animal peut être féroce. Il n'a donc pas hésité longtemps avant de se précipiter sur le lion en hurlant, pour lui faire lâcher sa proie encore vivante. Et c'est justement ce qui se produisit, il récupéra sa chèvre sauve.
«Seul celui qui ne connaît pas le lion peut récupérer sa chèvre.»
MM. Jama et Treiman ainsi que Mme Välikangas en tirent la morale suivante dans leur étude :
«Cette courte et belle fable illustre le rôle que notre savoir joue dans notre vie. Courser un lion en toute connaissance de cause relève de l'inconscience. En revanche, faire la même chose sans vraiment savoir à quoi l'on s'expose peut permettre de réussir ce qui semble a priori impossible.
«Parfois, on peut accomplir de grandes choses justement parce que l'on ne réalise pas à l'avance l'ampleur de la tâche qui nous attend. Par exemple, si l'on ne sait pas ce qu'entraînerait un échec, ou si l'on ignore le scepticisme des «experts» envers notre projet. L'ignorance est dès lors un bienfait. Car elle supprime la peur et les paralysies qu'elle déclenche en nous.
«Parfois, le leader doit encourager les entreprises audacieuses, qui semblent même vouées à l'échec. C'est que les bénéfices qui peuvent en résulter pourraient être prodigieux.»
Pas mal, non? Inspirant pour qui entend innover radicalement. Ou du moins pour qui souhaite faire preuve d'un peu plus d'audace qu'à l'habitude.
Maintenant, cela va-t-il inspirer l'équipe du Canada? Va-t-elle parvenir à battre la Finlande chez elle et lui ravir le trophée, en vainquant avant tout la peur d'affronter le lion finlandais? On le saura le 20 mai, le jour de la finale...