BLOGUE. Quand Apple se met à plancher sur une innovation technologique, c’est à chaque fois un «grand projet». Cela se traduit par l’iPad, l’iPhone, l’iPod, à savoir une invention qui révolutionne le marché dans lequel elle apparaît. Comment s’y prend Apple pour réussir de tels tours de force? Eh bien, vous savez quoi? J’ai la réponse!
Oui, je connais la recette secrète du succès d’Apple. Et même celle de toute entreprise qui brille par ses «grands projets». Sans blague! Elle tient en 7 points, toujours les mêmes. C’est tout.
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Ces 7 points ont été mis en évidence par deux chercheurs dans un article récent de la MIT Sloan Management Review : Dov Dvir, professeur en management de la Ben Gurion University of the Negev (Israël), et Aaron Shenhar, professeur en management de la Rutgers Business School (Etats-Unis). Ils ont passé une décennie à étudier le domaine de la gestion de projet et se sont rendus compte que les entreprises qui brillaient dans celui-ci avaient des communes pratiques. Sentant là un filon qui méritait d’être exploré, ils ont creusé un peu plus en profondeur. Voici comment ils s’y sont pris…
Ils ont tout d’abord défini ce qu’était un «grand projet». Ce dernier doit nécessairement remplir quatre conditions :
- Il s’agit d’un projet qui bouleverse la stratégie habituelle de l’entreprise;
- Les bénéfices qu’il apporte à l’entreprise et aux consommateurs sont conséquents et durables;
- Il correspond à une avancée majeure (sur le plan scientifique, technologique, du design,…);
- Son impact sur le marché est majeur, au point de forcer les concurrents à s’y adapter.
Puis, ils ont étudié quelque 400 projets d’importance depuis les années 1950, pour n’en retenir que 12 qui avaient les fameux sept points communs de tout «grand projet». Ceux-ci peuvent se résumer de la sorte :
1. La création d’un avantage concurrentiel unique. Un exemple frappant est la construction de l’opéra de Sydney, en Australie, dont l’architecture exceptionnelle en forme de coquillage attire chaque année plus d’un million de touristes.
2. Une longue période de maturation. Avant de lancer Kepler en 2009, à savoir une sonde destinée à découvrir d’autres planètes habitables dans la Voie lactée, la Nasa a planché sur ce projet durant une décennie.
3. Un bouleversement assumé. Quand BMW a lancé son projet Z3 au début des années 1990, le constructeur automobile savait que cela impliquait de changer nombre d’habitudes. Il s’est ainsi, entre autres, mis à construire hors d’Allemagne, aux Etats-Unis. À sa sortie, la Z3 a dépassé de 50% les attentes de ventes.
4. Un chef de projet de haut calibre. Il doit être compétent, mais aussi être un excellent communicateur et surtout, avoir de très bonnes connections avec la haute direction. Ainsi, quand Microsoft s’est mis à réfléchir sur ce qui deviendrait le Word de Windows, Bill Gates y croyait tellement qu’il a tout le temps défendu le projet, contre vents et marées. Dès son lancement en 1989, Word est devenu le standard.
5. Une maximisation des connaissances. Faire appel au savoir d’autrui n’est pas négligé par les «grands projets». Par exemple, Apple a adopté des technologies mises au point par Fuse et PortalPlayer pour concocter son iPod et son iTunes.
6. Une grande capacité d’adaptation. Les équipes liées à une «grand projet» sont en mesure de vite s’adapter à l’imprévu. C’est d’ailleurs pour cela qu’Apple mélange les talents et les compétences dans ses équipes.
7. Une immense fierté. Quand on participe à un «grand projet», on en tire toujours une grande fierté.
Voilà. Telle est cette fameuse recette secrète. Maintenant, à vous de jouer.
Mais attention, tout de même, à un point particulier. Il ne suffit pas, à mon avis, de dresser la liste de ces 7 points et de vérifier périodiquement que vous remplissez bien ceux-ci pour avoir la certitude que vous êtes à la tête d’un projet grandiose. Oh que non! Il importe de comprendre la logique qui sous-tend ces 7 points.
Je m’explique… Quand on est chef de projet, la mission ne s’arrête pas à livrer la marchandise. Pour faire une vraie différence, il faut viser un avantage concurrentiel unique. Pour ne pas dire exceptionnel. Il faut donc avoir une grande, une très grande, ambition.
Idem, être un bon chef de projet ne suffit pas. Il faut, là aussi, être au top. Et avoir le soutien inconditionnel de vos supérieurs hiérarchiques. Presque comme si vous étiez leur messie.
Enfin, se contenter de plagier Apple qui mélange, ingénieurs, designers et autres comptables pour composer ses équipes n’aurait aucun sens. Il faut comprendre pourquoi et comment Apple fait cela, et adapter cette logique à votre propre réalité. Il faut ainsi, entre autres, veiller à ce que chaque membre d’une équipe soit assez souple d’esprit pour réagir vite et bien en cas de pépin. Il faut qu’il y ait un bon esprit d’équipe. Etc.
On le voit bien, la tâche est ardue. Pas étonnant que sur les 60 dernières années, les deux chercheurs n’aient trouvé que 12 «grands projets», non?
Comme le dit Paul Valéry : «Toutes les idées séduisantes ne sont pas justes et toutes les idées justes ne sont pas séduisantes».
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