BLOGUE. À quoi tient le bonheur? Éternelle question, me direz-vous. Pas si sûr… Un homme vient d’y apporter une réponse très personnelle, une réponse qui, de mon point de vue, vaut pas mal pour tout un chacun (en tous cas, pour moi). Une réponse lumineuse, qui tient en un vidéo de 9 minutes et qui se résume à 7 trucs pratiques. Aussi simple que ça!
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Cet homme, c’est Stefan Sagmeister, un designer graphique autrichien qui est considéré par ses pairs comme l’un des plus influents de ce début du 21e siècle. Ni plus ni moins. Il a travaillé, entre autres, pour la chaîne télévisée américaine HBO, le Musée Guggenheim et le conglomérat Time Warner. Il s’est spécialisé dans le design de pochettes d’albums et d’affiches de groupes de musique, en se payant le luxe de ne travailler que pour ceux qu’il aime vraiment, à l’image des Rolling Stones, de Lou Reed et de David Byrne. Son travail a déjà été récompensé par quatre Grammy Awards.
Mais le plus important le concernant, c’est sa personnalité pour le moins originale. Celle-ci se devine dans ses œuvres, dans lesquelles il est toujours possible de déceler une petite touche d’humour, une infime prise de distance avec le sujet traité, un peu comme le font les pince-sans-rire quand ils lancent une excellente blague. L’exécution est à chaque fois splendide, mais il y a moyen de sentir un soupçon de dilletantisme, ce qui est très rafraîchissant. Ainsi, son travail lui tient à cœur, et il a l’intelligence de veiller à ce que cela ne lui gâche pas la vie. D’ailleurs, pour l’anecdote, Stephan Sagmeister a choisi de prendre une année sabbatique tous les sept ans, afin de pouvoir se renouveler et s’investir dans des travaux personnels. Une belle et sage décision…
Cela s’est traduit en 2008 par la sortie de son premier livre, intitulé Things I have learned in my life so far. On y trouve une sorte de journal intime articulé autour d’enseignements de vie, comme «Se faire du souci ne sert à rien» et autres «Tenter de briller m’empêche de vivre pleinement». Il s’en dégage une leçon universelle : génération après génération, les êtres humains ont poursuivi le bonheur, mais sans jamais l’attraper, d’où notre besoin de lignes directrices inspirées des expériences des autres pour s’en approcher le plus possible.
Et cela s’est aussi traduit par un speach passionnant tenu l’an dernier à Cannes, en France, dans le cadre des séries de conférences TED. Stefan Sagmeister y raconte avec brio qu’il s’est plongé dans une foule de statistiques sur le bonheur desquelles il a appris qu’être heureux ne dépend pas vraiment du lieu où l’on vit («que ce soit à l’ensoleillée San Diego (Californie) ou à la pluvieuse Buffalo (New York)»), ni de notre salaire («qu’il soit de 350 000 dollars ou de 50 000 dollars par an»), ni de la couleur de notre peau, ni de notre âge, ni de notre sex-appeal, pas même de notre santé. Non, ce qui fait toute la différence entre les personnes heureuses et malheureuses, c’est surtout la richesse de leur réseau social («par exemple, le fait d’être célibataire ou en couple, ou d’avoir peu ou beaucoup d’amis»).
Autre trouvaille dans son processus de réflexion sur le bonheur : l’inconscient joue un rôle clé, et ce à notre insu. Pour l’illustrer, il donne une image, celle du mahout sur le dos de son éléphant : «L’homme qui conduit, c’est notre conscience. L’éléphant, c’est notre inconscient. On ne le réalise pas, mais l’éléphant à la puissance pour lui, et s’il décide de passer outre les ordres, rien ne l’en empêchera», dit le designer. Plus subtil, l’éléphant guide l’homme en décidant souvent de prendre le «meilleur» chemin dans la jungle, et l’homme, en toute confiance, le laisse faire. Même chose avec notre inconscient, qui fait des choix primordiaux dans notre existence, sans qu’on y prenne garde. «C’est ainsi que les statistiques montrent qu’aux Etats-Unis les femmes qui se prénomment Paula ont de fortes probabilités de se marier avec un homme prénommé Paul! Et ce n’est pas vrai que pour les Américains. Dans ma famille, ça s’est produit aussi…», ajoute-t-il.
Ces deux découvertes – l’importance de notre réseau social et celle de notre inconscient dans ce qui fait que l’on est heureux ou malheureux dans la vie – ont amené Stefan Sagmeister a la conslusion suivante : «Le bonheur, c’est tout simplement faire ce qu’on aime et ne pas faire ce qu’on n’aime pas», dit-il. Et qu’aime-t-il faire plus que tout dans la vie? Travailler!
D’où sa liste très personnelle des 7 choses qu’il aime vraiment faire, et qui donc le rendent heureux dans la vie :
1. Penser en toute liberté aux idées qui lui viennent et à son travail, sans la pression du dead-line;
2. Bouger;
3. Utiliser une vaste panoplie d’outils dans son travail;
4. Travailler sur ce qui a du sens pour lui;
5. Travailler avec des collaborateurs efficaces;
6. Avoir du feedback;
7. Exécuter un travail qui nécessite en partie d’innover et en partie d’utiliser des connaissances familières.
Et voilà! Le bonheur tient à ces 7 trucs pratiques. Relisez attentivement cette liste, et pensez-y bien : si vous deviez dresser votre propre liste, ne ressemblerait-elle pas beaucoup à celle de Stefan Sagmeister? D’ailleurs, je vous invite fortement à faire l’exercice, c’est très enrichissant. Et si vous le voulez bien, je serais curieux de connaître la vôtre (il suffit de la copier-coller en commentaire…). Merci d’avance!
Le poète français Jean Antoine de Baïf disait déjà au 16e siècle : «Bonheur gît en médiocrité / Ne veut ni maître ni valet»…