BLOGUE. La réalité augmentée, ça vous dit quelque chose? Sûrement. Ça représente les gadgets électroniques qui permettent de superposer des informations à la perception naturelle que nous avons de notre environnement immédiat, et ce, en temps réel. C'est, autrement dit, la révolution technologique de demain.
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Google a d'ores et déjà frappé un grand coup dans le domaine, en dévoilant en avril dernier son projet de smart glasses (qu'on pourrait traduire, peut-être, par... plusnettes)Il s'agit d'une paire de lunettes à l'allure futuriste, dont les verres serviront d'écran d'ordinateur de manière peu intrusive. Le prototype qui a été alors montré à différents médias pouvait être contrôlé par la voix, par les mouvements de la tête et par des pressions manuelles sur les branches. Il était doté d'une caméra intégrée et d'un micro. Et il pouvait se connecter au Web par le Wi-Fi.
On sait depuis peu que les smart glasses de Google seront vendues au grand public en 2014, et que des paires expérimentales pourront être achetées dans le courant de 2013 par ceux qui trépignent d'impatience, au prix de 1 500 dollars américains (dans la limite des stocks qui seront disponibles). La version de 2014 sera, elle, finale, et on peut s'attendre à ce qu'on puisse grâce à elle (et via une connexion avec un cellulaire – ce n'est pas pour rien, j'imagine, que Google a acquis Motorola):
> Avoir instantanément accès à ses informations personnelles (Facebook, Twitter, courriels, etc.).
> Avoir accès aux nouvelles qui nous intéressent (Lesaffaires.com, etc.).
> Bénéficier d'aide pour se guider dans la réalité (Google Maps, etc.).
> Regarder un film, lire un livre ou jouer à un jeu vidéo (quand on voyage en train ou en métro, etc.).
Ce n'est pas tout! Les smart glasses sont appelées à évoluer au fil des années, et les possibilités – entre autres pour le bureau – sont renversantes…
Ainsi, on peut imaginer que, demain, il nous sera possible :
> Traduction. D'avoir la traduction instantanée de ce qu'un étranger nous dit dans sa langue (en voyage d'affaires, etc.).
> Informations privilégiées. D'avoir des informations détaillées sur notre interlocuteur (via sa page Facebook, LinkedIn, etc.) : son CV, ses goûts, sa famille,…
> Affinités électives. De savoir instantanément si nous avons des affinités avec l'une des personnes présentes dans la même salle que nous (par exemple, s'il y a un bon joueur d'échecs qui voyage dans le même train que nous, ou encore s'il y a quelqu'un qui travaille dans la même branche que nous).
> Coaching. De bénéficier d'une aide intelligente dans la discussion que nous avons avec autrui (par exemple, l'aide d'un coach virtuel lors d'un entretien d'embauche, qui nous indique quand et comment sourire au bon moment, ou qui nous glisse à l'oreille la réponse à la colle qui vient de nous être posée).
Science-fiction que tout cela? Malheureusement, je ne pense pas. Je suis même convaincu que le court métrage qui est intégré à ce billet de blogue – Sight, d'Eran May-raz et Daniel Lazo – est véritablement ce qui nous attend dans les prochaines années. Et cela pose, de toute évidence, des questions d'éthique…
> Espionnage. Rien de plus facile que de prendre une photo ou de filmer en douce, avec les smart glasses. Ce qui peut créer des problèmes de confidentialité (entreprise, famille, etc.).
> Intrusion dans la sphère privée. Impossible dès lors d'être incognito. N'importe qui doté des smart glasses pourra tout savoir de nous, y compris ce qu'on aimerait taire.
> Big Brother. Rien qu'à l'idée que des militaires d'un État totalitaire soient dotés de telles lunettes, et donc aient accès à autant d'informations sur tout le monde, fait froid dans le dos. Imaginez ce qu'en auraient fait les Nazis, durant la Seconde Guerre mondiale…
> Hackers. Et si des pirates informatiques s'amusaient à parasiter les informations reçues et envoyées par les smart glasses? Notre réalité ne serait non plus "augmentée", mais "distordue" à cause des leurres et autres fausses informations dont nous disposerions ainsi.
Mon conseil? Écouter dès à présent le conseil de Steven DeMaio, tiré de son article The supreme killer app: Your memory paru dans la Harvard Business Review : «Oubliez vos gadgets électroniques!». En voici le résumé, figurant dans le livre Les 150 meilleurs conseils de management de la HBR (Éditions Transcontinental, 2012) :
«Vous avez sûrement entendu des gens dire : «Mais qu'est-ce qu'on faisait quand on n'avait pas de cellulaires?» L'une des nombreuses réponses à cette question est que nous comptions tout simplement sur notre mémoire.
«Or, des études ont montré qu'utiliser notre mémoire améliore notre capacité de raisonnement et stimule notre créativité. De nos jours, qui retient des numéros de téléphone ou se souvient des rendez-vous fixés pour les jours à venir?
«Essayez de composer vous-même les numéros quand vous téléphonez ou d'avoir l'horaire de votre semaine en tête. Ce petit exercice sera très profitable pour votre cerveau – et vous vous en féliciterez la prochaine fois que votre BlackBerry ou votre iPhone tombera en panne.»
Bref, la réalité augmentée n'est pas le gage d'un cerveau augmenté. Loin de là.
En passant, le philosophe roumain Emil Michel Cioran aimait à dire : «Tout persécute nos idées, à commencer par notre cerveau».
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