J'ai eu le privilège d'assister hier à l'avant-première de l'exposition Star Wars Identités, qui se tiendra jusqu'en septembre au Centre des sciences de Montréal. Une avant-première mondiale pour cette toute première exposition sur l'univers fantastique de l'épopée cinématographique créée par George Lucas en 1977. J'en suis littéralement sorti renversé par l'intelligence de cette exposition, qui permet ni plus ni moins de mieux savoir qui l'on est.
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C'est que Star Wars Identités n'est pas seulement l'occasion de découvrir quelque 200 objets provenant directement des archives de Lucasfilm (maquettes originales de vaisseaux spatiaux, costumes de personnages, croquis des scènes les plus mythiques, etc.). Non, l'exposition est aussi – et surtout – un moyen subtil d'explorer la notion d'identité, en revisitant l'univers de la saga futuriste. Elle permet au visiteur de comprendre qui il est, comment il est devenu ce qu'il est, et même ce qu'il pourrait devenir, s'il le voulait vraiment.
Comment cela? Je vais vous l'expliquer. À l'entrée de l'exposition, chaque visiteur reçoit un bracelet spécial, doté d'une puce RFID. Il suffit alors, à chaque salle visitée, de présenter son bracelet à une borne électronique pour se voir poser différentes questions. De fil en aiguille, le visiteur façonne le profil de son avatar, c'est-à-dire du personnage qu'il serait s'il évoluait, un jour, dans l'univers de Star Wars. Et ce, avec ses seuls choix de réponses en ce qui concerne son physique, son espèce, l'éducation reçue par ses parents, ses mentors, ses choix d'amis, etc.
«Trois thèmes sont ainsi abordés : les origines des personnages – ceux de Star Wars et de votre propre avatar –, les influences qui les ont définis et les choix qu'ils ont fait durant leur vie. À travers ces trois thèmes, 10 composantes de l'identité humaine sont abordées et explicitées scientifiquement. Le but est de comprendre pourquoi, par exemple, Anakin Skywalker a cédé à la tentation du côté obscur de la Force pour devenir Darth Vader, puis a suivi la voie de la rédemption à la suite de l'intervention de son fils, Luke», explique Michel Groulx, chef, recherche et contenu, du Centre des sciences de Montréal.
«Cette exposition montre de quelle façon les personnage de Star Wars nous ressemblent, ce que nous avons peut-être en commun avec eux et ce qui forme l'identité de chacun de nous», ajoute Kyra Bowling, directrice, expositions, de Lucasfilm.
Cette prouesse est le fruit du travail des experts du Centre des sciences de Montréal avec une demi-douzaine de conseillers scientifiques en psychologie, neuropsychologie et même biochimie, œuvrant à l'Université de Montréal, l'UQÀM ou McGill. Ces derniers ont notamment concocté le questionnaire de la 9e salle de l'exposition, intitulé «Comment vous comportez-vous?», qui repose sur le modèle théorique des Big 5.
Les Big 5 (ou «modèle Océan», en français)? Ce sont cinq traits centraux de la personnalité empiriquement mis en évidence par la recherche en psychologie. Il s'agit de :
> Ouverture à l'expérience : curiosité, imagination, originalité, etc.
> Contrôle : autodiscipline, sens de l'organisation, etc.
> Extraversion : altruisme, caractère fonceur, énergie, etc.
> Agréabilité : coopération, compassion, etc.
> Névrotisme : vulnérabilité, fragilité psychique, tendance à la dépression, etc.
En répondant sérieusement aux 10 questions posées à cette occasion-là, le visiteur donne à son avatar ses propres traits de personnalité. Par exemple, le fait qu'il a un goût du risque prononcé, qu'il se soucie moyennement des autres, ou encore qu'il est rarement stressé dans la vie.
Idem, dans les autres salles, le visiteur découvrira, entre autres, quelles sont les valeurs profondes de la princesse Leia, du Jedi Obi-Wan Kenobi, du contrebandier Han Solo et de son copilote Chewbacca. Ces valeurs sont au nombre de 10 : conformisme, bienveillance, accomplissement, hédonisme, universalisme, etc. Et le visiteur aura a choisir, à l'aide de son bracelet spécial, laquelle lui correspond le plus.
Résultat? Dans la toute dernière salle, le visiteur se trouve dans une salle noire peuplée d'étoiles. Il lui suffit de présenter une dernière fois son bracelet à une borne électronique, et apparaît alors devant lui, en grand, sur le fond étoilé, le portrait de son avatar et le descriptif de son identité. L'émotion peut être au rendez-vous pour qui a véritablement joué le jeu…
Par la suite, il est possible de s'envoyer à soi-même toutes ces informations par courriel ou bien via sa propre page Facebook. On peut donc garder tout ça pour soi et prendre le temps d'y réfléchir sur qui l'on est, et, si on le souhaite, le partager avec ses amis. Pas mal, non?
En passant, Gilles Vigneault a dit dans Je viens d'écrire une lettre : «Prends pour te connaître / Le temps qu'il faudra / Rien qu'à te connaître / Tu voyageras»…
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