BLOGUE. On dit qu'on apprend de ses erreurs. Du moins, quand celles-ci ne sont pas trop graves. Et surtout, pourvu que l'on soit disposé à apprendre. Pas vrai?
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Et pourtant, n'avez-vous jamais remarqué que nous faisons souvent les mêmes erreurs? Nous avons beau nous tromper, incorrigibles que nous sommes, nous reproduisons sans cesse les mêmes bévues. À en désespérer de notre soi-disant capacité d'amélioration.
Le problème provient en réalité du fait que nous n'avons jamais vraiment pris la décision de ne plus jamais faire certaines choses. C'est ce que j'ai appris en feuilletant hier un livre passionnant de Peter Bregman, 18 minutes – Un plan imbattable pour réaliser ce qui vous tient vraiment à cœur (Éditions Transcontinental, 2012). Ce consultant en management, dont on voit souvent les billets dans les magazines Harvard Business Review, Fast Company, Forbes et Psychology Today, y explique, entre autres, que le meilleur moyen de faire moins d'erreurs est d'apprendre à dire «non». Comme l'indique l'extrait suivant, tiré du chapitre «Le jour où je me suis trompé d'étage»...
«Ce jour-là, j'étais en retard avec le PDG d'une société de technologie. En entrant dans l'ascenseur de son bureau, j'ai commencé à lui écrire un courriel. Les yeux rivés sur mon iPhone, je continuais à taper avec mes pouces quand la porte de l'ascenseur s'est ouverte. Toujours sans quitter mon téléphone des yeux, je suis sorti sans me rendre compte que j'étais au 4e étage alors que je devais me rendre au 6e. C'est alors que j'ai entendu une voix derrière moi : «Mauvais étage». Je me suis retourné et ai vu que l'homme qui retenait la porte de l'ascenseur était justement celui avec qui j'avais rendez-vous. Il était avec moi dans l'ascenseur depuis le début, pendant que j'étais occupé à lui écrire.
«Tout va vite, de plus en plus vite. Le monde, la technologie, l'information. Cela fait beaucoup de choses à comprendre, des choses auxquelles il faut penser et agir. Pour suivre le rythme, nous tentons d'accélérer la cadence. Nous restons debout jusqu'à trois heures du matin pour répondre à tous nos courriels, nous sommes sur Twitter, Facebook et LinkedIn. Nous scrutons les sites de nouvelles pour être sûrs que rien ne nous échappe et nous sommes tout heureux chaque fois qu'un bip ou une vibration nous informe de l'arrivée d'un texto.
«C'est pourtant une erreur. L'information circule à vitesse grand V et le rythme ne cesse de s'accélérer. Il est donc contre-productif de tenter de ne rien manquer. Plus la vague vient vite, plus nous devons naviguer prudemment. Il n'a jamais été aussi important de garder les deux pieds sur terre et de savoir exactement où l'on s'en va. Il n'a jamais non plus été aussi important de savoir dire non. Non, je ne lirai pas cet article. Non, je ne lirai pas ce courriel. Non, je ne répondrai pas à cet appel. Non, je n'assisterai pas à cette réunion.
«C'est un exercice très difficile. Qui sait si l'information que nous obtiendrions n'est pas l'élément qui nous propulserait vers la réussite? En fait, notre réussite dépend plutôt du contraire, c'est-à-dire de notre capacité à prendre le risque de rater une information. Parce que tenter de ne rien manquer est un risque en soi. Nous nous épuiserions à la tâche, nous deviendrions nerveux, confus et irritables, et... nous ne verrions pas le PDG qui se trouve à nos côtés dans l'ascenseur.
«Des chercheurs du Virginia Tech Transportation Institute, qui menaient une étude sur les accidents de la route, ont installé des caméras dans des voitures pour voir ce qui se passait juste avant un accident. Ils ont découvert que dans 80% des cas, les conducteurs avaient été distraits dans les 3 secondes précédant la collision. Ils ont manqué de concentration à cause d'un appel, d'un changement de poste de radio, d'une bouchée de sandwich, d'un texto. Alors, ils n'ont pas vu que quelque chose avait changé dans leur environnement. Et ils ont eu un accident.
«Comme le monde autour de nous ne cesse de changer, nous sommes assurés d'avoir un accident à moins de porter en continu notre attention sur la route devant nous et résister aux distractions, aussi tentantes soient-elles.
«(...) J'ai dès lors une idée de liste très utile à vous proposer. Une liste de choses à ne pas faire.
«(...) Certaines personnes ont déjà une liste de choses à faire, une liste d'ailleurs généralement trop remplie, mais rares sont celles qui ont une liste de choses à ne pas faire. Pourtant, vu la facilité avec laquelle nous nous laissons distraire et le nombre de distractions qui se présentent, cette seconde liste est plus importante que jamais. Si vous voulez avoir du succès dans ce que vous faites, vous devriez donc dresser deux listes : la première aux choses à faire et la seconde aux choses à ne pas faire.
«Tous les matins, regardez ces listes et votre agenda, puis posez-vous quelques questions. Quel est votre plan pour la journée? À quoi consacrerez-vous votre temps? Est-ce que cela vous aidera à progresser vers vos objectifs? Qu'est-ce qui pourrait vous distraire? Bref, trouvez le courage de suivre votre plan, de faire des choix et, peut-être, de décevoir quelques personnes.»
Et Peter Bregman de résumer son idée d'une phrase facile à mémoriser : «Pour accomplir ce qui compte pour vous, il est aussi important de choisir ce que vous ne ferez pas que d'établir vos priorités».
Intéressant, n'est-ce pas? Sauf, peut-être, pour ceux que les listes horripilent...
En passant, un trait d'esprit de l'écrivain français Alexandre Vialatte : «Sauf erreur, je ne me trompe jamais»...
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