Le matin, vous avez du mal à vous lever (et ce n’est pas qu’à cause du changement d’heure, vous le savez bien). En vous installant à votre poste de travail, vous lâchez un immense soupir (presque malgré vous). Et en fin de journée, vous vous sentez carrément épuisé (même si vous savez pertinemment que vous n’avez accompli que 66% des tâches que vous auriez dû mener à bien). Bref, rien ne va au travail, vous vous sentez dé-pri-mé.
Découvrez mes précédents billets
Ma page Facebook
Mon compte Twitter
Que faire ? Eh bien, je vais vous le dire de ce pas, en m’appuyant sur une étude lumineuse, intitulée Hell is other people ? Gender and interactions with strangers in the workplace influence a person’s risk of depression. Celle-ci est signée par une équipe de chercheurs de l’Université Leuphana à Lunebourg (Allemagne) : Sebastian Fischer, Anita Wiemer, Laura Diedrich, Jörn Moock et Wulf Rössler. Et elle montre qu’il existe un bon moyen de pallier ce grave problème, que nous connaissons tous – soyons honnêtes – à plus ou moins grande échelle.
Les cinq chercheurs allemands se sont demandé si les employés qui arrêtaient temporairement de travailler en raison d’un état dépressif avaient des points communs concernant leurs occupations au travail. Une interrogation on ne peut plus pertinente, si jamais il s’avérait que de tels points communs existaient. Car cela permettrait de savoir quoi faire pour diminuer les risques de dépression au travail.
Pour s’en faire une idée, ils se sont plongé dans deux bases de données : celle de l’agence German Statutory Pension Insurance (GSPI), qui recueille une foule d’informations à propos des employés allemands qui retournent au travail après un arrêt maladie ; et celle de l’Occupational Information Network (O*NET), qui permet de tout savoir, ou presque, sur ce que font concrètement de leurs journées les employés américains. Ils ont réussi le tour de force de croiser ces deux bases de données, et d’en dégager un échantillon d’informations exploitables pour l’analyse. L’objectif, je le rappelle : regarder s’il y avait des points communs entre les employés dépressifs, avant d’avoir dû s’absenter du travail pour se rétablir chez eux.
Résultats ? Attendez-vous à être surpris :
> Une corrélation bien réelle. Il existe bel et bien une corrélation entre les occupations au travail et l’état dépressif des employés. C’est-à-dire que c’est en partie en raison de ce que les employés assument comme tâches quotidiennes au travail qu’ils finissent par déprimer.
> L’effet insoupçonné du contact direct avec la clientèle. La plupart des employés dépressifs avaient un point en commun, et un seul : ils se retrouvaient souvent dans une situation conflictuelle liée au travail. Plus précisément, ils devaient répondre sur une base régulière à des requêtes de personnes étrangères à l’équipe dans laquelle ils évoluaient, en particulier celles provenant de la clientèle de l’entreprise. À noter, de surcroît, que ceux qui en souffraient le plus étaient les employés masculins.
Impressionnant, n’est-ce pas ? Au travail, la dépression provient donc souvent du fait que nous avons de mauvais rapports avec ceux à qui nous voulons rendre service – la clientèle, les partenaires d’affaire, etc. –, mais qui, dans les faits, nous cassent les pieds à longueur de journée. Il nous faut jongler avec la mauvaise humeur passagère de l’un, la mauvaise foi d’un autre, ou même la mauvaise haleine d’un autre encore, et tout cela nous épuise, l’air de rien. Oui, cela nous mène droit à l’épuisement professionnel. À notre insu, tout comme à l’insu de ceux qui nous entourent.
Bon. Maintenant que nous savons cela, il ne tient qu’à nous de remédier au problème. Comment ça ? Pour ma part, je vois deux moyens assez simples (peut-être en voyez-vous d’autres, en ce cas, n’hésitez pas à me le faire savoir par l’entremise d’un ‘Commentaire’) :
➢ Soudez les liens de votre équipe. On vient de voir que le danger vient de la fréquence des rapports tendus, voire conflictuels, entre la personne concernée et les clients. Ces contacts-là sapent son bien-être au travail, et à force, son moral. D’où l’intérêt de compenser par d’autres liens, et – pourquoi pas ? – ceux existants déjà au sein de l’équipe. L’idée est simple : nouer des liens encore plus forts et plus riches entre chacun des membres de l’équipe. Car c’est de là que l’employé pourra tirer l’énergie nécessaire pour faire face aux conflits répétés qu’il a avec la clientèle. Prenons un cas concret, repéré d’ailleurs par les cinq chercheurs allemands, celui des infirmières : elles vivent un quotidien difficile, en raison du contact constant avec une clientèle malade, et donc ayant besoin d’une attention de tous les instants ; l’idéal pour éviter la dépression est, par suite, que chacune puisse avoir des périodes de temps positives et enrichissantes avec ses collègues.
➢ Prenez les femmes comme modèle. L’étude a mis au jour le fait que les femmes souffraient moins que les hommes des rapports tendus, voire conflictuels, avec la clientèle. Les cinq chercheurs allemands ont bien entendu cherché l’explication de ce phénomène. En consultant des études à ce sujet, ils ont noté qu’en général les femmes ont une qualité que les hommes n’ont pas : elles ont le chic pour esquiver les conflits, alors que les hommes ont plutôt le réflexe de foncer dans le tas lorsqu’ils pensent que le besoin s’en fait sentir. Du coup, elles évitent mieux les chocs, et donc les blessures à l’âme, que les hommes. L’étude indique même l’un de leurs trucs : elles hésitent moins que les hommes à partager leurs émotions dès lors que quelque chose de négatif vient de leur arriver, si bien que l’impact psychologique est atténué comparativement à un homme.
Voilà. Vous souhaitez moins déprimer au travail ? Ce n’est pas si sorcier que ça. Il vous suffit de vous rapprocher davantage de vos collègues. Et messieurs, d’exprimer davantage votre ‘côté féminin’ au travail !
En passant, le philosophe néerlandais Baruch Spinoza disait : «Si vous voulez que la vie vous sourie, apportez-lui d’abord votre bonne humeur».
Découvrez mes précédents billets
Ma page Facebook
Mon compte Twitter