BLOGUE INVITÉ. C’est ma bonne amie Anne Marcotte qui m’a appris cette expression. Rapidement, elle est devenue l’une de mes préférées!
J’adore les expressions, comme celle-ci, qui ne laissent place à aucune interprétation. Aujourd’hui, elle tombe particulièrement à point. Depuis quelques semaines, le Québec redémarre timidement son économie. Commerces, restaurants, salons de coiffure ou d’esthétique et dernièrement les bars, parcs aquatiques et spas peuvent, s’ils respectent de strictes normes sanitaires, ouvrir à nouveau leur porte aux clients.
Malheureusement, pour certains, l’avenir est sombre. Après trois éternels mois de fermeture obligatoire des entreprises jugées non-essentielles, tous espèrent un retour à la normale le plus rapidement possible.
Les signaux venant de différents pays d’Europe ou d’Asie ayant été frappés par la pandémie quelques semaines avant le Québec ne sont pas des plus encourageants. Déconfinement trop rapide, abandon rapide ou non-respect des mesures préventives telles la distanciation sociale, le port de masque ou le lavage régulier des mains compliquent grandement la relance de l’économie.
Parallèlement aux millions d’entre nous qui avons hâte de retourner manger sur la terrasse de notre restaurant préféré ou d’aller se faire masser après des mois de télétravail très souvent non-ergonomique, les commerçants et entrepreneurs de la province espèrent que le réveil collectif des derniers mois portant sur l’importance de prioriser l’achat local soit solidement ancré dans nos mémoires et surtout lorsque vient le temps de consommer.
Dès le début de la crise, nous avons été témoins d’un changement drastique et soudain de l’habitude de consommation des Québécois. Un peu comme si, dans le temps de le dire, nous avons réalisé la puissance de chaque dollar qui se trouve dans nos poches. En pleine pandémie mondiale mettant notre économie au bord du gouffre, nous avons décidé d’agir.
Les initiatives mettant de l’avant le savoir-faire des entreprises d’ici ont rapidement vu le jour. Des groupes Facebook comme «J’achète Québécois, j’achète local!», des plateformes transactionnelles telles «Ma zone Québec» jusqu’au répertoire «Le panier bleu» annoncé en grande pompe par le Gouvernement ont, en quelque sorte, démocratisé l’achat local.
Trois mois plus tard, j’espère sincèrement que ce réveil collectif ne fut pas simplement un mirage. Ma plus grande crainte serait de voir cette superbe solidarité économique tranquillement disparaître afin de laisser place à nos vieilles habitudes made in china.
Il est important de noter que l’achat local ne consiste pas uniquement à acheter des produits de consommation courante. L’achat local c’est aussi acheter une œuvre d’un artiste du Saguenay ou de l’Estrie, c’est aussi choisir de passer ses vacances au bord de la mer en Gaspésie plutôt qu’à Wildwood dans l’état du New Jersey. C’est aussi acheter un nouveau sofa entièrement conçu à Terrebonne plutôt qu’en banlieue de Shanghai.
Le consommateur n’est pas le seul à devoir agir. Les entrepreneurs doivent aussi se joindre au combat! Choisir, lorsque possible, un fournisseur ou un distributeur de sa région plutôt qu’un géant mondial, répartir son budget publicitaire afin de prioriser les investissements dans les médias locaux et même, petit détail, mais ô combien important ces temps-ci, acheter pour le bureau du savon pour les mains d’une entreprise qui produit le savon à Montréal, St-Eustache ou Baie-Comeau!
Maintenant que nous avons prouvé que nous pouvons, très rapidement, modifier nos habitudes de consommation en temps de crise, il est temps que nos bottines suivent nos babines pour les prochaines semaines, mois, années qui seront déterminants pour l’avenir économique du Québec.
Étonnamment, lorsque l’on parle d’économie, beaucoup semblent ne pas se sentir interpellé. Pourtant, un peu comme la chaîne alimentaire, la «chaîne économique» du Québec implique les 8 millions d’entre nous. C’est donc à chacun que revient la responsabilité de tout faire afin de ne pas briser la chaîne.