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Nous vivons toute une semaine à la bourse jusqu'à maintenant. La volatilité bat son plein. Les investisseurs sont nerveux, et se réfugient soit dans l'or, soit dans les bons du trésor américain. Depuis le moment où nous avons écrit notre dernier blogue, le rendement sur les bons de 10 ans s'est effondré de 2,5% à 2,14%. Nous constatons donc que depuis la décote des États-Unis, les investisseurs sont friands de la dette américaine! On dirait bien qu'elles sont plus attrayantes avec la cote AA+ qu'avec la cote AAA.
Pendant ce temps, on délaisse les titres boursiers à une vitesse si élevée que les prix plongent, sans donner aucune indication de revirement. Comme dans toute bonne correction boursière, certains gestionnaires ressortent du lot pour l'avoir prédite. Un gestionnaire de New-York est actuellement acclamé pour sa prédiction. On dit de lui qu'il était ridiculisé en juin, mais qu'aujourd'hui il est un génie. Que pense-t-il maintenant du marché? Alors que les titres ont fortement chuté, il estime que les risques sont trop élevés en ce moment pour investir dans les actions. Une banque européenne pourrait faire faillite. Les politiciens américains pourraient s'avérer inefficaces à Washington. Et notre argument favori : un tremblement de terre pourrait survenir à Los Angeles, et causer autant de dégâts que celui du Japon. Pourquoi prendre autant de risques?
Un bon investisseur doit jauger à quel prix un titre devient intéressant, et éviter de prédire son ''creux''. Beaucoup de subjectivité est requise dans ce processus. Cependant, pour réussir à la bourse, on doit bien évaluer notre coût d'opportunité. Prenons un exemple bien simple avec le titre American Express. Un investisseur peut estimer qu'à 43$, soit 11 fois les profits, il s'agit d'une belle opportunité. Un autre investisseur qui use d'un excès de prudence pourrait exiger qu'il soit à 20$ avant de l'acquérir. Certes, si ce dernier jouit de la possibilité d'acheter le titre à un si bas prix, il devrait normalement engendrer de meilleurs rendements que le premier investisseur qui a sauté sur l'occasion à un prix beaucoup plus élevé.
Cependant, l'investisseur trop prudent risque de ne jamais obtenir le prix convoité, pendant que le premier accumule des profits à long terme. Il s'agit ici du coût d'opportunité. Lorsqu'un titre s'effondre et que vous détenez des liquidités, vous pouvez l'acquérir maintenant, ou espérer qu'il chute davantage. Si vous êtes trop exigeant, vous risquez de ne jamais faire de profits. Mais que dire des investisseurs qui évitent les corrections, et qui nagent dans les liquidités lorsque les marchés atteignent des creux? Réussissent-ils mieux que les autres?
Hélas! Dans la majorité des cas, les corrections sont accompagnées de mauvaises nouvelles, que l'on pourrait qualifier parfois de ''prises de conscience'', comme dans le cas actuel. Soudainement, on perçoit des risques partout, et on se met à imaginer les pires scénarios possibles. L'appétit pour les actions disparait. Souvent, ces investisseurs trop prudents fixent leur attention sur les indices boursiers ainsi que sur les manchettes économiques. Les actions plongent et deviennent des aubaines, mais ce n'est jamais le bon moment pour investir puisque l'économie va trop mal.
À l'inverse, d'autres investisseurs manquent de discipline ou de patience et achètent sans chercher à obtenir des prix attrayants. C'est pourquoi on doit rechercher un équilibre entre les deux attitudes. Il faut s'acharner à acquérir des aubaines, sans toutefois sombrer dans l'excès, au point où on laisse passer de belles opportunités.
Dans une correction comme celle que nous avons récemment expérimentée, on peut facilement être témoin d'une perte temporaire de 20 ou même 30% après notre achat. Lorsque les titres s'effondrent de la sorte, les baisses sont violentes et sans discrimination. Un jour, on achète à très bon prix, et quelques jours plus tard, on a l'impression qu'on avait payé trop cher! Nous avons peut-être une explication à ce sujet, outre le fait que bien des investisseurs se réfugient dans l'or et les obligations.
Lorsqu'un titre amorce une chute progressive, beaucoup d'investisseurs le remarquent et le surveillent. Lorsqu'il atteint un prix intéressant, on déploie les liquidités pour l'acquérir. Les vendeurs qui se départissent des titres parce qu'ils craignent soudainement l'économie peuvent facilement écouler leurs avoirs puisque les acheteurs sont là. Mais il vient un temps où les liquidités sont épuisées. Lorsque les vendeurs paniquent et cherchent à vendre à tout prix dans un tel contexte, les prix chutent rapidement puisque les acheteurs se font plus rares.
Par conséquent, nous avons d'un côté les investisseurs trop prudents qui conservent leurs liquidités en espérant pouvoir acheter à prix d'aubaines lorsque les manchettes économiques seront bonnes, de l'autre côté on se retrouve avec des investisseurs qui ont déjà tout investi leur argent. Pas étonnant que la bourse devienne si volatile parfois.
Le problème est également exacerbé par le fait que ''TOUS'' les titres dégringolent à la fois. Par conséquent, il n'est plus possible de vendre le titre ''A'' qui est resté stable, afin de le remplacer par le titre ''B'' qui vient de chuter. Ce problème ajoute probablement de la volatilité dans les marchés, et peut expliquer pourquoi certains titres se mettent à fluctuer de façon gargantuesque, sans logique.
En conclusion, il arrivera parfois que des prix extraordinaires se présentent à la bourse, le plus souvent suite à une panique généralisée. Cependant, il arrivera également que vous n'ayez plus de liquidités à ce moment précis. Ce n'est pas grave! Tenter d'acheter au creux ultime vous amènerait à adopter une stratégie qui pourrait être perdante. En effet, le coût d'opportunité à long terme pourrait s'avérer trop élevé. L'essentiel consiste à acheter lorsque les probabilités sont nettement à votre avantage. On peut mesurer le risque et le rendement potentiel des titres, mais pas le comportement futur des investisseurs en panique!