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Face à l'augmentation constante de leur dette, les pays d'Europe réagissent en mettant en place des plans d'austérité qui s'avèrent fort peu populaires, mais nécessaires. Ils réagissent ainsi pour éviter la catastrophe. En effet, actuellement, ce sont les investisseurs (créanciers) et les agences de notation qui forcent ces pays à passer à l'action. Autrement, l'inaction perdurerait pendant des années. Du point de vue du gouvernement, on peut comprendre sa réticence à couper dans les services publics, car la population s'y oppose farouchement. Donc, s'il agit, c'est surtout par contrainte.
Cependant, toute coupe budgétaire produit un effet pervers à court terme : un certain ralentissement économique. Si les gouvernements tentent normalement de calmer un début de crise en augmentant les dépenses, on doit s'attendre à un résultat opposé lorsque ces mêmes dépenses diminuent! Et pour combler le vide laissé par les coupes budgétaires, on doit surtout miser sur les entreprises privées. Mais, que fait-on en Europe, et dans une moindre mesure, aux États-Unis?
On instaure une vague de nouvelles règles qui limitent la création d'emplois, afin de ''s'assurer'' de ne pas revivre le même cauchemar des années 2008-2009. Pendant qu'un incendie ravage la maison, on demeure à l'intérieur pour dresser des nouvelles consignes afin de prévenir le ''prochain'' incendie. Ainsi, on force les banques européennes à augmenter leurs réserves alors qu'elles n'arrivent pas à se débarrasser des mauvais prêts et des obligations d'état qui grèvent leurs bilans. En ce qui concerne les compagnies d'assurance européennes, elles devront respecter de nouvelles normes d'ici le 30 juin prochain. Elles doivent donc fonctionner en mode de survie, et penser à congédier le plus de gens possible plutôt que d'embaucher et de contribuer à la reprise économique.
Pourquoi les autorités agissent-elles ainsi si ces mesures aggravent la situation? Nous croyons que les motifs politiques l'emportent sur les remèdes nécessaires. Les gens ont été échaudés par la crise et cherchent des coupables. Les gouvernements leur fournissent des têtes à couper afin de calmer leur colère. L'économie n'en retire aucun bénéfice, bien au contraire, mais on gagne la faveur du public de cette façon. Et pour justifier leurs actions, les autorités argumentent à l'effet qu'elles cherchent à éviter qu'une crise semblable ne se reproduise. Mais, est-ce logique de penser qu'il existe un tel risque?
Nous pensons que les probabilités qu'une crise de la même nature survienne à court ou moyen terme s'avèrent extrêmement faibles. Celle à laquelle nous avons assisté fut très dommageable, car presque tout le monde y a participé : les entreprises (prêteurs et emprunteurs), les consommateurs (emprunteurs), les investisseurs (prêteurs) et les gouvernements. Ces derniers ont fortement contribué à la crise par le biais d'institutions paragouvernementales qui encourageaient ou forçaient les banques à prêter à des personnes qui n'étaient pas solvables.
Chaque bulle comporte des caractéristiques similaires. Elles durent longtemps et prennent des proportions gigantesques. L'endettement des ménages aux États-Unis avait commencé il y avait fort longtemps. Plus la création de la bulle perdure, plus les conséquences sont néfastes. Néanmoins, les gens enregistrent la douleur et se souviennent pendant longtemps. Les investisseurs qui avaient participé à la bulle technologique qui éclata en l'an 2000 ne sont pas prêts de se faire prendre une deuxième fois dans le même piège. Certes, ils peuvent devenir victime d'une autre bulle, mais elle revêtira une autre forme. Par exemple, les bons du trésor américains à long terme constituent probablement une bulle en soi, qui diffère très certainement de la crise financière de 2008-2009. Il y a fort à parier que plusieurs investisseurs ayant subi des pertes lors de la crise deviendront également victimes d'une montée sévère des taux d'intérêts, le cas échéant.
Heureusement, aux États-Unis, la culture entrepreneuriale demeure encore bien présente et contribue significativement à la reprise. Quant à l'Europe, les coupes budgétaires s'avèrent effectivement une bonne idée, mais il est primordial de stimuler l'activité économique pour compenser. À notre avis, s'acharner sur les institutions financières ne fera qu'envenimer la situation.
Qu'en pensez-vous?