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Si vous aviez la chance d'obtenir un petit profit sur chaque achat auquel les gens s'adonnent, ne serait-ce pas merveilleux? Un achat du titre MasterCard, par opposition à un achat avec la carte du même nom, donne droit à un tel profit. Alors que le taux de chômage demeure élevé et que le monde entier doit composer avec des estimés de croissance de plus en plus pessimistes, MasterCard affiche une croissance étonnante. Pourtant, il ne s'agit pas d'une nouvelle technologie. Les cartes de crédit et de débit existent déjà depuis un bon moment.
Selon MasterCard, 85% de toutes les transactions mondiales sont encore exécutées en chèques ou en argent liquide. Voilà pourquoi il existe encore beaucoup de potentiel pour les sociétés qui offrent aux consommateurs et aux entreprises de passer à l'ère des paiements électroniques. Qui plus est, une importante partie de sa croissance provient de l'étranger. Bien que MasterCard détienne son siège social dans l'état de New-York, 62% de ses revenus sont engendrés à l'extérieur des États-Unis. Cette statistique revêt beaucoup d'importance pour un investisseur canadien. Comme nous le savons, le dollar américain gruge nos rendements lorsque qu'il s'effondre vis-à-vis notre monnaie. Or, comme la majorité des revenus de MasterCard sont produits ailleurs qu'en sol américain, nous bénéficions d'une certaine protection contre l'affaissement de la devise. En effet, si les monnaies étrangères s'apprécient, les revenus de la société sont augmentés d'autant puisque que ceux-ci sont convertis en dollars américains.
Beaucoup de revenus à l'étranger signifie également que l'entreprise est moins affectée par l'humeur de Washington. Rappelons-nous que l'amendement de la loi Durbin prévoyait tronquer significativement les frais pouvant être prélevés sur les cartes de débit. Les marchands ayant gagné leur bataille, on pouvait s'attendre à ce que les sociétés de carte de crédit soient affectées. Heureusement pour MasterCard, un faible pourcentage de ses ventes était relié aux cartes de débit. Qui plus est, à l'instar de Visa, la majorité des frais de transactions sont versés à l'institution bancaire qui prend en charge le compte du client. Par conséquent, les institutions financières sont frappées directement, alors que Visa et MasterCard risquent seulement d'avoir à renégocier leur entente avec les institutions.
En tant que société financière, MasterCard n'est-il pas un titre risqué? Beaucoup de gens pensent que MasterCard ou Visa prêtent de l'argent aux consommateurs. En réalité, les clients s'avèrent les institutions financières avec qui elles s'associent. Vous remarquerez sur les cartes de crédit qu'un nom autre que ''MasterCard'' ou ''Visa'' apparaît. Par exemple, pour la carte Choix du Président MasterCard, la société prêteuse est Loblaw, à travers sa banque Choix du Président. MasterCard ne fait qu'assurer l'intégrité du système de paiements entre les parties, et permet à l'institution de participer à son réseau. Par conséquent, MasterCard n'assume aucun risque de crédit.
Autre fait intéressant concernant la société : elle procure une certaine forme de protection contre l'inflation. En effet, si le prix des biens grimpe, les volumes d'achat sur les cartes de crédit devraient normalement augmenter en tandem. Cela contraste beaucoup avec d'autres financières comme les banques, dans lesquelles la valeur de leurs investissements en obligations pourrait s'effondrer en cas d'inflation. Lorsque les taux d'intérêts augmentent, les obligations à coupons fixes perdent temporairement de la valeur, ce qui pourrait constituer un risque non négligeable pour biens des institutions dont une part significative des actifs est investie dans ce type de véhicule financier.
Les récents résultats se sont avérés particulièrement bons. Au dernier trimestre, les profits de MasterCard ont crû de 38%, alors que les revenus quant à eux ont grimpé de 27%. Les marges d'opérations s'élèvent à 55%, et le bilan comporte 4,4G$ en liquidités et instruments financiers liquides. La société engendre maintenant davantage de liquidités qu'auparavant, alors qu'elle a terminé de payer la somme annuelle de 600M$ à American Express, concernant un litige passé.
Cependant, on ne doit pas s'attendre à des résultats aussi spectaculaires à chaque trimestre. Qui plus est, l'évaluation du titre s'avère beaucoup moins intéressante qu'avant. En septembre de l'an passé, nous avons pu acquérir des actions à 192$, ce qui se traduisait par un ratio cours-bénéfice d'environ 10 fois pour une croissance prévue de 20%. En étudiant davantage l'entreprise, nous avons pu apprécier de plus en plus ses caractéristiques, et nous avons poursuivi les achats lorsque les résultats trimestriels étaient annoncés jusqu'à un prix de 260$. Aujourd'hui, à 360$, si l'on prévoit toujours une croissance similaire, le ratio surpasse les 13 fois. Si les profits devaient croître de seulement 10%, ca ratio atteindrait 14,5 fois. Par conséquent, la marge de sécurité sur le titre s'est amenuisée au cours des 12 derniers mois, alors que le prix de l'action a grimpé plus rapidement que les profits par action.
Pour conclure, il existe des sociétés aux États-Unis qui demeurent prospères malgré les nombreux déboires européens, le taux de chômage élevé, l'humeur pessimiste des consommateurs, la dette nationale grandissante, etc. En tant qu'investisseur, si on ne fait pas fi de ces mauvaises nouvelles, on reste paralysé et on laisse parfois passer de belles opportunités.