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Lors de nos recherches d'aubaines en bourse, il nous arrive fréquemment de croiser des titres de transport maritime. Ce secteur nous intéresse peu en général, car les compagnies qui en font partie ne possèdent point les attributs que nous recherchons. Leur bilan regorge souvent de dettes, et leurs revenus sont sujets à de fortes fluctuations au gré de l'économie mondiale.
Néanmoins, l'évaluation de certaines d'entre elles nous laisse songeurs. La valeur boursière comparée à la valeur au livre suggère une catastrophe imminente pour quelques-uns de ces titres :
Excel Martitime Carriers (EXM)
Genco Shipping (GNK)
Eagle Bulk Shipping (EGLE)
Paragon Shipping (PRGN)
Ces titres se transigent bien en-deçà de leur valeur au livre. Excel Maritime, par exemple, peut être acquis à une valeur inférieure à 1/5 de sa valeur comptable. Lors des dix dernières années, on devait à un certain point payer jusqu'à 4 fois la valeur au livre. Bien sûr, c'était à l'époque où l'économie mondiale battait son plein. Excel Maritime détient une dette totale de 1,1G$, contre une équité de 1,8G$. Un tel niveau de dette ne constitue pas un drame, particulièrement en comparaison avec celui de Genco Shipping ou Eagle Bulk. Cependant, la simple détention de cargos forme en soi une dette. Excel possède des cargos dont le coût s'élève à 2,7G$ au bilan. L'amortissement et la maintenance engendrent des coûts qui s'apparentent aux intérêts sur une dette. La plupart des entreprises qui exigent d'importants investissements en capitaux sur une base régulière revêtent cet important inconvénient. Warren Buffett avait déclaré que son achat de Burlington Northern Santa Fe se justifiait par la rareté des opportunités, et non pas par le caractère exceptionnel des attributs d'un tel investissement. Berkshire détient et engendre beaucoup d'argent comparativement aux possibilités de l'investir. Burlington s'avère une société fort profitable malgré tout, et ses revenus semblent nettement plus stables que ceux des sociétés maritimes. Qui plus est, cette compagnie de transport par rails bénéficie maintenant de l'avantage de faire partie d'une grande société qui peut lui apporter toutes les ressources financières nécessaires, le cas échéant.
Il en est tout autrement pour les sociétés de transport maritime, qui misent trop souvent sur les émissions d'actions pour se renflouer. Qui plus est, cette industrie doit composer avec une capacité toujours plus grande, puisque d'autres cargos seront délivrés sous peu. Ajoutons à cela le facteur de la Chine, qui contribue grandement au transport des matières premières. Si celle-ci ralentit comme certains indices semblent l'indiquer, les revenus de transport diminueront de façon significative et mettront en évidence les taux d'endettement et les importants frais de maintenance des cargos. L'auteur de l'article suivant dépeint un portrait pessimiste de la situation.
Si un investisseur souhaite investir dans l'une de ces compagnies sans assumer trop de risques, il peut sélectionner celles dont le bilan est supérieur, comme Diana Shipping (DSX) ou Nordic American Tanker (NAT). En cas de catastrophe dans cette industrie, les sociétés les plus solides survivront, et les autres disparaîtront ou vendront leurs actifs à rabais. Des opportunités intéressantes pourraient être créées. En conclusion, investir dans ce secteur est définitivement à éviter pour les investisseurs nerveux.
P.S.: Nous avons déjà discuté de Nordic American Tanker (NAT) dans un blogue précédent (voir blogue), concernant la façon dont est rémunéré son président.