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Avez-vous déjà entendu dire que l'immobilier constituait une valeur plus sûre que les actions? Après plus de dix années de mauvaises performances boursières sur les principales bourses du monde, une telle conclusion trouve preneur chez les épargnants canadiens. Pourtant, la bourse constitue un marché permettant l'échange de titres, et non un investissement en soi. Pour mieux comprendre la différence, référons-nous au titre BEK.B sur la bourse de Toronto. Si cette société était détenue par un individu, ce dernier pourrait affirmer : ''Je détiens des dizaines d'établissements servant de dépanneurs. Mon principal locataire est la société Alimentation Couche-Tard. Je sens que je possède des actifs sécuritaires, car j'ai de bons locataires, et qu'il s'agit d'immobilier que je détiens à travers ma société de gestion''
Si cette même société de gestion était lancée à la bourse, comme c'est déjà le cas présentement, notre individu pourrait changer soudainement de discours en disant : ''Je n'ai plus d'immobilier, mais bien un titre en bourse. Je n'ai pas le contrôle sur le prix. Je pourrais tout perdre!'' Il s'agit pourtant de la même compagnie avec les mêmes actifs, mais à travers un marché de négociation.
Nous assistons ici à un problème de perception fort répandu. Le 6 mai 2010, la bourse américaine s'effondra en quelques instants. Il s'agissait du fameux ''flash crash'', dans lequel l'indice Dow Jones perdit 1000 points en quelques minutes. Certains titres, même s'ils étaient réputés pour leur solidité, ont fondu en un éclair. Certaines personnes ont réalisé à quel point la volatilité peut être élevée dans les marchés boursiers, à un point tel qu'on croit qu'il est possible de tout perdre simplement suite à la défaillance d'un système de cotation.
Un lecteur nous a fait parvenir un lien fort intéressant à ce sujet. On y discute entre autres de la société Procter & Gamble, dont le titre connut une spectaculaire descente sur une courte durée. À la quatorzième minute, on dit ceci :
''Ce jour-là, 127 000 salariés du géant industriel Procter & Gamble auraient pu se retrouver sur le carreau. (...) En quelques minutes, l'action de Procter & Gamble perd la moitié de sa valeur. Concrètement, les conséquences? Si cela avait continué plus longtemps, la multinationale aurait pu se retrouver à genoux. On aurait peut-être vu des usines fermer, sans aucunes raisons valables.''
Voilà un mythe qui a de quoi apeurer les investisseurs! On associe la valeur d'un titre à la performance financière de la société sous-jacente. Or, il n'existe aucun lien entre les deux. En fait, un effondrement du titre peut constituer un avantage pour les actionnaires qui ne cèdent pas à la panique. Comment est-ce possible?
La société dégage des flux de trésorerie lui permettant de racheter des actions. Si Procter & Gamble se transigeait à un prix ridicule, les dirigeants pourraient procéder à un rachat des actions à des prix qui enrichiraient considérablement les actionnaires. Par conséquent, si on investit dans des sociétés qui ne souffrent pas d'un besoin constant de financement, on peut tirer profit de la volatilité.
Dans la vidéo, on va même jusqu'à affirmer que l'entreprise aurait pu avoir à fermer des usines si son titre s'était mal comporté pendant assez longtemps. Ce n'est pas parce qu'un titre s'effondre que la demande pour les produits de la société disparait. En fait, la cause et la conséquence doivent être inversées. La demande pour les produits affecte indirectement le prix d'un titre. Si les profits continuent d'être engendrés, les actionnaires n'ont pas à s'inquiéter. C'est pourquoi l'on doit développer le réflexe opposé. On doit devenir gourmand lorsque les autres paniquent. Cet extrait de CNBC survient durant le fameux crash. L'un des commentateurs, Jim Cramer, semble stupéfait par la chute du titre Procter & Gamble, et affirme qu'il faut l'acheter!