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Investir à la bourse peut s'éxecuter de plusieurs façons. Toutefois, nous nous concentrerons ici uniquement sur l'analyse fondamentale, pour laquelle les facteurs justifiant la détention d'un titre reposent sur la société sous-jacente. Ces facteurs réfèrent aux profits, la rentabilité, la qualité du bilan, l'efficacité de la direction, etc.
On peut acquérir un titre parce qu'il se transige à fort escompte par rapport à la valeur de l'entreprise. Par exemple, la société d'assurance "Assurant'' (AIZ-N) se transigeait à 34$ en automne dernier. Pour évaluer un assureur, on utilisera souvent la valeur au livre, tout comme pour bien d'autres financières. Celle-ci s'élevait à 54$, ce qui se traduisait par un escompte de 37%. Comme nous avions évalué que cette entreprise pouvait facilement se transiger à un prix supérieur à sa valeur au livre, nous espérions un rendement d'au moins 60%.
Aujourd'hui, le titre se transige à 53$, soit tout près du prix cible. Or, la société dégage des rendements satisfaisants à long terme. On peut le constater par l'appréciation de sa valeur au livre sur une décennie. Celle-ci a progressé d'environ 11% par année. Donc, un investisseur qui s'attendrait à ce que la société reproduise un rendement similaire dans le futur pourrait espérer un rendement similaire à long terme. Pourquoi alors vendre le titre?
Certains investisseurs vendront un titre simplement parce qu'ils estiment qu'ils ont engendré assez de gain. Ce raisonnement est dépourvu de toute rationnalité, et on le désigne par le piège de l'ancrage. Nous en discutons dans ce blogue (cliquer ici). Une vente rationnelle pourrait reposer sur la prémisse qu'on peut battre facilement une moyenne de 11% par an en remplaçant le titre par un autre offrant un escompte élevé.
Malgré l'appréciation à long terme de la valeur de l'entreprise, les personnes qui avaient acquis le titre en 2004 bénéficiaient d'un rendement d'à peine 6% ou 7% par an au moment où nous faisions l'acquisition du titre. Autrement dit, en achetant cette action à escompte, on pouvait tirer profit du ''rattrapage'' qui eut lieu lors des douze derniers mois. C'est ce fameux ''rattrapage'' qui nous intéresse tant, car le rendement qu'il procure surpasse largement l'appréciation à long terme de la valeur de l'entreprise sur la même période de temps.
Malgré le rendement supérieur, il ne faudrait pas conclure qu'il s'agit nécessairement de la meilleure stratégie pour tous les investisseurs. En étudiant et suivant la société pendant un certain temps, les connaissances se sont accumulées et sont maintenant acquises. Lorsque nous conservons un titre qui nous est bien familier, nous n'avons pas à refaire tout le travail de la recherche initiale.
Par conséquent, conserver les mêmes titres très longtemps s'avère logique lorsque l'on dispose de moins de temps à consacrer à la bourse. Trouver constamment des nouvelles aubaines constitue un travail certes intéressant, mais très exigeant. Donc, la recherche d'escomptes dépendra surtout du temps que l'on est prêt à investir. Nous ne possédons pas de données précises sur le sujet, mais nous ne serions pas surpris si nous découvrions que cette recherche nécessitait quatre fois plus de temps. Bien entendu, la comparaison devrait s'appliquer à des portefeuilles comportant le même nombre de titres.
Un autre élément peut influencer la décision de l'investisseur : il s'agit des impôts pour les comptes non enregistrés. Conserver un titre à long terme procure l'avantage de reporter l'impôt sur une longue période. Donc, si l'on vend plus fréquemment, on doit s'assurer que le jeu en vaut la chandelle en misant sur des rendements nettement plus élevés. Quant aux commissions chargées par les courtiers, leurs coûts sont rendus tellement bas que ce critère devient de plus en plus négligeable dans bien des cas.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com