Difficile d’économiser? Ce sera particulièrement le cas si vous avez une perspective à court terme. Si vous effectuez vos calculs sur plusieurs années, vous réaliserez plus aisément les bénéfices d’un montant épargné, si petit soit-il.
Cumuler des économies pour le futur comporte un aspect très personnel et émotionnel: la question qui revient constamment demeure la même. Vaut-il mieux dépenser maintenant et jouir de cette dépense, ou serait-il sage d’investir afin d’avoir plus dans l’avenir?
En adoptant une certaine façon de visualiser les économies peut amener une grande motivation pour maintenir la discipline nécessaire. Admettons que vous espérez un rendement à long terme de 12% en Bourse. Vous rêvez d’une nouvelle cuisine et celle-ci coûterait environ 20000$. Si ce même montant est investi pendant dix ans, il vaudra 62000$, ou encore, environ 50000$ en dollars réels si l’on incorpore un taux d’inflation oscillant entre 2% et 3%.
Est-ce qu’une cuisine de 50000$ s’avère raisonnable? C’est la question qu’il faut se poser. Toutefois, attendre 10 ans revient à disposer de 30000$ en épargne, en plus d’avoir enfin sa cuisine. Vous vous dites peut-être que 10 ans, c’est bien long! Or, à 12% de rendement, si vous patientez 7 ans, la cuisine devient gratuite (si l'inflation est d'environ 2%). Que préféreriez-vous si vous aviez le choix? Payer 20000$ pour l’obtenir maintenant ou attendre 7 ans et l’avoir gratuitement?
L’autre façon d’aborder le problème, c’est de visualiser le passage du temps comme étant un facteur de réduction des dépenses. Si vous pensiez débourser 20000$ maintenant pour cette cuisine, attendre un an fera en sorte que le coût sera abaissé à 17600$. En effet, les 2400$ de profits engendrés par les 12% de rendement viendront réduire votre facture finale. Cet exemple s’avère simpliste puisqu’il est difficile de prévoir la Bourse à court terme.
Or, l’idée demeure la même: plus on attend, plus c’est avantageux. Donc, même remettre d’un an ou deux peut constituer une sage décision, surtout si vous pouvez décider d’emblée le moment de la dépense. Ainsi, vous pourriez profiter d’une belle hausse en Bourse pour vous récompenser, alors que dans le cas contraire, vous patienteriez. En outre, vous avez peut-être parfois des envies soudaines d’acquérir un bien. En laissant un peu le temps passer, vous pourriez changer d’avis et opter pour conserver l’argent.
Comment aborder les augmentations de salairesQuand vient le temps de calculer la rentabilité d’une augmentation de salaire, considérez la hausse possible de l’épargne plutôt que celle du salaire. Par exemple, un individu gagnant 60000$ et qui voit sa rémunération passer à 65000$ affichera probablement le sourire. Toutefois, le bond de 8,3% n’est rien pour en mettre plein la vue.
Regardons cette majoration d’un œil différent. Si cette personne économisait 5000$ par an, elle disposerait maintenant de la possibilité d’épargner le double, soit 10000$ par an. En investissant cet argent dans un régime enregistré, à l’abri de l’impôt, elle bénéficierait d’un pouvoir d’épargne deux fois plus élevé. Celle-ci n’a pas à changer son mode de vie pour y arriver. Il suffit de mettre le surplus de côté.
Donc, une hausse de 8,3% peut se transformer en une augmentation de 100%. Tout dépend de ce que l’on fait et de la perspective adoptée.
Malheureusement, le budget sera souvent limité en fonction du salaire total gagné, et non en fonction de la discipline que l’on s’impose. Il s’avère très tentant de hausser le niveau de vie dès que l’occasion se présente. Comme Robert Kiyosaki, auteur du livre ‘«Père riche, père pauvre» le recommande: payez-vous en premier!
Mettez d’abord de côté ce que vous souhaitez économiser, et tenter de boucler votre budget avec le reste, comme s’il s’agissait de votre salaire réel. La technique inverse, beaucoup plus populaire, ne fonctionne que très rarement. Vous obtiendrez peu de succès en dépensant d’abord intuitivement, et en économisant uniquement ce qui n’est pas utilisé!
Sur ce, nous prenons une pause cet été. Nous reprendrons le blogue en septembre. En attendant, nous vous souhaitons une période estivale des plus agréables, ainsi que de bonnes vacances si elles ne sont pas déjà terminées!
Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com