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Lorsqu'un personnage politique fait une déclaration, il peut s'avérer fort facile pour un journaliste de déformer ses propos en ne citant qu'une partie de son message. Les idées qui sont exprimées doivent normalement être placées dans leur contexte, afin d'éviter d'induire les gens en erreur.
C'est aussi vrai lorsque les politiciens eux-mêmes empruntent certaines idées d'un éminent économiste, lorsqu'ils les évoquent sans tenir compte de leur contexte. On tente de justifier les énormes déficits par de multiples moyens. Depuis quelques temps, on cite régulièrement le célèbre économiste John Maynard Keynes. Celui-ci prôna l'intervention du gouvernement afin de corriger les déséquilibres créés par les crises. Lorsqu'une récession sévit, on doit éviter de couper dans les dépenses. Donc, le gouvernement compense la faiblesse de l'économie en stimulant l'activité économique. Les programmes d'austérité entrepris par les gouvernements européens produisent un effet fort indésirable : ils accentuent le déclin de l'économie et augmentent les déficits. La hausse de ces derniers est causée par la baisse des revenus provenant des impôts et des taxes. Jusqu'ici, on peut facilement comprendre cette logique. Si un gouvernement cesse de dépenser, une chute des revenus de l'état s'avère inévitable si le secteur privé ne compense point pour l'activité économique ainsi perdue.
La théorie de M. Keynes contraste avec ceux qui favorisent plutôt le libre-marché. Cependant, les humains affichent des comportements de masse parfois dangereux, en exagérant les tendances dans un sens comme de l'autre. Nous croyons nous aussi qu'une certaine intervention politique s'avère nécessaire pour faire contrepoids.
Un gestionnaire de portefeuille de Noster Capital a mentionné en entrevue à CNBC qu'il était fatigué d'entendre Obama et son secrétaire Geithner évoquer les convictions de M. Keynes pour justifier les importants déficits. Il s'estime choqué par l'utilisation ''partielle'' de son message. En effet, l'éminent économiste recommande bien de dépenser en temps de récession, mais aussi ''d'économiser'' en temps normal! Si les déficits sont permis, les surplus doivent également faire partie du plan! Oups...voilà un petit détail qui ne figure pas dans les discours présidentiels.
En réalité, les politiciens aiment bien sélectionner les éléments qui abondent dans le sens de leurs agissements. Il nous est difficile d'entrevoir des surplus chez le gouvernement américain lorsque l'on considère les mesures budgétaires qui sont entreprises ces dernières années. Il y a fort à parier que si le déficit se rétrécit, on ne manquera point d'idées pour trouver de nouvelles façons de l'agrandir à nouveau. On ne manque pas de rétorquer qu'il existe des besoins criants à combler. Mais, sur les cent dernières années, avons-nous déjà connu une seule année où chaque besoin de chaque citoyen était comblé? Il est impératif d'établir des limites!
Une autre raison semble justifier l'actuel niveau insensé des dépenses. Il s'agit du fait que l'on pense que ce que nous vivons en ce moment, c'est temporaire. Il nous apparaît évident que bien des politiciens s'attendent, ou incitent la population à s'attendre à ce qu'un grand rebond de l'économie survienne comme par magie. Nous avons vécu au-dessus de nos moyens pendant très longtemps. Il s'avère tout simplement impossible que l'on puisse retrouver nos vieilles habitudes d'ici les 30 ou 50 prochaines années! Si on ne peut éponger le déficit avec les ressources actuelles, il sera très difficile de couper les dépenses dans le futur alors que les besoins en santé ne cessent de croître. Par conséquent, nous pensons que même John Maynard Keynes, s'il était encore vivant aujourd'hui, n'approuverait pas le niveau de déficit actuel!